Eternal boys

Chapitre 1

Londres, 15 novembre 1850.

Comme tous les jours, j'écrivais une lettre à mes parents, inexistants, pour leur raconter ma vie, en attendant le réveil de Felix pour aller jouer. Généralement, ces lettres commençaient par "chers parents, j'espère que de là où vous êtes vous allez bien. . .", et ne se finissaient pas. C'était comme si le crayon ne voulait pas avancer plus. Très souvent, j'écrivais ces lettres dans ma tête, l'orphelinat ne pouvant pas toujours me donner des feuilles pour écrire. L'établissement préférait économiser les feuilles pour les heures de classe car le directeur manquait d'argent. Soudain, une voix me tire de mes pensées.

-"Peter ! Peter ! Viens jouer ça fait dix minutes que je t'attends !"

Je me rendis compte que mon meilleur ami s'était réveillé, et que j'étais planté au milieu de ma chambre à penser depuis dix minutes. Je me suis donc dépêché de le rejoindre dans l'entrée de l'orphelinat. Une fois arrivé devant mon meilleur ami, l'étincelle qu'il avait dans les yeux m'interrogea sur ces ambitions de la journée.

-"Qu'il y a t'il Felix ? Tu as l'air d'avoir trouvé un trésor caché !"

Dis-je avec une pointe d'amusement dans la voix. Presque immédiatement, un sourire s'afficha jusqu'à ces oreilles.

-"Encore mieux que cela, viens avec moi à la cabane, dans la forêt !"

Il partit sans me laisser le temps de lui dire que M. John m'avait encore puni, et je le suivit après quelques minutes d'hésitation. J'allais surement me faire gronder en rentrant, mais connaissant le caractère de Felix, il valait mieux le suivre jusqu'à notre lieu de jeu. Une fois arrivé à l'entrée de la forêt, Felix se trouvait devant moi un grand sourire sur les lèvres.

-"Qu'as-tu donc trouvé Felix ? Ton sourire me fais peur . . ."

Dis-je nonchalamment pour le taquiner. A peine deux secondes plus tard, il s'approcha et me donna un cahier. Je le pris et n'osa pas l'ouvrir. Je le regarda d'un air interrogateur.

-"A qui est-ce donc ce cahier Felix ? d'où vient-il ?"

Dis-je en l'interrogeant. Je ne comprenais pas pourquoi me donnait-il ce cahier si soudainement alors que je peinais pour avoir des feuilles pour écrire. En l'espace d'à peine deux minutes, je vis le visage de mon meilleur ami changer pour un visage sérieux avant de me répondre.

-"Eh bien on ne retiens quasiment jamais nos histoires et nos jeux. Et puis, j'ai bien remarqué que tu avais des difficultés à écrire ce que tu ressent en ce moment. Alors je suis allé dans une papeterie à dix minutes d'ici et j'ai troqué avec la vendeuse, une gentille vielle dame, pour avoir ce carnet !"

Suite à ces mots, les larmes me vinrent aux yeux, et quelques larmes perlèrent sur mes joues. J'étais véritablement touché par ce qu'il venait de me dire, tellement, que les mots ont eu du mal à s'extirper de ma gorge. D'un coup, mes jambes me répondirent plus, donc je me suis écroulé sur le tas de feuilles qui recouvrait le sol automnal de la forêt. Je remerciais presque dix fois par minutes mon ami pour son geste vraiment très gentil. Dès qu'il me vit me vider de mes larmes, il s'agenouilla et me pris dans ces bras.

-"C'est rien Peter, tu sais que je ferais tout pour mon meilleur ami !"

Dit-il en souriant, et avec une voix enthousiaste. Il ne me laissa le temps d'essuyer mes larmes, qu'il me releva et alla vers la cabane pour jouer. Je n'osais pas lui dire que j'avais interdiction de sortir aujourd'hui et que je devais renter au plus vite, de peur que mon ami perde sa joie matinale. Arrivés à la cabane, nous reprenons notre histoire là où nous nous étions arrêtés. Nos histoires et nos jeux que l'on gardait secrets avec Felix, rescellait plein de merveilles que nous avions nous même imaginées. Cette cabane, cette forêt, étaient les lieux où notre imagination prenait vie. Nous nous laissions bercer dans les tréfonds de l'imaginaire, notre seul moyen d'échapper à la réalité qui nous enchaînais les pieds sur Terre sans aucun moyen de voler.