~ EAST ~
*Deux jours plus tard*
J'avais les courbatures mais m'efforçais à me préparer pour aller à l'école ; j'étais frigorifiée de la tête aux pieds et peinais à marcher convenablement, pourtant je ne regrettais en aucun cas ce qui s'était passé la nuit précédente. Cette nuit qui avait été un véritable enfer ! C'était ironique comme réflexion parce que la température était toujours aussi basse.
Ma mère dormait encore lorsque je disposais sur la table basse du salon tout ce qu'il y avait à manger que Daniel m'avait donné.
Je me changeai puis me mis en route. En marche vers l'arrêt de bus, je révisais mon cours de géographie sur le N.O.E.M¹ et, étant emportée dans la lecture, je me sentis subitement tirée par les cheveux vers l'arrière, atterrir sur un tas de neige et en recevoir de partout. Comme mon pull scolaire n'était pas en mesure de me réchauffer et que je n'avais pas mis de chaussettes, je tremblais comme une feuille. Et cela avait l'air de plaire à Jordan qui riait aux éclats, imitée de ses copines.
Jordan WELLINGTON était une fille de la bourgeoisie, métisse aux longs cheveux châtains bouclés teints vers les pointes. Elle était intelligente, belle, populaire proche de la célébrité et avait tout ce dont une fille de 19 ans pouvait rêver... Près d'elle, je n'étais qu'un déchet, une fille sans importance, une fille banale (dans le pire sens du terme).
Et dire qu'elles étaient descendues de leurs véhicules respectifs dans le seul but de m'agresser.
Vu que j'étais déjà arrivée à l'arrêt de bus, tous ceux qui y étaient eurent de quoi rigoler. Je me sentis une fois de plus humiliée et médiocre.
Pourquoi ne réagissais-je jamais ? J'en avais pourtant marre de toute cette maltraitance... Difficile à expliquer. Certaines peines meritaient d'être vécues.
Et comme si mon baptême de neige était insuffisant, les flashs des téléphones des autres élèves qui n'osaient venir m'aider s'abattirent sur moi.
J'étais comme une paria !
Jordan et ses sbires s'en allèrent tandis que les autres embarquèrent le bus scolaire qui arriva entre-temps.
Elle était super ma vie !
Je laissai tomber mon cahier sur mon visage et satisfis mes glandes lacrymales tout en continuant de grelotter de froid. J'avais le moral à zéro et ne trouvais la force de me relever seulement dans les trois quarts d'heures qui suivirent.
Mes pas étaient lents, mon corps me faisait souffrir et je peinais à respirer. J'étais partagée entre l'idée de poursuivre mon chemin jusqu'au lycée et celle de rentrer à la maison. Mes études étaient importantes mais s'il m'arrivait de mourir à ce moment-là d'hypothermie, je n'aurais jamais été bachelière. Ce fut sur cette pensée que je décidais de revenir sur mes pas pour rentrer chez moi.
Seulement, en cours de chemin, je me sentis faible à tel point que je m'écroulai sur le gel avant de sombrer dans une obscurité totale...
* * *
* *Mes yeux s'ouvrirent sous un ciel d'été dépourvu de soleil, mon corps était comme bercé dans un tas de plumes dont la chaleur était plus que revigorante. Cela ne pouvait pas être réel, j'étais certainement en train de rêver car cela faisait plus de trois ans que je n'avais pas eu accès à un confort pareil.
Je me prélassais presque dans tout ce luxe car s'il s'agissait véritablement d'un beau rêve et j'aurais aimé en profiter au maximum. Cependant, une voix masculine lointaine attira mon attention ; elle semblait s'adresser à quelqu'un pourtant la voix de l'interlocuteur m'était inaudible.
Sûrement une conversation téléphonique, pensais-je sans bouger de ce nid douillet.
Je me rendis très vite compte que mon ciel d'été n'était qu'un plafond, pourtant les détails étaient si impressionnants que je m'y étais crue. Aussi, ce qui constituait mon tas de plume n'était qu'une couette sans compter tous les oreillers qui m'environnaient.
La porte s'ouvrit et je feignis le sommeil. L'homme parlait toujours au téléphone et vu que je lui donnais mon dos, impossible de savoir de qui il s'agissait.
Il termina sa conversation par un : "T'inquiètes, j'fais ça vite-fait et j'te rejoins ! "
Ce fut à ce moment précis que mon rythme cardiaque s'accéléra puisque je m'imaginais déjà plusieurs scénarios... J'entendais les petits bruits qu'émettaient les chaussures de l'homme à chacun de ses pas. Il se rapprochait du lit sur lequel j'étais posée et moi, restais immobile espérant que mon cœur qui s'affolait dans ma poitrine ne se fît pas entendre.
La personne me toucha et là, je resombrai dans un trou noir.
* * *
* ** Quelques heures plus tard *
~ LELAND ~
• Niels, si t'apparais pas en face de moi dans les 60 prochaines secondes, t'es un loup mort • lui dis-je par lien mental.
"Ça t'arrive de parler sans menacer ? " entendis-je derrière mon dos.
Je me retournai et aperçut mon Bêta à qui je lançai un regard noir – vu qu'il m'avait fait poireauter dans ce chantier depuis des heures –. On se fit un check suivi d'une accolade et je remarquai que le mec avait une odeur différente : je lui posai la question relative à cela et celui-ci me répondit qu'il ne voyait pas de quoi je parlais.
Pourtant je n'hallucinais pas et avais bel et bien senti une odeur bizarre émanant de lui. Peut-être étais-je le seul à la sentir...
Plusieurs semaines s'écoulèrent et l'Oméga² passa tous ses week-ends au LYCAOR. Niels rentrait souvent au Michigan et ma vie se résolut au traitement de la paperasse, enfermé dans mon bureau, des entrainements intensifs avec les membres de la meute, quelques réunions avec d'autres Alphas, des p'tits voyages, des parties de Mortal Kombat et j'avais passé quelques soirées avec des minettes. ROMERO de son côté n'avait pas arrêté de me harceler sur le fait de me trouver une partenaire.
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1. Le N.O.E.M est le nouvel ordre économique mondiale (ça existe pour de vrai mdr)
2. Il s'agit de la nièce de ROMERO, l'ancien Bêta des parents de l'actuel Alpha.
Petite anecdote :
Thytus ROMERO, ancien Bêta des Etats-Unis âgé à l'époque (au moment de l'histoire) de 56 ans s'était occupé de Leland depuis son accession à la fonction d'Alpha de cette meute. Il voulait lui servir de guide dans cette nouvelle vie que l'adolescent venait d'avoir. Son but était de faire à ce qu'il soit la personne que l'Alpha respecterait hautement et écouterait toujours ; en gros, il voulait avoir le contrôle sur lui et en quelques sortes sur la meute ; mais cela ne s'était jamais produit. Leland devint rapidement autonome et les services de l'ex-Bêta ne lui étaient plus ou moins utiles : à ce moment-là, le jeune dirigeant avait à peine 19 ans. Il conquit à lui tout seul l'entièreté du Canada et du Groenland quelques temps après et vainquit tous les Alphas qui tentèrent de s'accaparer ses territoires. La meute s'agrandit, ainsi naquît la Northpart.
Trouvant sa retraite proche (bien qu'il y soit depuis bien longtemps), Thytus pensa unir sa nièce au jeune Alpha dans son intérêt à lui. Seulement Leland n'avait pas l'air d'avoir des vues sur elle, alors devrait-il utiliser les grands moyens ...

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L'Alpha Dominant et la Luna Soumise
WerewolfL'Alpha de la Northpart a sous ses yeux la femelle correspondant parfaitement au profil de Luna qu'il recherche, mais à un détail près : le manque de soumission. Au cours d'un voyage d'affaires, son chemin croise celui d'une humaine lambda dont il n...