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   — J'ai dormi longtemps, demanda Kazutora d'une voix fatiguée.
   — Je sais pas, je viens d'arriver, du coup j'en ai profité pour te faire des câlins, expliqua Keisuke.
   Il avait retiré ses chaussures pour les laisser au sol, et était grimpé dans le lit d'hôpital de son petit ami pour le prendre dans ses bras. Il était arrivé une dizaine de minutes plutôt seulement, et il n'avait pas voulu réveiller Kazutora alors il avait voulu dormir un peu avec lui. Il avait bien fait attention à ne pas se mettre sous la couette, afin de ne pas salir le lit avec ses vêtements de jour, alors il était allongé sur la couette et tenait son petit ami contre lui pour le câliner.
   Cela faisait déjà trois jours que Kazutora était à l'hôpital. C'était Ryuko, la mère de Keisuke, qui l'avait emmené en urgence là-bas. Apparemment, il avait fait un malaise dans les escaliers de leur immeuble, et si sa mère de l'avait pas rattrapé de justesse, il aurait pu faire une très grave chute. Keisuke n'était pas là sur le moment, et il s'était précipité à l'hôpital avec panique dès que sa mère l'avait appelé. Il y avait eu plus de peur que de mal heureusement. Les médecins avaient dit que c'était à cause de sa malnutrition, car Kazutora ne mangeait pas beaucoup à cause de ses troubles alimentaires. Ils avaient décidé de le garder un peu plus longtemps en voyant son état, il fallait dire que Kazutora était trop maigre, et puis les cicatrices sur son bras n'aidaient pas.
   Keisuke était un peu contrarié d'être ainsi séparé de son petit ami, il n'avait pas le droit de passer la nuit ici et puis il devait respecter les horaires de visite. Surtout qu'il était persuadé que les médecins s'occupaient mal de lui. Il était sur qu'ils le forçaient à manger, et qu'ils allaient empirer son état de santé mentale. Alors que Keisuke s'occupait très bien de lui tout seul ! Il prenait soin de Kazutora tous les jours et savait comment l'aider à manger, les médecins allaient réduire tous ses efforts à néant.
   — Comment tu te sens, demanda le jeune homme en caressant le visage de son petit ami.
   — Un peu faible, dit Kazutora en se blottissant contre lui. On m'a fait une prise de sang ce matin.
   — Encore ?
   — Hmm... Ils voudraient aussi que je sois suivi par une psychiatre. T'en penses quoi ?
   — Ça pourrait te faire du bien, tu pourrais essayer.
   — Je sais pas... Ça me fait peur.
   — Tu sais elle te mangera pas, elle sera là pour t'aider avant tout, rassura Keisuke en embrassant sa tempe. Et si elle est méchante avec toi je brûle son cabinet.
   — C'est un peu excessif, dit Kazutora avec un petit sourire.
   — Tu trouves, dit le jeune homme avec étonnement.
   — Oui un peu.
   — Il faut être excessif dans la vie. Toi t'es trop doux, t'as besoin de quelqu'un d'excessif dans ta vie.
   — Heureusement que je t'ai toi alors, dit Kazutora en relevant ses yeux vers lui.
   Keisuke le regarda tendrement, avant de poser délicatement ses lèvres sur les siennes et de l'embrasser avec amour. Ses lèvres étaient toutes froides, comme d'habitude. Kazutora était gelé la plupart du temps, comme si son corps était fait de givre. Il avait toujours les ongles violets et la peau blanchie par le froid.
   Keisuke, en revanche, avait toujours chaud. Alors il aimait prendre son petit ami dans ses bras et le réchauffer, tenir ses mains au creux des siennes, et embrasser ses lèvres glacées pour leur transmettre sa chaleur.
   Kazutora était comme un petit flocon, alors il avait besoin que quelqu'un lui tienne chaud.
   — Tu veux pas venir dans le lit, demanda son petit ami en mettant fin à leur baiser.
   — J'ai pas de vêtements propres... Oh, sinon je me déshabille ?!
   — Oui, dit Kazutora en souriant.
   Keisuke se redressa fièrement et commença à se déshabiller en lançant un regard joueur à son petit ami. Il jeta ses vêtements sur la chaise et se retrouva rapidement en caleçon, puis il entra sous la couette chaude et prit Kazutora contre lui. Il fit passer son bras sous sa tête pour lui servir d'oreiller, et passa son autre bras autour de sa taille.
   — T'es glacé, constata-t-il en mêlant ses pieds aux siens.
   — Et toi t'es brûlant, répliqua Kazutora en se collant joyeusement à lui.
   — Je suis ton radiateur.
   — Je dirais plutôt mon feu, c'est plus stylé et sexy qu'un radiateur.
   — T'as raison, en plus moi je suis extrêmement sexy.
   — Oui t'es le plus sexy, confirma son petit ami en déposant un baiser sur ses lèvres.
   Keisuke répondit à son baiser, puis il prit ses mains et les porta à son visage pour souffler sur ses doigts bleutés. Son souffle était chaud, cela lui ferait du bien. Il déposa de petits baisers sur ses doigts, sous le doux regard de Kazutora, avant de dériver sur sa paume gauche et son poignet.
   Son poignet était assez fin, Keisuke pouvait sentir ses os qui ressortaient. Il ne s'y attarda pas longtemps, et continua de descendre, jusqu'à rencontrer la première cicatrice. Elle était assez fine, longue, et toute douce. Elle était parfaitement cicatrisée, elle devait être là depuis un moment.
   — Ça te dégoûte pas, demanda Kazutora avec perplexité.
   — Non, j'aime embrasser tout ce qui fait parti de toi.
   — Mais c'est horrible.
   — Pas du tout. Même si je préférerais que tu ne t'en fasses plus, dit le jeune homme en relevant les yeux vers lui.
   — J'arrive pas à m'arrêter... Je suis désolé...
   — T'excuses pas. Et puis, à chaque fois que tu le fais tu viens me le dire et tu me laisses te soigner, alors je suis fier de toi, murmura Keisuke en prenant son visage entre ses mains.
Kazutora ne lui répondit pas. Il baissa seulement ses yeux pour cacher les larmes qui envahissaient son regard. Keisuke caressa sa joue avec tendresse, en passant son pouce sur sa pommette avec délicatesse. Il n'avait pas menti, il était vraiment fier de lui. Il savait à quel point tenir mentalement était difficile pour Kazutora. Et il était très fier de lui, car il le voyait se battre tous les jours, juste pour lui, et il l'aimait encore plus pour ça.
— Mais je te rends pas heureux, murmura Kazutora d'une voix étranglée.
— Hé pourquoi tu dis ça ?
— T'es toujours triste avec moi, je te tire vers le bas... Je te rends pas heureux, mais... mais je t'aime et je veux pas que tu me quittes, j'ai besoin de toi, je peux pas vivre sans toi, dit Kazutora en laissant couler ses larmes.
— Mon Zou je t'interdis de dire ça, Keisuke en essuyant aussitôt ses larmes. T'es la personne qui me rend le plus heureux au monde, Zou je souris toujours bêtement quand je suis avec toi ! Tu me tires pas vers le bas, c'est moi qui te tire vers le haut, et je te quitterais jamais parce que moi aussi je peux pas vivre sans toi. Alors oui, quand tu vas mal je me sens mal aussi. Mais ça veut pas dire que je suis toujours triste avec toi, moi j'ai assez de lumière pour nous deux, et je peux t'assurer qu'avec toi je suis heureux. Alors s'il te plaît arrête de pleurer, si tu pleures comme ça moi aussi je vais pleurer. Ok Zou ?
Kazutora hocha la tête en reniflant.
— Je t'aime, murmura-t-il.
— Moi aussi je t'aime mon cœur.

I've got my eyes on youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant