Agiter le monde

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Paris se montrait à moi sous son plus beau jour. Je ne pouvais pas être plus heureuse que cela, monter dans la ville lumière pour mes études était mon plus grand rêve en tant que femme, même si de nombreuses critiques déferlaient sur moi. Qu'importe je n'avais pas besoin d'être soutenue par des personnes qui ne me connaissaient pas. L'air ravivant du printemps me donnait l'ambition et la fougue de tout réaliser.

Le matin de mon premier cours de mathématiques, j'étais auprès des plus grands, toutes ces personnes me paraissaient intelligentes et tellement intéressantes. J'étais principalement entourée d'hommes. Malgré cela, je n'étais pas vraiment effrayée. Je voyais cela comme une opportunité de découvrir une autre manière de penser que moi, ne penseraient-ils pas pareil ?

Les premiers cours se passèrent bien, je ne pouvais pas me plaindre de la tonne de travail qui nous étais infligée, pousser nos limites n'était-ce pas fabuleux ?! J'étudiais dans une bibliothèque non loin de l'établissement où nos cours se donnaient. Un jour, un jeune homme s'approcha de moi, il devait avoir vingt ans tout au plus, il m'adressa la parole :

- Bonjour mademoiselle, je vous ai aperçue plusieurs fois lors des cours de mathématiques et je me suis dit que vous auriez peut-être besoin d'aide en vue des examens se rapprochant à grands pas. Que diriez-vous si je vous proposais d'étudier ensemble ?

- Bonjour, je dirais que vous avez eu le courage de me parler et je ne peux donc qu'accepter cette offre mais tout d'abord, quel est votre nom ?

- Je me nomme Nate, apparemment vous vous appelez Héloise. Je suis enchanté de faire votre connaissance.

- Comment connaissez-vous mon nom ?

- Je suis mathématicien mademoiselle, je suis toujours au courant de tout dit-il en souriant tandis qu'une boucle de ses cheveux blonds tombait sur son visage.

Nous nous donnions rendez-vous tous les vendredis. Je me méfiais un peu mais il semblait si pur.

L'automne s'était installé depuis quelques jours déjà, la beauté des feuilles dansant dans leurs derniers instants à travers le vent enjolivaient ce temps pluvieux par leurs magnifiques couleurs. Les cours étaient de plus en plus compliqués, nos rendez-vous avaient lieux de plus en plus souvent. J'aimais vraiment être en sa compagnie, cela me permettait d'oublier les cours et toutes les choses qui n'allait pas vraiment. C'était vraiment dur pour moi, je ne me sentais plus capable de rien, j'en revenais même à remettre en question tous mes choix jusqu'alors, mais je savais que j'aimais vraiment les maths et la physique. Je rêvais d'être auprès des plus grands de montrer au monde que même en tant que femme cela restait possible, je souhaitais que les femmes soient reconnues aux yeux des hommes pour leur intelligence et ne soient plus considérées comme de vulgaires objets sans aucune valeur et dont ils pouvaient user comme bon leur semblait. Nate sortait du lot, il se souciait réellement de ce que je pensais, même s'il restait parfois maladroit dans ses propos. Je savais au fond qu'il faisait de son mieux et qu'il ne voulait que mon bien.

Un soir, alors que je rentrais plus tard que prévu de l'université, des hommes que je reconnaissais comme faisant parti de mes cours me regardèrent. Je n'y prêtai pas plus attention que cela et continuait à marcher le long des murs de Paris auprès desquels je me sentais en sécurité. J'entendis soudain un bruit sourd au loin et, avant même que j'ai le temps de me retourner, un des hommes bloquait mes bras et s'appuyait contre moi. Un sentiment indescriptible s'empara de moi, pourquoi moi, l'avais-je mérité ? J'aurais tant voulu faire quelque chose pour l'empêcher de me salir mais je ne pouvais absolument rien faire, j'étais comme au-dessus de mon corps ne pouvant que subir. Il me jeta par terre comme un vulgaire objet usé. J'avais envie de hurler mais rien, plus rien ne sortait de ma bouche. Après cette agression sans nom, je me relevai tant bien que mal et rentrait chez moi. J'enlevais mes vêtements, me reproduisant la scène inlassablement dans la tête. J'avais beau frotter, je me sentais sale. Les pensées fusèrent dans ma tête, pourquoi moi ? Qu'avais-je donc fait pour mériter cela ? Je ne pouvais fermer l'œil de la nuit. Le lendemain, je ne me rendis pas aux cours. Et les autres jours non plus, l'idée de le revoir, celui qui m'avait fait endurer cela, était inimaginable.

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⏰ Last updated: Nov 20, 2022 ⏰

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