Cela faisait plusieurs heure que le Soleil était couché et que la Lune régnait.
A contre contre cœur il s'était retiré, avait quitté son trône éblouissant avant de disparaitre à travers les nuages et l'horizon, laissant la place à sa sœur, plus timide et réservée. Et au petit matin, dans un peu plus de sept heures, elle retournerait s'isoler, prendre un repos bien mérité, et il gouterait de nouveau au pouvoir.
Cela faisait quelques heures que la Lune observait la ville.
Les mois froids et secs étaient arrivés il y a plusieurs semaines et chaque jour elle s'installait dans le ciel un peu plus tôt, tirant avec elle la Nuit hors de leur cachette secrète de l'autre côté du monde. Parfois la Lune était en avance, parfois était-ce la Nuit, cela avait peu d'importance car comme chacun le savait elles étaient inséparables... et les Etoiles en étaient témoins.
Cette nuit, comme toutes les nuits, Kaztel était bien agitée.
La cité d'or au centre du monde ne dormait jamais. De ses cercles extérieurs, vastes quartiers usés par le temps et la négligence, animés par les buveurs perdus entre deux journées identiques, les coupe-jarrets aux aguets et les enfants à la recherche d'un peu de paix, jusqu'au cercle intérieur ou les lumières radieuse décoraient les résidences et ou la musique rythmait les réceptions mondaines. Parmi tous les joyaux lumineux, ce soir, un semblait briller plus que les autres. La demeure de Nadin Pellezac, l'un des cinq ministres de la cité, le gardien des Rêves et des Aïons, l'Ephèdre.
Dans l'immense bâtiment triangulaire haut de trois étages, encadré à chaque extrémité d'une tour octogonale plus haute encore, les invités pullulaient comme autant d'abeille dans une ruche au damier de pierres rouges et blanches. Au centre de cette merveille d'architecture, un impressionnant jardin rempli de plantes de ce monde et d'un autre offrait un cadre doux et rafraichissant pour les poètes et les artistes. Les longs couloirs surplombés d'arches autour accueillaient les émissaires et les ambassadeurs qui contemplaient les œuvres exposées, tandis que les salles au pied de chaque tour servaient de délicieux mets, chacune animée par une talentueuse troupe de ménestrels pour les nobles et influents bourgeois de la ville, déjà bien au fait de la richesse de la demeure de l'Ephèdre.
Trois tours, trois buffets et trois assortiments musicaux différents, chacune aux couleurs des paysages par delà l'horizon.
La tour du Midi, parée des couleurs d'or du désert du Loup Blanc, dégageait un apetissant fumet mélange d'épice et de sucre, les plats y étaient servis dans des assiettes de terre cuite colorées, les pâtisseries y étaient aussi diverses qu'envoutantes et la musique s'accompagnait de chants passionnés entre un homme et une femme de part et d'autre de la grande salle. Comme deux amants séparés par un monde indifférent.
La tour du Couchant faisait honneur à l'Empire de l'Arbre-Monde et attirait le plus de monde. Les murs y étaient drapés de longues tapisseries, le bleu éclatant du firmament et le vert profond des collines dansantes dépeignaient des paysages lointains. La nourriture semblait être une autre forme d'art, des plats raffinés ou chaque ingrédient était réfléchit, servis dans de magnifiques céramiques sculptées, dégustés avec une musique portée uniquement par un quatuor de cordes mélancoliques.
La tour du Levant enfin, malgré ses activités débordante se rapprochait le plus d'un havre de calme lors de cette soirée endiablée. Ici les invités se mêlaient aux statues des mystérieuses Îles Etoilés, les visages se perdaient dans les traits de pierre aux proportions étranges à mi chemin entre l'humain et l'animal. La nourriture y était simple mais trompeuse, un simple poisson en tranche, quelques légumes grillés, mais pourtant les saveurs semblaient plus étrangères encore que les statues. Ici pas de musique si ce n'étaient quelques percussions et le chant de carillons cérémoniels.
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Oneiranthe : Le rêve d'un enfant
FantasyOneirante - Partie 1 : le rêve d'un enfant Ce soir les rues de Kaztel sont agitées. Les flammes s'élèvent et viennent lécher le ciel, la grande réception de Nadin Pellezac tombe en cendre lentement. Ils sont sept, témoins ou victimes, acteurs et fig...