Paige
— Oui, je le veux.
Cette phrase sonnait comme un énorme mensonge qui me coûtait ma liberté, mais en même temps, un mensonge qui était la
liberté. Tout dépend de la définition que vous attribuez à ce mot.
À cette époque, la liberté pour moi était synonyme de richesse, de dépense et d'abondance. Grâce à ce mariage avec William, je pourrais dépenser sans compter.
William Crawford. L'héritier d'une riche famille, dirigeant d'une société, plein aux as. C'était ce que je recherchais et par chance, je l'avais eu, lui. Hasard ou pas, il s'était trouvé au même
endroit que moi et au même moment ce soir-là : dans ce restaurant luxueux où m'avait invitée mon amie, Aria. Ma meilleure amie depuis toujours.
Elle et moi vivions dans le même quartier au Mexique. Mais deux ans plus tôt, elle avait décidé de s'installer aux États-Unis. Je ne pouvais pas en faire autant, je terminais mes études en langues tout en travaillant dans un café. Heureusement, une fois mes diplômes obtenus, j'ai dit adieu à la pauvreté dans laquelle je vivais
et Aria m'a énormément aidée lors de mon arrivée aux États-Unis. Elle n'était pas riche, mais sa vie était confortable ; elle avait épousé
son supérieur hiérarchique. Aimait-elle son mari ? Non, mais selon elle, il n'était pas mal au lit.
Pour en revenir à ma rencontre avec William, tout s'était joué en quelques secondes. En me levant pour me rendre aux toilettes des dames, il m'a bousculée et s'est immédiatement excusé. J'aurais pu passer outre, mais la Rolex à son poignet, son costume de marque sans le moindre pli et la robe chic que portait la femme âgée à ses côtés m'ont fait réaliser que ma vie devait changer, dès maintenant.
Il était brun avec une coiffure Harvard clip. Son teint blême faisait ressortir ses iris vertes de la mer qui se perdaient sur ma personne. Je me suis excusée et, en glissant délicatement une
mèche de cheveux derrière mon oreille, j'ai laissé tomber ma pochette. Il s'est empressé de s'incliner pour la ramasser. Je me suis
baissée à mon tour et face à lui, je l'ai fixé en frôlant sa main qui tenait mon sac. J'ai su, à cet instant, que je ne lui étais pas insensible ; sa façon de s'excuser, de fixer mes lèvres charnues rouges, parfaitement dessinées par un arc de cupidon, mes yeux hazel, mon décolleté. Tout était avec moi. J'ai souri et il m'a tendu ma pochette.
En se relevant, il a fait de même avec une carte de visite prise dans sa veste de costume.
— Si vous avez le moindre problème, n'hésitez pas à prendre rendez-vous. Ce serait un plaisir de vous revoir.
Je l'ai remercié et il est parti s'asseoir à la table où l'attendait son invitée.
Je suis allée aux toilettes et j'ai inspecté sa carte tout en effectuant des recherches sur Internet. Il y avait bon nombre d'informations : William Crawford, dirigeant d'une société familiale
depuis cinq générations.
En retournant dans le restaurant, j'ai tout expliqué à Aria : son nom, sa société... Comprenant parfaitement où cela pouvait me
mener, elle était aux anges pour moi. Durant le dîner, cet homme n'eut de cesse de me scruter par intermittence. En partant, je lui ai lancé un léger sourire ; je savais déjà ce qu'il me restait à faire.
Le lendemain, je me suis rendue à sa société : un building entier, grand et large, de sept étages. Un intérieur moderne et sérieux. Tout cela reflétait sa richesse.
À l'accueil, j'ai demandé à parler à William Crawford, expliquant à la secrétaire qu'il m'avait intimement donné sa carte de visite. Elle m'a demandé de patienter et a passé un coup de téléphone avant de personnellement m'accompagner au septième étage.
En quittant l'ascenseur, j'ai arrangé mes longs cheveux ondulés, couleur caramel, ainsi que ma robe moulante, décolletée et à manches, s'arrêtant à mes mollets. Par-dessus, je portais un manteau en laine blanc. Mes escarpins noirs claquaient à chacun de mes pas dans ce couloir moderne. La femme que je suivais a ouvert une porte et je suis entrée dans un large bureau dont les fenêtres panoramiques offraient une vue sur les bâtiments de l'autre côté et sur un ciel maussade de fin d'année.
— Tu peux partir, Brenda.
La secrétaire a refermé le battant, nous laissant ainsi seuls. Il s'est levé de son fauteuil de bureau.
— Je vous avoue que j'ignorais si vous alliez venir.
J'ai souri.
— J'ai hésité.
— Pourquoi ? Je vous ai pourtant dit de ne pas hésiter.
— Je ne voulais pas paraître facile. Mais hier soir, vous...
Je n'ai pas achevé ma phrase. Il a souri et a contourné son bureau pour s'approcher de moi.
— Voulez-vous vous asseoir ?
— Je suis simplement venue vous remercier pour votre amabilité hier soir. Je ne veux surtout pas vous déranger.
— Vous ne me dérangez pas le moins du monde. Mais si ce bureau est trop austère pour vous, accepteriez-vous que je vous invite dans la cafétéria de la société ? Ou...
Il a jeté un rapide regard à sa Rolex.
— Il est presque midi. Nous pourrions aller au restaurant. J'en connais un excellent pas très loin d'ici.
J'ai accepté la seconde option en lui indiquant que j'étais venue en taxi – ce qui était vrai. Il m'a dit de ne pas m'inquiéter et en descendant, après qu'il m'a demandé mon prénom, nous sommes
montés dans sa BMW. Une merveille tant au niveau du confort lorsque l'on est assis à l'intérieur que visuellement de l'extérieur.
Le restaurant était en effet excellent et luxueux, en plus d'être cher. William me questionnait sur ma vie, il avait soif d'en apprendre davantage, tandis que j'avais soif de goûter aux mets appétissants. Ses iris vertes ne me quittaient pas, les miens détaillaient le lieu et la carte.
Lorsque l'heure de retourner travailler est arrivée, il a réglé l'addition et m'a invité le jour suivant pour un dîner dans l'un des restaurants les plus prisés de la ville. J'ai joué la carte de celle qui était gênée, mais intéressée, avant d'accepter pour son plus grand bonheur.
De fil en aiguille, de sourire en sourire, les choses se sont poursuivies. Il m'invitait, j'acceptais, n'attendant que cela. Puis, le premier baiser a eu lieu trois semaines plus tard. Un baiser d'amour, pour lui et un baiser d'intérêt, pour moi.
Cet homme, je savais qu'en poursuivant ainsi, je mettrais la main sur cet homme.
Comment ? Quel homme, comme William, ne résisterait pas à une femme répondant aux plus stupides des clichés ? Belle, instruite et distinguée. Oh, mais ce n'était qu'une apparence. Je savais parfaitement comment me comporter pour obtenir ce que je voulais. Je l'ai appris, ou plutôt, la pauvreté me l'a appris, à moi, Paige Valle.Cinq mois après notre rencontre, en mars, il me demandait de partager sa vie, ses jours et ses nuits.
Et en ce début de mois de juin, je me trouvais devant l'autel, tournée vers William qui portait un costume blanc. Ma robe bustier volumineuse avait coûté plus de cinq mille dollars, mon
voile était en dentelle et recouvrait mon visage. Un bouquet à la main, j'acceptais de m'unir à lui.
— Oui, je le veux.
J'étais impassible, simplement heureuse de posséder son argent.
— Oui, je le veux, prononça-t-il à son tour.
Il affichait un immense sourire, révélant sa dentition parfaite.
— Par les pouvoirs qui me sont conférés, je vous déclare mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée.
Avec délicatesse, il a levé mon voile pour poser ses lèvres sur les miennes.
Tout le monde a applaudi.
Par la suite, nous sommes allés dans un château réservé pour l'occasion, afin de célébrer notre mariage. Le jardin était grandiose, éclairé par des lanternes. La salle était épurée et décorée par une
wedding planer professionnelle. Je n'avais rien à redire et je n'en avais pas envie. J'étais une Crawford et j'étais heureuse de posséder ce que j'avais toujours voulu : l'argent.
Sa famille nous félicita. Pour rapidement parler d'eux, j'ai su les mettre de mon côté, leur inspirer confiance. Ce fut très facile : une pauvre femme sans parents, distinguée, qui semblait avoir les
moyens et ne courait pas derrière l'héritage de leur famille, de surcroît amoureuse de leur fils comme jamais aucune autre ne l'avait été, cela suffisait, non ? William avait été bien naïf. Je lui
avais tapé dans l'œil, il ne s'était pas montré méfiant, croyant tout ce que je racontais sur moi et se fiant à l'image que je voulais leur donner.Notre lune de miel ? Ce fut un véritable voyage comme j'en avais toujours rêvé, passant par les Maldives, l'Italie, Paris, l'Espagne et Londres. Il voulait aller au Mexique pour que je lui montre où j'avais vécu, mais j'ai prétexté ne pas vouloir me rappeler, car cela me faisait trop mal. Il n'a pas insisté, il sait que mes parents sont décédés, c'est ce que je lui ai dit, alors qu'en réalité, ils sont tellement pauvres que j'ai coupé les ponts avec eux – si l'on veut – pour avoir un avenir plus beau. Un mensonge, oui, mais qui me rendrait libre.
C'était assez facile de coucher avec lui dans des endroits aussi somptueux, bien que ce fût ma première fois. Je ne l'aimais pas, mais William était tendre et loin d'être moche, même si je m'en moquais. Ce qui m'intéressait se trouvait dans son porte-monnaie. Le reste n'était que formalité.Je suis Paige Crawford et je vais vous raconter mon histoire.
Venez découvrir comment elle a révélé nos plus beaux côtés.*****
La suite est à retrouver en ebook et livre broché chez JennInk Éditions, sur Cultura, Fnac, Kobo, Amazon etc 🥀🌹❤️
PS : la mise en page sur Wattpad peut être bof, il y a peut-être des décalages entre les mots. Ce n'est pas la même en ebook et livre papier.
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Nos plus beaux côtés [Sous contrat d'édition]
RomanceElle l'a épousé pour son argent, mais en le découvrant, il a décidé de lui faire vivre un enfer. Elle qui se croyait démon, lui qui se croyait ange. Elle qui le croyait stupide, lui qui la croyait tendre. Elle a réveillé ses démons. Il a réveillé so...