Chapitre 5

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AELINE

"Je n'y peux rien si je suis née parfaite."  ~ phrase prononcée à maintes reprises par Aeline

— Aeline, tu es une guerrière de l'Eau. Et tu viens d'un autre monde.

   J'éclatai de rire. Un rire douloureux et nerveux. Ils me faisaient une blague. J'avais grandi ici. Et puis une ''guerrière" ? Sérieusement ? Ils me prenaient pour une idiote ou quoi ?

— 'Line, je suis sérieux, reprit Grey, quelqu'un t'a caché à la naissance et tes parents sont certainement victimes d'une manipulation mémorielle.

— "sont" ?

— Je pensais que le passé était un peu prématuré...

— Merci, souris-je tristement

— J'en étais où ?

— Manipulation mémorielle, lui rappela Maëlle

— Ah oui, merci. Donc tes parents sont sûrement victimes d'une manipulation mémorielle. Nous avons été envoyé en mission ici à nos quatre ans, Maëlle, moi et nos famille proche pour que tu ne sois pas livrée à toi même si tes pouvoirs se manifestaient. On retourne de temps en temps à Alwira, pendant les vacances. Maëlle et moi sommes aussi des mages : elle de l'Esprit et moi de la Terre.

   Mon rire repartit de plus belle. Là, c'était clairement une blague. Nulle certe. Mais une blague quand même.

— Tu ne me crois pas, n'est-ce pas ?

Je ne pris même pas la peine de répondre.

— Tu veux des preuves ? me proposa mon ami

Je hochai la tête. Ils avaient l'air sérieux, mais je n'étais pas naïve à ce point.

— OK et z'est bartiiii...

   Il se leva et se dirigea vers les plantes au mur de ma chambre. Oh putain, il avait envie qu'elle marche sa foutue blague ! Grey leva la main et la terre du pot se mit à léviter. Il claqua des doigts et la terre forma des petits projectiles qu'il propulsa droit sur Maëlle, d'un mouvement de la main, en souriant de toutes ses dents.

— Grey ! le réprimanda-t-elle en se levant.

   Elle le fixa et Grey se mit subitement à se tordre de rire. Il se tapait sa meilleure barre, visiblement.

— Il a quoi ? demandai-je à Maëlle

— Je manipule son Esprit et je lui fais croire que tu as fais la meilleure blague du monde.

— Tu sais que j'ai beaucoup de mal à te croire ?

— Oui.

— Mais la démonstration de Grey était plutôt convaincante.

— Donc tu nous crois ?

— Je ne sais pas. Disons que je vous crois mais que j'attends plus de preuves.

   D'un côté les projectiles étaient assez impressionnants, d'un autre, ce n'était pas possible. C'était trop pour moi.

— Stop ! hurlai-je. Maëlle, arrête de faire rire Grey ou Grey, arrête de rire, je ne sais pas trop ! Vous vous rendez compte que ma famille vient de mourir et que vous me dites soudainement que j'ai des super-pouvoirs et que je viens d'un autre monde ? Mais vous êtes incroyablement stupides ou quoi ?

— Pardon, s'excusa mon meilleur ami, on sait que c'est beaucoup mais c'était indispensable de te le dire. On est désolés...

— Il faut qu'on organise le départ rapidement, déclara subitement Maëlle en allumant son téléphone.

   Bon, j'allais éviter de demander "Quel départ ?". Parce que ça avait l'air important. Et puis je n'avais aucune envie de rester ici alors que j'étais orpheline. Cette maison était désormais mon pire cauchemar.

— Je m'en occupe, toi tu lui fais le topo, ordonna le jeune homme.

— Tu me crois incapable de tout préparer ? s'énerva la blonde

— Absolument.

Ce gars était un imbécile.

— Je te fais la peau dès qu'on arrive au château, menaça-t-elle

— J'ai hâte de voir ça, rit Grey.

— Tout ça est dingue, soufflai-je à moi-même

— Je vais dans le salon pour tout préparer, ne t'étale pas sur des sujets futiles, blondinette.

— Grey, la blondinette va te fracasser contre un mur, si tu continues de l'appeler comme ça.

— Oh, la blondinette se fâche ?

— Dégage.

— Avec plaisir, dit le mec suicidaire qui me servait de meilleur ami.

   Il me regarda avec un sourire confiant avant de tourner les talons. Maëlle poussa un soupir exaspéré, secoua la tête puis se tourna vers moi, rayonnante.

— Ça va enfin être intéressant, fit-elle.

— Hein ?

— Avant de te faire un récit détaillé de... de tout en fait, je vais te dire le programme dans les grandes lignes.

— Ce qu'il va se passer ? Mes parents et mon frère sont morts, je ne sais comment et vous décidez que c'est le moment de me balancer un truc astronomique. Tu sais ce qu'il va se passer ? Il va se passer que je suis orpheline ! Ma famille est morte ! Je ne sais pas d'où je viens ni qui je suis ! Il va se passer que je vais appeler la police, que je vais aller à l'orphelinat, que je vais faire une dépression et que je vais commettre un génocide ! Je veux me réveiller et me rendre compte que ce n'est qu'un cauchemar !

   J'avais hurlé les derniers mots. Des larmes dévalaient mes joues et je les essuyai du revers de la manche. Maëlle me prit dans ses bras sans un mot. J'avais tout perdu. Sauf eux. Mes meilleurs amis. Ils étaient tout ce qu'il me restait. De lourds sanglots me secouaient et elle commença à me bercer doucement.

Rien ne dure éternellement [EN PAUSE]Where stories live. Discover now