Les ruines

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« Cul sec ! Cul sec ! Cul sec ! » C'est bien la seule phrase dont je me souviens hier...Et peut être aussi la gueule du mec qui somnolait sur le sol au bord de la piscine. La lumière de la pièce dans laquelle je me trouve actuellement me donne un mal de crâne pas possible, mon téléphone affiche 10:30. La porte de ma chambre s'ouvre brusquement sur ma mère, elle me regarde longuement en dévisageant ma tête comme si je ressemblais a une folle. En regardant le reflet dans mon téléphone je soupire en constatant qu'effectivement je ressemble a une folle... J'ai du mascara qui a coulé pendant la nuit surement à cause des frottements sur mon oreiller, mes cheveux châtains sont en bataille et mes cernes alerteraient n'importe qui sur mon niveau de fatigue.

- Normalement tu devais être levée pour accueillir mon colis pendant que j'étais chez le coiffeur il y a une heure Sam, me rappelle ma mère.
- Bonjour a toi aussi maman.
Elle soupire et referme la porte avant de la rouvrir pour me regarder de nouveau.
- Ouvre tes volets et ta fenêtre, ça sent le renfermé la dedans.
J'acquiesce et me retourne dans mon lit en me remettant sous la couette pour qu'elle comprenne que j'ai encore besoin de temps pour bouger.

Je rouvre les yeux un peu plus tard et regarde de nouveau mon téléphone, il indique 12h30.
-Eh merde.
Je me frotte le visage puis avec un élan peu souple et difficile je sors de mon lit, lui aussi en bataille. Je descends un a un les escaliers en voyant que le lave vaisselle est entrain de tourner, un petit mot est collé sur le micro-onde « Je suis sortie faire les courses ». Je le décroche et le jette a la poubelle puis je prends mon téléphone pour envoyer un message a ma meilleure amie, Joana.

Moi - Toute seule a la baraque. Ramènes toi.

Je le range dans la poche arrière de mon pantalon de pyjama et je replace mon débardeur pour qu'il descende sur mon ventre. Je n'ai pas très faim alors je décide d'aller tout de suite prendre une douche et d'attendre Jo d'ici à ce qu'elle arrive. Elle habite le village à côté mais entre son village et Chelston, là ou j'habite, on peut compter plusieurs kilomètres. Heureusement qu'elle a le permis.

Après m'être douché j'enfile un sweat ainsi qu'un jean assez ample, trop grand pour moi mais je le resserre a la taille avec une ceinture ce qui fait qu'il tient bien sur mes hanches. La sonnette de la porte retentit et je cours pour aller ouvrir, je me suis fait un chignon à l'arrache et j'ai juste mis du mascara. Avant même que j'ai le temps de saluer mon amie elle me saute au cou, je suis contente de la voir après la soirée qu'on a passer hier on se devait de se raconter comment on avait finit, avec qui et dans quel état, les potins quoi.
- Sam ! Tu ne devineras jamais qui j'ai embrassé hier oh j'ai des papillons pleins le ventre !
- J'espère que ce n'est pas contagieux alors, je la regarde avec un semblant de dégoût et elle pointe son doigt dans la direction de mon canapé.
- Allons nous asseoir d'abord. Elle me tire par la main.

Une fois assise j'active une musique grâce a mon enceinte pour avoir quelque chose qui comblera le silence un peu puis elle commence a tout me raconter, comment elle a débuté la soirée à boire un peu puis a se trémousser sur la terrasse de son voisin, Carl Reyes, car la soirée se passait chez lui. Ensuite elle se lève devant moi pour l'imiter car c'est le mec qu'elle avait en vue et de quelle façon elle l'a abordé, pendant son explication je commence a me perdre dans mes pensées et je repense a la veille, personnellement je n'ai pas autant de chose a dire, hormis le fait que j'avais trop bu, que j'ai fini la fête allongée sur un transat près de leur piscine et que j'ai probablement vomis dans un buisson mais ça, personne ne le sait je crois. Quand je reviens a la réalité elle a déjà finit d'expliquer et elle me soutient le regard comme si elle attendait une réponse de ma part alors j'y vais au talent et je lui souris.
- Incroyable j'aurais aimé être a ta place !
Elle me fixe, incrédule, avant de me frapper la cuisse doucement avec un coussin du canapé.
-Avoue que tu a perdu le fil de la discussion au début de mon récit pétasse. Elle rit. Parce que je doute qu'avoir eu la diarrhée de ma vie chez le mec sur qui je suis en crush, ce soit quelque chose que les gens envient.
Je ris a mon tour puis j'avoue, elle me demande ensuite ce que moi j'ai fait hier et je hausse les épaules.
-Pas grand chose, j'ai visité un peu la maison et j'ai évité de parler aux gens trop défoncé surtout a la bande de potes de ton voisin, ils sont trop bizarres, ils craignent un peu tu trouves pas ? Je lui demande tout en prenant mon téléphone pour lui montrer quelque selfies que j'ai fait la veille.
- Oui je suis d'accord, attends t'as vu le moment ou Jimmy Lim a renversé son verre sur une fille qui n'avait rien demandé ? Je trouve ça horrible mais j'étais trop occupée a embrasser mon nouveau mec pour aller la défendre.
-Quoi vous êtes en couple ? Déjà ? Je m'étonne en haussant un sourcil approbateur.
Elle se tortille sur elle même en roulant une mèche brune sur son doigt.
-Non pas encore mais on s'entend super bien donc je pense que c'est pour bientôt.
-Ne te précipite pas trop Jo tu sais très bien que tu t'attaches super vite donc fais attention a toi.
Elle secoue la tête de haut en bas pour dire oui, et soudain on entend un camion se garer devant chez moi. On se regarde ne sachant qui cela peut bien être et, commères comme nous sommes, on se précipite à la fenêtre du salon qui donne sur la rue. C'est un camion de déménagement, deux hommes baraqués commencent a débarrasser des cartons et les emmènent dans la maison non occupée en face de la mienne.
-On dirait que tu vas avoir de nouveaux voisins Sam, me chuchote mon amie.
Je ne réponds rien et me contente de fixer la voiture qui vient se garer derrière le camion, une Twingo rouge, un jeune homme encapuchonné en sort ainsi qu'un homme plus âgé avec des cheveux poivre sel.
-Et ben dis donc cette année tu vas avoir de l'occupation pour absolument tout apprendre de cet étrange nouveau venu. Joana se gratte le nez et elle me pousse l'épaule légèrement pour m'embêter alors je la pousse en retour. Au même moment ma mère se gare sur notre parking devant le garage, avec les bras chargés de courses. Je me précipite pour lui ouvrir et l'aider. Joana me suit pour la saluer.
-Ce soir c'est ramens de nouilles je suis trop fatiguée pour faire à manger. Elle bougonne tout en déballant ce qu'elle a acheté dans le frigo. Et salut Joana.
Je ne dis rien puis je lui donne un coup de main, Joana continue de jeter des coups d'œils par la fenêtre pour observer nos nouveaux voisins.
-Tu as rendu visite à Lorie aujourd'hui maman ? Je demande.
Lorie est ma grande soeur de 25 ans, depuis des années elle enchaîne les hospitalisations, disons que sa santé mentale laisse à désirer, elle a déjà fait plusieurs tentatives de suicides. Quand j'étais plus jeune, elle s'était coupé la veine sous le poignet dans la salle de bain, elle n'avait pas fermé à clés et je l'avais découverte assise par terre dans une flaque de sang que j'avais contournée pour l'atteindre. Si je demande a ma mère si elle est allée lui rendre visite, c'est qu'elle est retournée en hospitalisation il y a quelque jours car elle a avalé une plaquette de médicaments et a du aller aux urgences après qu'on ai appelé les pompiers.
-Non. Je n'ai pas eu le temps et elle devait faire sa sieste parce qu'elle n'a pas répondu a mes messages. Tu pourrais y aller demain si tu veux mais préviens ta soeur avant. Elle me contourne pour ranger une boîte de conserve dans un placard.
Joana fait semblant de ne pas écouter notre conversation mais je sais qu'elle entend tout et retient tout, je la connais beaucoup trop bien mais cela ne me dérange pas, elle aussi, elle sait tout de moi et de ma vie alors je ne cherche pas a lui cacher quoi que ce soit. L'hôpital où est ma soeur se trouve a quelque pas du lycée, alors oui, j'irais sûrement demain si j'ai assez le moral pout affronter la vérité en face. A chaque fois que je regarde ma soeur dans les yeux, que je vois toutes ses cicatrices, je me sens tellement mal, je ne sais jamais quoi lui dire et je me sens toujours gênée assez vite. La dernière fois que je suis allée la voir le silence était pesant. Je ne suis pas au maximum non plus mentalement, alors j'ai du mal a avoir de l'attention pour elle. Si je n'arrive déjà pas beaucoup à m'occuper de moi même alors comment je pourrais faire pour aider ma soeur ?

Une lettre pour mon voisinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant