Chapitre 13

5 0 0
                                    

Kira n'était plus venue la voir depuis quatre jours déjà et Astra se sentit à nouveau emprisonnée. Elle avait besoin de prendre l'air, elle ne supportait plus de rester enfermée avec ses pensées. Depuis sa sortie improvisée, la jeune fille travailla à nouveau sa perception des ondes, qu'elle retrouvait avec un grand soulagement. Elle travailla aussi son esprit, se forçant à écouter les pensées des gardes postés à sa porte. Elle découvrit ainsi que chaque garde se différenciait par un nombre et aucun n'avait de vraies pensées profondes. Leurs mental se résumait à un espace vide dans lequel flottait leur horaire quotidien. Une seule faisait exception et Astra était persuadée que c'était la garde qui avait parlé avec Kira. Son esprit était protégé par un mur de volonté semblable au sien. La jeune fille n'avait pas essayé de franchir ce mur, un blocage interne l'en empêchait. Elle n'arrivait pas à se décider de violer les barrières mentales de quelqu'un consciemment, sans réelle nécessité.

Les ondes lui apparaissaient plus clairement qu'avant, l'adolescente n'avait aucune séquelle de son séjour sur ça. Elle observa la maison entière, à travers les murs. Quatre gardes faisaient le tour à l'extérieur, deux étaient postés à l'intérieur. Ils faisaient des rondes dans un horaire fixe, réglés comme des horloges.

Au fur et à mesure que le temps passait, la tentation d'appeler Kira en télépathie démangeait Astra de plus en plus. Elle l'avait déjà fait, et la rousse n'avait demandé aucune explication depuis. Mais elle méritait de savoir. Et ça permettrait à la jeune fille d'être sûre que Kira soit au courant qu'elle la demandait.

Giovanni passait de moins en moins, parfois, c'était les gardes qui lui donnaient son repas. Astra sentait les murs de la chambre rapetisser de plus en plus. Elle se réveillait plus régulièrement la nuit, en nage, suite à un cauchemar. Sa famille la hantait, son frère, son oncle, son père. Tout se mélangeait, les bons souvenirs devenaient des cauchemars. Mais le souvenir de la prison, des murs humides, des menottes froides, des coupures, étaient ce qui la hantaient le plus.

Après trois jours supplémentaires, Astra connaissait par cœur les rondes des gardes, et les positions de ceux-ci tout au long de la journée. Ils suivaient tous un chemin différent et précis, de manière à couvrir toute l'habitation. La jeune fille savait également se repérer dans cette immense maison qu'elle n'avait qu'aperçue et connaissait le nombre de personnes présentes. Kira et Liam n'étaient pas souvent là, et, en excluant les gardes, seul Giovanni restait dans la résidence. Il y avait également un sous-sol, mais, soit il était trop profond pour que ses ondes le traversent, soit il était imperméable à celles-ci.

*

Un tic irrégulier empêcha Astra de dormir. Fatiguée, elle observa les ondes pour essayer de comprendre ce qu'il se passait. Une personne inconnue mais pourtant familière lançait des cailloux à la fenêtre. Astra se leva et ouvrit celle-ci. Il faisait noir d'encre, donc la jeune fille ne réussit pas à identifier la personne en bas, mais les ondes de celle-ci devinrent jaunes quand elle passa la tête à travers la fenêtre.

Un projectile plus gros arriva devant l'adolescente qui l'attrapa au vol. Une lettre y était attachée.

Astra. Pas en sécurité. Fuis.

La brunette se pencha encore plus pour essayer d'apercevoir les traits de la silhouette mais ne vit rien de plus que son ombre. Alors, la jeune fille essaya de sonder l'esprit de l'inconnu. Seul un brouillard de joie et de peur revint à Astra ainsi qu'une petite voix cristalline.

"Astra. Fuis."

À ce moment-là, un garde approcha et l'inconnu disparut hors de portée d'Astra. La jeune fille chercha encore pendant un petit temps avant d'abandonner et de fermer la fenêtre.

À l'instant où elle laissait les ondes s'évanouir dans la nuit, elle vit apparaître deux îlots d'ondes. L'un d'eux contenait Liam et Kira, sûrement téléportés par le noiraud du lycée, et l'autre contenait trois autres personnes. Astra supposa qu'un autre membre de la famille Pars était venu. Si pas plus.

*

Le temps s'écoulait lentement. La lettre de l'inconnu et son message revenait sans cesse dans l'esprit d'Astra. Elle se demandait également pourquoi ses camarades étaient venus si tard, et qui étaient les personnes qui les accompagnaient. N'y tenant plus, la brunette troqua sa robe de chambre pour le t-shirt noir et le legging noir qui l'attendaient sur la chaise.

L'adolescente testa la poignée. La porte était fermée. Elle alla à la fenêtre et la rouvrit. L'air frais de la nuit lui fouetta le visage. Il y avait beaucoup de vent.

Sa chambre était au deuxième étage, donc la distance avant d'atteindre le sol devait être aux alentours de dix mètres. Astra eut un mouvement de recul. C'était haut, elle risquait de se faire mal, d'être immobilisée. Le prochain garde passerait, la trouverait là et elle subirait un interrogatoire forcé sur la raison qui l'avait poussée à fuir la résidence des Pars.

La brune réfléchit tout en calmant sa respiration. Qu'avait-elle à gagner ? Sa liberté, des explications à aller chercher. Qu'avait-elle à perdre ? Un emprisonnement plus strict ?

Le vent siffla bruyamment en s'engouffrant par l'ouverture. Astra eut une idée. Elle se rapprocha à nouveau du bord et regarda en bas.

"Ça ne devrait pas être si difficile." se rassura-t-elle. "Bon, je ne l'ai pas fait depuis dix ans, d'accord. Mais qui ne tente rien, n'a rien."

Suite à ses mots, elle ferma les yeux, se concentra pour repérer le moindre mouvement suspect, mais ne vit rien d'autre que six personnes parlant deux étages plus bas et les gardes faisant leurs rondes. Elle avait encore du temps. Elle fixa donc son attention sur le vent, ses ondes, ses bourrasques, ses sifflements, et inspira une grande bouffée d'air pour se donner du courage. Ensuite, elle sauta.

Astra RekkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant