Melio - I

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« Et t'avise pas de toucher à la porte ! »

Le choc est désagréable, le sol glissant de la cellule fauchant l'équilibre de Melio. Le visage contre la pierre froide et humide, plongé dans des effluves rances d'urine et de restes pourrissants, il n'essaye même pas de retenir les injures.

« Pose plus tes mains poilues sur moi sale porc...

- T'as dis quoi petit galleux ? Tu te rend compte de la situation dans laquelle tu es ? »

La porte n'a pas eu le temps de se fermer et la main puissante, plus proche d'un étaux d'acier, du garde de nuit, se referme sur son col sans aucune pitié. Melio grince des dents et retient tant qu'il peut un gémissement de douleur alors qu'il sent le sol disparaitre sous ses pieds. Dans une vaine tentative de rompre la prise, l'adolescent s'agite corps et âme, les rares coups de pieds touchant leur cible n'arrachant pas la moindre réaction à l'homme de pierre.

« Lâche moi ! T'adore ça hein ? Soulever des gamins dans des cellules quand personne regarde ? »

Dégouté par la remarque, le garde ne se contente pas de pousser le délinquant contre le mur de sa nouvelle maison, il le balance comme il jetterai un sac de pommes de terre en rentrant des courses. L'impact fait trembler les os de Melio, incapable de savoir quelle partie de son corps lui fait le plus mal, soudainement le sol semble bien plus accueillant. Pas assez pour remercier son geôlier qui n'a le droit qu'à un vicieux mollard en guise de salut.

Le sourire plein de défi de l'enfant tient bon même face au regard empli de colère de l'imposant vétéran, les traits tirés doublés d'une moustaches drue et de sourcils aussi fournis. Pas question de laisser un garde lui dicter quoi que ce soit, quitte à en payer le prix. Même les dents serrés et le ventre bien noué, un coup de ce colosse ferait mal.

« Aller. Avance.

- Ouais... Ouaiiis ! J'ai compris, j'avance t'vois bien, mais faut que ma belle suive aussi ! Mais dehors ça l'intéresse alors elle traine... Eh ! Viens ! Sinon ils me disputent !

- Tais toi. Tu me tapes sur les nerfs. »

Intervention providentielle pour Melio qui voit le vieux géant reculer et faire face à sa comparse, plus jeune mais tout aussi glacial, à faire froid dans le dos. Une sensation toujours plus agréable qu'un coup de pied dans les côtes. Rassemblant ses forces, il se blottit aussi confortablement que possible contre les dalles inégales du mur, bien au sec sur un banc de bois. A trop maudire ce garde il risque d'oublier de faire la part des choses, être abandonné dans un trou ou mourir sous les coups ne l'aidera pas à sortir d'ici. Il faut qu'il prouve à ces débiles son innocence pour pouvoir filler d'ici.

Mais avant ça...

Nouveau choc, nouvelle effluve, d'alcool cette fois ci. Un alcool aussi odorant que de mauvaise qualité, aussi odorant qu'il masque sans peine l'odeur de sale et de vieux qui doit autrement s'échapper de la tunique rapiécé et des cheveux gras de l'ivrogne qui vient de s'écraser dans la cellule.

« On viendra vous chercher plus tard. Le capitaine a des questions pour vous deux. »

Avec le silence comme seul réponse, les deux gardes disparaissent dans les couloirs des geôles, emportant les torches et avec elles la lumière. Le temps semble s'arrêter dans la cellule et il faut de longues secondes pour que Melio ne s'habitue à l'obscurité percée uniquement par les rares rayons de lunes qui parviennent à travers la meurtrière sur le mur. De lointain cris, ordres hurlés et appels de détresse, résonnent à travers la ville, impossible d'en tirer des phrases clairs mais il est évident que le chaos qui a explosés lorsqu'il s'est fait arrêter ne s'est pas calmé.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 05 ⏰

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