Par un temps de forte pluie, Lexanne marchait silencieusement sur le bas côté de la route. Des petites gouttes d'eau perlaient au bout des arcs de son grand parapluie gris foncé, tandis qu'elle continuait à avancer en évitant les flaques d'eau. Comme souvent, elle se demandait si Jinger aurait apprécié d'être à ses côtés; mais peut être aussi qu'elle n'aimait pas la pluie. Lexanne ne savait pratiquement rien de son Alter.
Faute de compagnie d'une âme sœur poilue, Lexanne avait Sacha, ce n'était pas si différent. Tous deux étaient meilleurs amis depuis aussi loin qu'elle se souvienne, et Isis - l'Alter de Sacha, une petite hermine très timide - s'était même liée d'amitié avec Lexanne au fil du temps.
La pluie tombait continuellement du ciel, et Lexanne accéléra le pas en arrivant au portail de SLCC (Salt Lake City College).
Son université hébergeait près de 2000 élèves, qui avaient tous - plus ou moins - un niveau scolaire relativement élevé; mais depuis de longues années, sa principale concurrente était la prestigieuse école de St Clair, l'Elite de l'Utah. Au yeux de Lexanne, cette rivalité était futile, et si elle avait pu entrer à SLCC, ce n'était que grâce au statut de son oncle (oui, c'était un peu sa manière de la dédommager vis-à-vis de son père). Non pas qu'elle n'aie pas le niveau requis, le réel ennui était la situation financière de sa mère.Dans sa classe, beaucoup d'adeptes des rumeurs avaient vite étés mis au courant que les frais de scolarité de Lexanne n'étaient prélevés qu'à moitié. Ce qui lui valait malheureusement un tas de moqueries de leur part. Quand on est le mouton noir, on apprend à la fermer.
Pas Lexanne.Elle passa le portail et se dirigea vers sa salle de classe, enchaînant les heures de cours toute la matinée durant.
A midi, elle s'empressât d'aller à la cafétéria. Les épais nuages filtraient le soleil, mais il avait cessé de pleuvoir. Le goudron mouillé scintillait sous les pieds de Lexanne et des feuilles brunes s'écrasaient au sol, portées là par le vent d'automne. Certaines d'entre elles tombaient dans une flaque où elles flottaient à la surface en tournoyant.Dans son dos, Lexanne ressentit un désagréable fourmillement; elle jeta un regard par dessus son épaule et aperçut Ronan et ses deux inséparables trouble fête. Ces trois là, issus de familles fortunées, paraissaient outrés qu'une fille d'un rang social moyen puisse intégrer SLCC, et ils s'amusaient donc à lui rendre la vie dure.
"Tiens donc, la clocharde a de quoi se payer son repas à la cafétéria ?" Ricana Ronan, imité par ses complices. "À ta place j'éviterai de me moquer de la nièce de ton proviseur, du con." Rétorqua Lexanne sans même poser un regard sur son interlocuteur. Il lui retourna d'une voix cinglante "Mais qu'est-ce que tu vas faire au juste ? Tu vas appeler ton Alter ? Ah non, j'avais presque oublié que tu es trop stupide pour en être capable.
-Vas chier Ronan."À ces mots, la vipère du garçon se matérialisa et ses deux complices prirent chacun un bras de la jeune fille.
Une voix s'éleva derrière eux.
"C'est bon, laissez-la tranquille." C'était Sacha, qui comme à son habitude la tirait hors de tous les ennuis. Il était le fils d'un honorable docteur et s'intéressait lui même aux études de médecine; ainsi, tous ses camardes le respectaient.Il s'avança vers eux et fit signe aux deux brutes de lâcher les bras de sa meilleure amie. Ils obtempérèrent non sans le dévisager de manière dédaigneuse puis s'éloignèrent dans le sens opposé.
Lexanne et Sacha tournèrent également les talons et se dirigèrent vers la cafétéria d'un même mouvement. "Qu'est-ce qu'ils te voulaient ?" S'enquit-il. Lexanne lui répondit en haussant les épaules que ces imbéciles n'avaient rien dans leurs crânes et qu'ils cherchaient à la ridiculiser, comme toujours.
Sacha soupira puis lui annonça "Je dois aller rendre sa calculatrice à Oliver avant d'aller manger, j'ai oublié la mienne ce matin alors il m'a filé un coup de main.
-Je te suis." Lui répondit Lexanne avant de lui emboîter le pas. "Ok, il m'a dit qu'il serait au Playground avec son Alter"
Lexanne eu un pincement au cœur à ce renseignement. Elle n'avait jamais eu la chance d'emmener Jinger avec elle dans ces parcs aérés pour Alters, où ils faisaient connaissance les uns entre les autres et s'amusaient un peu. Presque tous les Alters avaient un besoin de sociabilité, souvent à la même échelle que leur hôte.
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ALters
General FictionLes animaux sauvages ont entièrement disparu de la surface de la Terre, et pourtant, on en compte encore des milliards. Chaque être humain possède une âme-sœur animale à laquelle il est étroitement lié; des Alters qui ont une forme spirituelle et ma...