Bourse

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Une semaine est passée depuis notre conversation. Je continue de me poser des questions. Mon corps me fait comprendre de ralentir mais je ne peux pas. Au contraire, ma mère a perdu son travail et ne plus payer autant mes frais scolaires. Je dois faire plus d'heures au club ou plus de rencontres spéciales. Je n'en ai absolument pas envie mais je veux rester dans cette école, pour le prestige, pour les cours spécifiques et surtout pour la chorale. Sortir de cette école diplômé et comme bagage avoir fait de cette chorale peut changer ma vie. Un petit pincement au cœur me fait comprendre que j'ai oublié un gros point de pourquoi je veux rester dans cette école mais je refuse d'y penser.

Le problème c'est que j'ai besoin d'argent. Le problème c'est que mes notes dégringolent. Le problème c'est que je peux perdre ma bourse. Le problème c'est que je suis crevé. La plupart de mes matières sont en dessous de la moyenne. J'ai des cernes de trois mètres de long. Je suis fatigué, mon corps bouge beaucoup moins. Je me laisse complètement aller, je n'ai plus le temps de faire du sport pour sculpter mon corps. Ce qui fait que les hommes me donnent moins d'argent. Mon principal client privé principal m'a annoncé qu'il déménageait. Nous n'avons jamais couché ensemble, nous nous offrons quelques fellations de tant en tant mais lui venait surtout me voir pour avoir un peu de compagnie intime. On se faisait des câlins, on dormait ensemble. Il me parlait de ses problèmes. Il payait bien malgré qu'il ne me demande pas grand-chose en échange. Je me suis attaché à lui. Presque comme un ami. Il va manquer mais je dois être honnête, son argent aussi. Comment je vais faire pour joindre les deux bouts sans lui.

Je travaille deux fois plus pour payer une école que je vais finalement devoir quitter à cause de ce dit travail. Je suis en train de me perdre mentalent. Ma mère le voit bien mais elle ne sait pas comment m'aider. Elle me voit dépérir à petit feu.

Il y a bien une personne à qui je pourrais demander de l'aide mais je m'y refuse catégoriquement. Je ne veux dépendre de personne. Encore moins de lui Depuis notre conversation, je ne peux m'empêcher de penser que la personne dont il parlait c'est moi. Me faisant ressentir des trucs. Je peux pas. Il l'a dit lui même il doit avoir un héritier de sang, je ne pourrais lui en donner un. Je n'ai aucun sang royal, je suis métisse, le pire je suis un homme. De plus, je suis sûr que ce n'est pas moi. Il m'a certes dit que j'étais sexy mais il ne m'aurait pas lâché ça comme ça comme ça si vraiment il parlait de moi.

Je ne sais plus quoi faire de ma vie. Je pose ma tête entre mes bras avant de m'endormir. Des secousses me réveillent, me rappelant que je suis à la bibliothèque. J'essayais tant bien que mal de faire mes devoirs, pourtant mes pensées sont parties assez loin. Avant de m'endormir.

- Simon, c'est la fin de la journée, tu vas rater ton bus. 

- Wilhelm...  Mes prunelles plongent dans les siennes, avant que je me mette à pleurer. Sans chercher à comprendre, il me prend dans ses bras. Caressant mes boucles. Ce geste à toujours eu le don de m'apaiser.

- Je veux pas y aller Wilhelm.

Son étreinte se resserre autour de moi.

- Ce que je t'ai dit l'autre jour compte toujours. Si je peux t'aider je le ferai avec plaisir. Mon corps se détache du sien. Mon regard plonge dans le sien. Mes yeux se posent sur ses lèvres. Avant de connecter tous mes neurones, ma bouche se retrouve sur la sienne. Ses phalanges tirant légèrement sur mes boucles. Quand il se met à répondre à mon baiser, je me rends compte de ce qui est en train de se passer. Ce que j'ai fait.

- Je parlais pas vraiment de ça mais si ça peut t'aider on recommence quand tu veux. Ses yeux paupières toujours closes, ses joues rouges. La pulpe de ses doigts effleure ses lèvres. Mon cœur fait des bonds dans ma poitrine, comme s'il voulait s'en échapper.

- Je suis désolé Wilhelm. Je sais pas pourquoi j'ai fait ça. Je... Pardon ! Me dirigeant vers la sortie sans oser reposer mon regard sur le blond.

- Attends !?

Je ne me retourne pas, je mets à courir dans les couloirs, je bosse pas aujourd'hui mais je ne peux pas rester auprès de lui. Mon téléphone vibre dans ma poche. Ma sœur. Elle dort avec Félice ce soir, je ne dois pas l'attendre pour prendre le bus. Bus que j'ai raté. Je ne veux pas déranger ma mère, je vais attendre une heure le prochain bus. J'ai pas le choix, tant que je peux lui échapper. Je récupère mon carnet pour écrire quelques paroles, à peine ai-je le temps de poser la mine de mon crayon sur ma feuille que des pas se font entendre.

- T'es là.

- Pourquoi toi t'es là ?

- Simon ne me rejette pas s'il te plait. Je ne te veux aucun mal. Je veux juste t'aider. Parle moi.

- Si tu veux vraiment m'aider part ! J'ai pas besoin de toi. T'es même une partie du problème...

- Simon...

- Putain Wilhelm tu veux que je te dise quoi ? Que je ne me reconnais pas dans cette école de bourges, que je suis la juste pour la chorale. Que je veux juste être heureux mais que le seul truc qui me rend heureux je ne peux plus le faire. Tout ce que je veux c'est chanter malheureusement je n'ai plus le temps, de plus ma mère à perdu son travail je dois donc faire des heures sup pour payer mes études. Ce qui veut dire que je dois arrêter la chorale. Le seul truc qui me maintenait en vie. Je ne dors plus beaucoup justement à cause de ce travail, du stress que je cause à ma mère car elle me voit tous les jours un peu plus fatigué. Elle se dit que c'est de sa faute. Qu'elle est une mauvaise mère et je n'en peux plus de l'entendre pleurer toutes les nuits dans le salon pensant que personne ne l'entend. Tout ce que je veux c'est la prendre dans mes bras, la rassurer. J'aimerai lui donner l'argent que je gagne mais elle ne veut pas, elle veut que je le garde pour moi et mes études. Avec toutes ces heures je suis complètement éclaté, j'ai à peine le temps de faire mes devoirs, je n'ai plus le temps de réviser, mes notes sont en chute libre. Le week-end je bosse aussi et quand j'ai fini j'aide ma mère et ma soeur. Je n'ai absolument plus de temps pour moi. Tout ça saupoudré de toi qui me fait ressentir des choses non prévues, qui ne seront jamais réciproques. Que même si elles l'étaient  ça n'aboutirait à rien. Si c'est tout ça que tu voulais entendre, voilà ! J'espère que tu es content. Maintenant s'il te plait pars, laisse moi profiter de la seule heure de répit que j'ai depuis longtemps.

- Simon...

- Wilhelm s'il te plait. Le ton suppliant.

Sans un mot il me reprend dans ses bras, dépose un baiser dans mes boucles. Me laissant finalement seul avec moi-même.

StripteaseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant