Cela fait très exactement depuis l'âge de mes six ans que je compte jour pour jour le moment où je quitterais cet endroit insalubre. Le dégoût que me procure l'orphelinat masque mon visage une nouvelle fois, lorsque j'aperçois sœur Rose réprimandée violemment un petit garçon avec de grands coups de canne. C'est un spectacle tristement ordinaire. Il en est tellement routinier que personne ne prend la peine de s'inquiéter ni même d'accorder un seul regard à l'intention de ce frêle malheureux, lorsqu'elle tourne les talons après avoir fini. De son regard méprisant la sœur balaye le réfectoire. Un rictus se forme alors sur son visage lorsque nos regards se croisent. Elle ne peut comme à son habitude s'empêcher de cracher son mépris, chose qu'elle ressent tout particulièrement envers moi.- Tu es encore là toi ? M'interroge-t-elle de son ton le plus condescendant. Je te pensai déjà loin en train de te dévergonder avec le premier venu pour tenter de gagner une pauvre miche de pain.
Elle n'a jamais caché sa haine envers moi bien que je n'en connaisse pas la cause. L'interroger n'amène à rien d'autre qu'une punition.
- Il est évident, ma chère sœur, que je préférerais partir loin de l'enfer dans lequel vous garder vos pauvres esclaves. Mais soyez sans crainte lorsque le premier flocon se sera échoué sur le sol, je serai parti sans un bruit. Répliquai-je sèchement avant de quitter le réfectoire pour regagner ma chambre, non sans esquisser un sourire victorieux, dû à l'expression choquée et haineuse qui déforme désormais le visage de cette vielle chouette à la suite de mes propos.
Il est bien vingt-deux heures passé lorsque qu'un petit garçon aux yeux bleu se présente à l'encadrement de ma porte.
-Lyre tu me laisse tout seul ? Pourquoi es-tu obligée de partir ? M'interroge-t-il non sans une pointe de tristesse.
Peter a toujours été un garçon plein d'énergie et joyeux. Le seul qui du haut de ses six ans ne s'est pas laissé abattre par l'ambiance sinistre qui plane dans l'orphelinat Saint Bartolomé. C'est cette joie qui l'anime qui m'a fait l'apprécier. Il est comme mon petit frère bien que nous ne sommes pas faits du même sang. Le voir ainsi avec cette mine triste me fend le cœur.
- Peter, dis-je en m'approchant doucement de lui. Je ne peux pas rester personne n'adopte les adultes. Il est qu'une question de temps avant que les premières traces de l'hiver soient visibles. Et puis personne ne me pleure et encore moins sœur Rose.
- Si, moi je suis triste. Je ne veux pas que tu t'en ailles, emmène-moi avec toi, adopte-moi quand tu seras une adulte, répliqua-t-il entre deux sanglots.
- Si je le pouvais, je le ferais, mais j'ai quelque chose d'important à faire avant ça, attends moi encore quelques années, et je te promets que je t'adopterais, lui dis-je avec une assurance que j'espère crédible.
Je l'enlace avec force avant de le congédier dans sa chambre. Je dois terminer de préparer mon sac de voyage qui m'accompagnera durant cette périlleuse aventure. Ce périple, est-ce qui m'a jusqu'ici donné la rage de vivre et également ce qui m'a appris les vertus de la patience. Cette rage qui bouillonne en moi depuis que je connais l'essence de ma venue au monde. C'est cette même rage qui me consumera peu à peu à l'avenir.
Il ne manque plus que la dague de ma mère et ce sera tout. Ce périple, est-ce qui m'a jusqu'ici donné la rage de vivre et également ce qui m'a appris les vertus de la patience. Le manche est recouvert d'une gravure désignant le mot orgueil. Celle-ci est écrite dans une langue ancienne qui est aujourd'hui disparu. C'est ce qui selon moi apporte le plus de préciosité à l'objet. La lame se compose de divers autres symboles dont la signification m'est inconnue.
Cette dague, c'est tout ce qui me reste à ma mère. Ils me l'ont prise et je compte bien venger sa digne mémoire en faisant couler le sang des usurpateurs qui occupe la place qu'ils ont salement volée à ma famille.
Quel funeste destin m'attend là, dehors ?
C'est alors qu'une larme de neige pure me sort de ma rêverie. S'en suit une mosaïque de flocon qui se met à pleuvoir derrière la fenêtre. Un sourire jaune se dessine alors sur mon visage, ces mots résonnent alors dans ma tête :
- Est-ce le début de la fin ?
Sur ce, je m'arme de mon poignard ainsi que de mon sac de voyage. Je traverse chaque couloir de l'orphelinat sans un bruit comme je l'avais annoncée à sœur Rose plus tôt dans la journée. Je ne me retourne pas, bien que l'envie de dire une dernière fois au revoir à Peter me tiraille l'esprit. La porte d'entrée est franchie. Cela sonne comme une libération dans tout mon être, je ne me suis jamais senti aussi libre. C'est donc avec un entrain non dissimulé que je quitte le domaine de Saint Bartholomé.
Je m'autorise un arrêt après avoir marché trois lieux afin de réfléchir plus en détails sur la route à emprunter. C'est alors que me vient à l'esprit d'une évidence dont je ne m'étais pas inquiété jusque-là. Je n'ai ni monture, ni vivre hormis quelques gâteaux et fruits que j'ai pu voler dans les cuisines. Je ne possède également aucune piste hormis le fait que je dois me rendre à la capitale. C'est là-bas que siège le trône de l'Empire. C'est également sur cette même chaise d'or et de sang que trônent ces vils imposteurs de Séraphins.
La seule idée qui s'offre à moi est de m'arrêter dans la ville la plus proche afin de récolter quelques informations sur la route à emprunter pour se rendre à la capitale. J'y trouverai certainement une monture à voler et quelques vivres.
Il s'avère que la ville la plus proche est Psaumaus. Selon les dires de certains visiteurs qui venaient autrefois à l'orphelinat, c'est la ville de la richesse et des récoltes. Elle est réputée pour ces abondantes ressources, et son bétail de qualité.- Elle n'est qu'à vingt lieux de là où je me trouve, dis-je à voix haute en sortant une carte chiffonnée du fond de mon sac. Comme un encouragement à me lancer dans l'aventure le ciel s'éclaire, révélant la beauté naturelle de la lune qui illumine de ses doux rayons le ciel et l'horizon.
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Au cœur de la Capitale de l'empire d'Eden, se trouve le palais Garden. La plus belle merveille de ce monde, battit des propres mains du tout-puissant. C'est dans ce lieu divin que Saar, le grand Empereur, accorde une audience réclamée par urgence par l'astrologue du Palais.
- Que voulez-vous donc mon seigneur à une heure aussi avancé de la nuit ? J'ai à faire donc soyez bref, mais ayez à l'esprit que quelconques dérangements puérils vous feront valoir comme châtiments la perte de votre main que je donnerai en pâture aux chiens, dit-il non sans teinter sa voix de cruauté et d'ennui.
- Je ne dérangerai point votre majesté l'Empereur aussi tard dans la nuit s'il n'y avait pas urgence. Ce soir, les astres m'ont fait savoir un message à vous porter qui risque de bouleverser l'ordre du monde que votre majesté a établi.
L'astrologue était un vieillard mal peigné au dos cabossé. Ses habits lui collaient légèrement à la peau et des gouttes perlaient sur son front ridé, un signe qu'après-avoir appris la nouvelle, il s'était précipité vers le palais.
- Ah bon et qu'est-ce que les astres vous ont murmuré à l'oreille du vieillard, s'impatienta-t-il visiblement ennuyé par son interlocuteur.
- Ils m'ont fait le présage d'une nouvelle étoile qui s'est illuminé à la place des sept durant la nuit votre majesté. Elles disent également que la mort lui porte compagnie.
Le regard sombre de Saar avait changé. Il se tenait droit, ses bras étaient crispés sur le trône révélant une colère froide et maîtrisée. La seconde d'après il retrouva son visage désintéresser. Cela a dura seulement une seconde, pourtant l'atmosphère changea radicalement. Elle devint alors glaciale et terrifiante. Le silence régna pendant quelques secondes.
Saar rompt alors le silence et s'exclame d'une voix toujours ennuyée :
-Non point que je doute de votre faculté à comprendre les étoiles chèr astrologue, mais je pense que le présage n'est qu'une vaste duperie. J'ai fait en sorte, il y a bien longtemps de cela de m'assurer qu'elles ne puissent plus jamais orner le ciel.
- J'en suis navré votre majesté, mais c'est la stricte vérité, les astres ne mentent et ne dupent point, réplique le vieillard avec le peu d'assurance qui lui reste.
- De quel côté s'est-elle Illuminée ?
- Au sud votre majesté.
- J'enverrai le chien de la couronne au sud accompagné de quelques mercenaires dans deux jours. Si cela s'avère vrai, je leur confierai la mission de tuer cette jeune étoile. Et affaire réglée.
- Merci de m'avoir accordé audience à une heure si tardive votre majesté. Remercie le Viel astrologue visiblement rassuré de la fin de cette entrevue.
- C'est dans mon immense bonté que j'accepte de recevoir mes serviteurs. Exprime Saar. Mais pourtant, j'espérais voir le sang coulé aujourd'hui quel dommage.
Le vieil homme déglutit et son teint se pâlit davantage. Il perd toutes couleurs lorsque l'Empereur se prononça de nouveau.
-Se serait tellement dommage de laisser l'occasion passée n'est-ce pas, messieurs, s'exprima-t-il en s'adressant à ses gardes. Tué le vieillard et exposé sa tête sur la place de la capital. Cela serait fâcheux que les dires de cette soi-disant prophétie sorte de cette salle et il m'a ennuyé donc j'estime me montrer clément de lui offrir une mort rapide. Il part sans rajouter un mot et sans se retourner.
Le palais commence à se colorer des teintes de l'aurore lorsque Saar rejoignit ses appartements. Quelques secondes après les cris du vieillard retentissaient dans tout le palais. C'était le signe que ses gardes malgré l'ordres donné torturaient cet homme. Quelques secondes après le début des cris, on n'entendait déjà plus rien.
Le silence absolu.
Le silence de la mort.
Saar sourit.
- Cours jeune étoile remplit d'orgueil, je te retrouverais et t'enverrais rejoindre les ténèbres de l'enfer.
À la suite de ces paroles, il enfonça une dague dans la porte de ses appartements. À la faible lueur d'une bougie, les termes gravés l'oublié refait alors surface sur le manche de l'arme.~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Bonjour et je vous dévoile enfin le premier chapitre après quelques semaines d'attentes, j'ai hâte de chacun de vos retours. Merci infiniment pour aux lecteurs d'accordé un peu de leurs temps à mon histoire, en espérant que les aventures de Lyre ne vous déçoivent pas !
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L'empire des larmes
ФэнтезиLyre vient de vivre son dix-huitième hiver. Elle peut enfin s'enfuir de ce maudit orphelinat dans lequel elle a grandi pour se mettre en route vers la capitale de l'empire. Pour elle c'est enfin le début d'une longue vengeance qu'elle s'est imaginée...