2016-2017 : L'Année de stage ou la course folle après le temps.
J'ai reçu ma première affectation. Je suis stagiaire dans un collège de Biot. Ravie, je me lance à corps perdu dans la préparation de mes premières séquences sans vraiment connaître la marche à suivre. À la rentrée, j'aurai deux classes de 4ème.
Je me souviens encore de cette première salle de classe. Il y faisait si chaud. J'ai récupéré mes élèves le lundi 05 septembre 2016 pour la première fois. Je tremblais comme une feuille. J'avais peur. Peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à faire cours, de ne pas parvenir à être une « bonne prof' ». Et comment fait-on si ça ne fonctionne pas ?Le début d'année a été difficile. Rythmé entre les préparations de cours interminables parce qu'on ne sait pas encore faire, les premières copies à corriger, l'ESPE, les dossiers à rendre, le mémoire professionnel à rédiger.
Et puis, malgré la fatigue et les maux de tête, les nerfs à vifs, les émotions à fleur de peau, j'ai appris à connaître mes élèves, leurs forces et leurs faiblesses. On a traversé cette année, ensemble.
Je me souviens de N. et de sa boîte de chocolats, de M. et de sa maturité hors du commun, de L. qui avait peur que je l'oublie, avec le temps. Si elle lisait cette publication, elle verrait que jamais je ne l'ai oubliée. Elle avait un regard si triste et si joyeux à la fois, qu'il a encore une petite place dans ma tête, six rentrées plus tard. Je me souviens des premiers p'tits mots écrits sur le tableau ; des cœurs à l'encre rouge, sur le coin des feuilles ; des bonhommes ratés, des recommandations d'élèves : « ne comptez pas les fautes d'orthographe, s'il vous plaît, Madame » ; de la fin de l'année.
Je me souviens du jour de mon inspection pour la titularisation, aussi. M. m'a demandé, devant l'inspectrice, si j'avais eu « une bonne note ». L'inspectrice a ri. Moi aussi. Gênée mais touchée.En vérité, j'esquisse un sourire en rédigeant ces lignes. Ils auront été mes premiers élèves et le resteront pour toujours. Ils ont cette place particulière parce que ce sont eux, finalement, qui ont cru en moi. Plus que moi, parfois. Alors, cette année là, j'ai bâti un édifice, où plutôt ses fondations et surtout, surtout, j'ai, peu à peu, construit « mon costume de prof ». Celui que j'allais porter, à chaque rentrée.