Chapitre 1 : Orée du jour

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Aujourd'hui, c'est enfin le 15 septembre. Ce grand jour, je l'ai attendu en comptant les minutes. Rien n'a pu l'empêcher d'arriver étant donné qu'il a été programmé depuis des mois par toute la famille – par « toute la famille », je veux dire seulement mes parents qui ont fait tout le boulot. Mais ça reste un effort familial.

Je suis debout depuis bien longtemps. C'est à peine si j'ai dormi d'ailleurs. Tout un tas de scénarios fabuleux défilent les uns après les autres dans mon esprit, ce qui ne me fait plus tenir en place. Une nouvelle vie va commencer puisque je vais intégrer le lycée James-Madison de Brooklyn grâce à un programme d'échange scolaire.

C'est un rêve tellement dément qu'au début, j'avais peur que de trop y penser ne le fasse s'envoler. Après avoir gagné la majorité de votes de toute la classe, la place hiérarchique de papa et maman en tant que représentant des parents d'élèves a accéléré ma sélection.

Lorsque le réveil sonne, j'éteins précipitamment ce maudit appareil afin de soulager mes pauvres oreilles. Un large sourire étire soudain mes lèvres. Cette incroyable journée vient techniquement de commencer.

Je sors de ma chambre et me dirige vers la salle de bain qui se trouve juste en face. Je prends une de ces douches rapides comme celles lorsque je suis en retard aux cours et je me brosse les dents. Je finis de me sécher puis ouvre l'armoire à médicaments et saisis la petite boîte contenant mes lentilles de contact. Sans elles, je suis obligé de me trimballer ma vieille paire de binocles tous carrés.

Ma vue devient instantanément plus nette après les avoir enfilés et je peux percevoir mon reflet clairement dans le miroir : des gouttelettes provenant de mes cheveux noirs bouclés glissent sur mon visage brun. J'ai l'air d'avoir tant bonne mine que ça ? Il ne manquerait plus que mes pupilles forment un cœur pour s'accorder au tableau.

M'habiller ne me prend que quelques minutes. Immédiatement après, je me place devant le miroir de ma garde-robe et mon cœur manque d'éclater. J'ai mis un soin fou au choix de ma tenue de voyage et de manière tout à fait objective, on me prendrait pour un influenceur des réseaux.

Je me jette ensuite sur mon portable et entre dans ma messagerie. J'ai déjà reçu une dizaine de SMS provenant pour la plupart de mes potes qui me souhaitent un bon voyage. Mais un dernier retient mon attention : c'est un long paragraphe de Margot de ma classe qui me déclare carrément sa flamme. Les raisons qui l'ont vraisemblablement poussé à un tel élan de courage sont les 6 140 kilomètres qui nous sépareront lorsque je serais loin de Lyon.

Le moi d'il y a quatre ans à qui on rabâchait sans cesse qu'il avait les traits d'une fille, serait sûrement resté bouche bée face à cela, mais à présent, j'y suis habitué. Merci la puberté. Je sors simplement de la discussion sans savoir quoi rétorquer. On ne se reverra sûrement jamais. Qu'est-ce qu'elle en aurait à foutre de ma réponse ?

Je descends les escaliers pour retrouver mes parents en bas. Maman est en train de mettre la table dans la salle à manger tandis que papa, enfoncé dans son fauteuil, se noie dans des documents administratifs.

— Ah ! Phil, te voilà ! J'ai eu madame Perry tout à l'heure au téléphone et elle m'a dit que ta nouvelle chambre est déjà prête. Ils ont hâte de t'accueillir chez eux.

Dans ses yeux azur, pullule une multitude de petits scintillements et un sourire béat ne le quitte plus depuis un bon moment. Ça le rajeunit de dix ans au moins. Une douce chaleur naît malgré tout dans ma poitrine à cette nouvelle. Ça fait toujours plaisir de savoir que je ne serais pas un intrus au milieu de ce couple âgé. Leurs enfants ont déjà quitté le nid familial et ça doit sûrement faire un bail que leurs chambres sont inoccupées. J'espère juste qu'ils ne me donneront pas celle de leur fille.

La Chute des ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant