Felix est un jeune lycéen de 16 ans tout à fait banal. Si on exclut le fait qu'il étudie dans un des établissements musicaux les plus réputés de toute la Corée. Et qu'il soit connu comme l'un des plus grands et jeunes virtuoses de sa génération. Enf...
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Felix avait peu de souvenirs de la mort de son père. Il participait à son concours ce soir-là, seulement sa mère était restée à l'hôpital. On ne lui avait pas dit que l'état de santé de son paternel s'était autant dégradé. Il l'avait quitté l'avant-veille, inquiet comme toujours, et avec une étrange sensation dans le fond de son ventre.
Il n'était pas rassuré, il sentait que quelque chose se tramait mais personne ne voulait rien lui dire.
Et lorsqu'il était dans les coulisses, à attendre son tour, il avait juste voulu retourner auprès de son père. Quitte à abandonner tout le travail qu'il avait fourni jusqu'ici, juste pour être capable de passer quelques minutes de plus avec la personne qu'il aimait le plus au monde. Parce qu'il savait que le temps était compté, il n'était pas dupe.
Mais jamais il ne s'était attendu à ce que la mort emporte son seul repère aussi vite.
Il s'était disputé avec son grand-père. Ils en étaient presque venus aux mains. C'était la première fois que Felix s'était rebellé. Finalement, c'était le plus âgé qui avait gagné. Il savait comment le convaincre, il savait comment asseoir son autorité sur le pauvre gamin qu'il était.
« Tu ne vas quand même pas abandonner après autant d'heures à t'être entraîné ? Est-ce que tu as pensé à moi ? Je me suis sacrifié pour que tu en arrives là ! Pense à la fierté et la joie de ton père lorsque tu lui apporteras le trophée ! »
Il avait bien gagné ce concours. Et il était venu avec son trophée le lendemain matin à la première heure. Sauf qu'il était tombé sur une chambre d'hôpital vide, avec un lit froid. Sa coupe lui paraissait bien lourde, ce jour-là, lorsque sa mère lui avait annoncé que son père les avait quittés.
Il ne se souvenait plus de rien après. Apparemment, il n'avait pas dit un mot pendant trois jours. Il avait agi comme un robot, son cerveau s'étant mis en pause. Il ne dormait pas et ne mangeait presque plus. Il avait l'impression d'être une carcasse vide, de traîner un pauvre semblant de corps.
Lorsqu'il avait vu le cadavre sans vie du seul être qui l'avait jamais aimé, allongé dans ce cercueil terne, il s'était réveillé. Toutes les émotions qu'il avait tenté de cacher, d'enfouir au plus profond de lui étaient ressorties. La souffrance, la colère, la culpabilité, l'effroi, tout ceci l'avait envahi, terrassé.
Il s'était mis à hurler de douleur, se jetant presque sur le cercueil. Il avait supplié son père de se réveiller, de ne pas le quitter. Mais c'était trop tard. Il avait menacé sa mère de les empêcher d'emmener son père tant qu'on ne leur aurait pas ramené des fleurs. Son père adorait les fleurs.
Il n'avait fait que pleurer. Pendant des jours et des jours, au point de s'en rendre malade. Il en venait même à espérer ne jamais se réveiller lorsqu'il dormait tant la souffrance était insupportable. Il était perdu, il avait la sensation de se faire aspirer par toute cette douleur. Tout lui paraissait futile et sans intérêt, même sa propre vie.
