All hearts comes home for Christmas

PARTIE 2

Je dépose les derniers tabliers sur les tabourets et vérifie que je n'ai oublié aucun ingrédient sur chaque plan de travail. Ils seront là d'une minute à l'autre et je sais parfaitement que l'attention des enfants ne reste jamais longtemps donc il faut qu'on enchaîne assez vite.

J'ai commencé ce genre d'atelier il y a deux ans, en général j'en fais au moins un par mois, mais j'essaye d'en caler plusieurs durant les périodes un peu spéciales, dans le genre de Pâques ou Noël. C'est Lottie qui gère les inscriptions et on est contents de revoir très souvent les mêmes petites têtes qui reviennent avec joie. Mes ateliers plaisent et on a de plus en plus de demandes.

J'entends la porte d'entrée de la boutique s'ouvrir, et Phoebe accueille poliment notre visiteur. Les enfants arrivent déjà ?

Je ferme les boîtes de biscuits que j'ai terminé juste avant de préparer l'atelier, et qui partiront au chalet dès que j'aurai fini avec les enfants.

- Salut.

Je sursaute et tourne aussitôt la tête vers l'entrée du labo, où Harry se tient, son bonnet entre les mains.

- Salut, je réponds par automatisme.

- Je suis passé au marché, et Lottie m'a dit que tu étais là, il ajoute en descendant les quelques marches pour me rejoindre.

- Tu voulais me voir ?

- Oui... mais tu as l'air occupé.

- J'ai un atelier avec 6 enfants de moins de 10 ans dans quelques minutes... mais j'ai encore un peu de temps. Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je ne veux pas te déranger...

- Harry, tu n'es pas venu pour rien. Dis-moi.

Je ferme une boîte et la pose sur l'autre pour débarrasser un peu le plan de travail du coin de la pièce.

- Tu as fait tout ça ce matin ? il murmure, impressionné.

Je laisse échapper un bref rire et lui jette un coup d'œil.

- Ça ne me dérange pas si tu veux tourner autour du pot pendant des heures... mais je te rappelle que mon temps est compté.

- C'est vrai, excuse-moi. Je me disais que... ça m'a fait du bien de te revoir vendredi, et j'aurais bien aimé qu'on discute un peu tous les deux, si tu en as envie aussi. Comme avant...

Avant, on discutait beaucoup tous les deux. Même après notre séparation on est restés en contact... jusqu'à ce qu'il soit obligé de changer de numéro, et qu'il mette une bonne dizaine de jours avant de me renvoyer un message avec le nouveau. J'ai senti à ce moment-là qu'il n'avait plus autant de place pour moi et que je devais le laisser faire sa vie.

On se regarde pendant quelques secondes, mais je finis par me reconcentrer sur mes biscuits.

- Rien n'est comme avant, tu le sais très bien.

- J'ai changé à ce point ?

- Ça fait dix ans. On a tous les deux changé, et c'est normal.

- Toi tu n'as pas l'air différent.

Je me fais vraiment violence pour ne pas le regarder à nouveau, restant concentré sur mes petites boîtes que je prends le temps de fermer pour m'occuper les mains.

- Ça m'a vraiment fait plaisir de te revoir l'autre jour. C'était... tu vas trouver ça bizarre.

- Dis toujours.

- J'ai ressentis la même chose qu'il y a dix ans. J'étais rassuré, et... comme à la maison. Ça fait longtemps que je n'avais pas eu cette sensation. C'est pour ça que je dis que tu n'as pas l'air d'avoir changé finalement.