Chapitre 2 ✅

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Salut!
J'espère que tu te portes bien.

Bonne lecture🥰
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Mon adorable père, assis, soupire lourdement avant de se lever face à mon silence, ce qui crée une atmosphère encore plus pesante. Je n'avais jamais été aussi malheureuse, aussi faible, aussi triste. Une larme roule sur ma joue sans que je ne la retienne, puis une deuxième, avant que je n'éclate en sanglots dans les bras de ma sœur.

Celle-ci, de ses mains douces et rassurantes, essuie délicatement mes joues trempées. Mais la panique prend rapidement le dessus lorsqu'elle voit ma respiration s'accélérer et s'affaiblir. Elle me tend ma ventoline, affolée, mais l'étouffement s'intensifie. La crise s'aggrave, et elle se met à crier.

- Papa ! Maman ! Vite !

Leurs pas précipités résonnent dans la maison alors qu'ils accourent vers moi. Ma vision se brouille, mon souffle me manque, et mes pensées deviennent floues. Tout ce que j'entends est mon prénom, répété encore et encore dans un hurlement désespéré. Je m'écroule au sol dans un bruit sourd, emportée par l'obscurité.

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Mais où suis-je?

La blancheur presque aveuglante autour de moi me donne la réponse avant même que je ne puisse y réfléchir. Cette odeur stérile, ces murs immaculés : c'est l'hôpital. Une chaise en plastique est posée à ma droite, et à ma gauche, une soupe claire repose sur une petite table. Elle ressemble plus à de l'eau salée qu'à un repas.

Comment ne pas reconnaître cet endroit par cœur, quand on y passe une partie de sa vie ? Encore une fois, je suis ici, coincée entre ces murs. Pourquoi cela m'arrive-t-il toujours? Quand cela prendra-t-il fin ?

Je fixe le plafond, fatiguée et résignée. Les épreuves de la vie devraient me rendre plus forte, mais parfois, j'ai l'impression qu'elles m'écrasent au lieu de m'élever. Asthme, handicap... Quoi d'autre ? Une petite catastrophe supplémentaire pour couronner le tout ?

La porte s'ouvre doucement, me sortant de mes pensées. Elle entre. La belle infirmière. Elle est là, comme toujours. Ses traits parfaits et son sourire éclatant sont presque irréels. Aucune trace de blessure sur son visage : tout semble si calme et serein en elle. Mais est-ce vraiment le cas ?

Je soupire et lui tourne le dos, trop habituée à sa présence pour m'en réjouir.

- Encore une rechute? demande-t-elle doucement, s'asseyant près de moi.

Elle attrape délicatement mon poignet pour vérifier mon pouls. Je souris tristement à sa question, incapable de répondre. Mon esprit vagabonde, retournant à cet instant précis, à ce moment où tout a basculé. L'accident. Celui qui m'a privé de mes jambes il y a maintenant deux ans. Depuis, je ne peux plus sortir librement, marcher, courir. Chaque sortie s'accompagne d'une peur qui me ronge de l'intérieur. Je me demande encore comment j'ai survécu...

- Tess ?

La voix de ma sœur, Nell, me ramène brutalement au présent. Elle a seize ans. L'âge que j'avais lorsque j'ai perdu ma liberté, lorsque la vie telle que je la connaissais a été détruite.

- Quoi ? réponds-je, agacée qu'elle m'interrompe.

Je sais déjà ce qu'elle va dire. Encore une proposition d'aide. Je n'ai besoin de l'aide de personne ni d'aucune pitié. Cela me rappelle encore ma dépendance. Je dois apprendre à vivre avec et être indépendante malgré mon handicap. Je dois tourner la page et vivre tout simplement en oubliant le passé. Mais comment le faire si une aide m'est constamment proposée?

- Tu veux que je t'aide à aller au toilette ? Demande-t-elle timidement.

Je ferme les yeux, exaspérée. Elle n'a même pas attendu que je le lui demande.

- Pourquoi ? Tu comptais me soulever avec ta force d'insecte ? Je peux encore utiliser ma chaise roulante.

- Non, j'aurais demandé à l'infirmière de m'aider à te porter. Tu en veux ?

- Je ne sais pas...

Ma réponse est froide, sèche. Nell referme la porte derrière elle et revient s'asseoir à mes côtés. Je soupire d'agacement. Pourquoi est-elle aussi insistante? Pourquoi ne peut-elle pas comprendre que je veux être seule?

- Nell, tu veux vraiment m'énerver ?

Je l'aime, vraiment. Mais elle doit apprendre à respecter le besoin de solitude, surtout lorsque je suis engloutie par la tristesse. Pourquoi impose-t-elle sa présence?

- Je voulais juste te tenir compagnie. Tu dois t'ennuyer ici, non ? répond-elle avec un sourire innocent.

- Merci, mais je fais le vœu de rester seule. Tu comprends ? Alors, s'il te plaît, sors.

- Ok... mais si tu as besoin...

- Je n'ai besoin de rien ! Maintenant sors, s'il te plaît.

Nell s'exécute, mais ses yeux larmoyants me font aussitôt culpabiliser. Je sais qu'elle veut bien faire, mais c'est précisément cela qui m'agace. Ce besoin constant de m'aider me renvoie à ma faiblesse, et pourtant... le plus triste dans cette histoire, c'est que j'en ai besoin. J'ai vraiment besoin d'aide.

Je finis par me coucher sur le côté, repliée sur moi-même, comme un fœtus. Lentement, le sommeil m'enveloppe et m'emporte.


- Maman, Nell et moi irons au concert, l'annonce je excitée.

- Non! Ta sœur est en classe d'examen, elle doit réviser. C'est le cerveau de la famille alors que tu es son aînée. Arrête de penser au concert et à la nourriture. Si tu ne dors pas, c'est que tu manipules ton téléphone ou manges depuis cinq bonnes heures. Si tu sors, soit c'est pour un concert, soit c'est pour retrouver ton groupe d'amis. Tu as plutôt intérêt à me ramener de bonnes notes ou sinon je t'abandonne au village.

Je fronce les sourcils, blessée par ses remarques.

- Je connais déjà mes cours et je ne vais pas passer tout mon temps à réviser. Il n'y a pas que l'école dans la vie, j'ai bien le droit à quelques divertissements. En plus de cela, je suis en classe de première, pas en classe d'examen. Promis, je ramènerai un douze de moyenne, maintenant je peux y aller ?

- Dix huit ou rien.

- Maman, je ne suis pas au collège, ce n'est pas facile avec les mathématiques et physique chimie qui me font voir de toutes les couleurs. C'est bon, je vais rester parce que ne comptez pas sur moi pour envoyer un Dix-huit de moyenne.

- Vas-y.

Je saute de joie lorsque mère accepte. Je vais assister au concert d'Aya Nakamura !

Je m'habille en vitesse : un tee-shirt, un jean un peu usé, et je tresse rapidement mes cheveux. Trop pressée, j'oublie de prendre mon casque avant de grimper sur ma moto.

La circulation est dense, mais ça ne me dérange pas. Je zigzague entre les voitures, grisée par la vitesse. Jusqu'à ce que ça arrive.

Mon pied commence à picoter, une brûlure qui monte. Je jette un rapide coup d'œil, mais lorsque je relève la tête, il est déjà trop tard. Mes yeux sortent de mes orbites et les battements de mon cœur s'accélèrent. Un camion. Immense. Il fonce sur moi.

J'appuie sur le frein, mais il ne répond pas. Mon cœur s'emballe. Je panique. Le choc est inévitable.

L'impact est violent. Mon corps est projeté dans les airs, comme une poupée de chiffon. L'air fouette mon visage, et je heurte une vitre qui éclate sous mon poids. Le camion dérape, le chauffeur hurle, tout est chaos.

Je vois le sang qui coule, rouge vif, sur le bitume. Mes yeux se ferment. Le noir m'engloutit.

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L'ABDITUM: Tome 1: Héritage MauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant