La mémoire est un fardeau

Poème en prose sur l'automne

Il est venu un temps où j'ai cessé de fleurir le marbre, le cœur meurtri par le blizzard aux épines tranchantes . Si les feuilles recouvrent peu à peu ta tombe, ce sera bientôt la neige qui recouvrira mes yeux. La mort peuple sa terre d'ermite et de leurs mélopées : ils préparent la léthargie des vivants. Le soleil de novembre s'abrite sous les épais nuages de pluie ; les oiseaux chantent leurs envol en se moquant de ceux qui ne peuvent quitter le sol ; Dionysos prépare le renouveau de son vin et Perséphone retourne déjà bourgeonner les âmes des défunts. Le petrichor embaume la brise de l'arrière-saison ; la fumée échappe à notre souffle ; les mains ne ressentent maintenant plus que la douleur brûlante du froid. Cruelle existence qu'est celle de regarder le dépérissement de la Terre comme un arbre verrait sa robe de feuilles tomber sans pouvoir les ramasser. L'éclipse vient succéder à l'aurore épuisée de labeur. Je me suis couchée avec le soleil hier soir, je me réveille avec le brouillard ce matin. 

⁞ 17 novembre 2022