Chapitre 2

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(Carter)

Je me penche en avant et récupère deux haltères et entame une série de vingts pompes au niveau de mes bras de haut en bas. Ma peau est couverte de sueurs suite aux efforts que je fournis, et mon souffle devient un peu bruyant face au mouvement que j'effectue à répétition, j'ai l'impression d'avoir des fourmis qui courent le long de mes bras, c'est dur et rafraîchissant à la fois.

Je donne tout une fois que je franchis la salle de sport, et ayant un seul objectif en tête, faire en sorte de la sortir de ma tête, ce fut comme un traitement que je m'acharne à respecter comme un dingue. Après tout ce temps, j'ai toujours l'impression de vivre en apnée comment est-ce possible ? Aucune idée. Je deviens fou à chaque fois que j'essaie de l'approcher, pourquoi continue-t-elle de me rejeter ? Putain, j'ai grave compris mon erreur, alors suis-je si à blâmer que je ne mérite aucun pardon de sa part ?

Et la question importante est comment j'ai pu en arriver là? Comment j'ai réussi à m'éloigner d'elle aussi longtemps ? Ma tête me crie que c'est un moyen de la laisser respirer et lui laisser le temps de me parler enfin, mais cet organe à la con au niveau de ma poitrine, en a marre de tout le temps ressentir cette douleur de se faire rejeter à chaque fois, j'ai l'impression de sauter dans le vide à chaque tentative de ma part et là ça commence vraiment à me foutre en rogne.

Et pour canaliser toute cette frustration, je me défonce à la salle cinq jours dans la semaine comme un forcené, cherchant à trouver une solution et ignorant les œillades de ses chattes en chaleur.

Une mission qui me paraîtrait difficile à l'époque, mais là, je suis devenu une autre personne qui ne cesse de montrer le meilleur de lui-même afin de la reconquérir peu importe comment.

Putain! On dirait quelqu'un d'autre qui réfléchit à ma place ?

Je secoue la tête et repose doucement les haltères après ma série de pompes. J'étire chacun de mes bras de gauche à droite afin de faire lâcher la pression et me penche pour récupérer les matériels que j'avais utilisés durant deux heures et les range à leur place.

Je sors du gymnase après une douche, et respire l'air frais qui se dégage des rues, en fermant les yeux.
Je ne regrette pas d'avoir commencé le sport, déjà que ça me libère l'esprit, mais également ça me permet de mieux débuter cette journée, qui j'en suis sûr sera aussi longue et épuisante que les précédentes.

Quand je rouvre les yeux, je tombe sur deux femmes dans la trentaine qui me scrutent sans gêne en passant à côté de moi, comme si j'étais de la viande fraîche prête à être dégusté.

Je souffle et rejoins doucement ma voiture garée juste en face de la salle de sport. Je mets le contact et démarre direction à la maison pour me changer et aller au boulot.

........

-Bonjour Monsieur !

Je relève la tête des dossiers que je lisais et souris à la dame qui me fait face, vêtue d'un ensemble tailleur blanc qui rend sa peau pâle encore plus visible, ses yeux d'amandes brillent lorsque son sourire s'élargit encore plus quand je fronce les sourcils. Pourquoi elle est toujours aussi pâle ? Petite de taille malgré son âge Mathilde reste une femme très belle.

- Bonjour Mathilde

Elle avance et dépose un café sur le bureau rempli de paperasse, comme à l'accoutumée et elle débite mon emploi du temps qu'on lui a gentiment donné comme tâche. Lorsqu'elle termine son monologue, et avant de sortir du bureau comme d'habitude, elle me lance toujours.

- Et votre père vous attends dans son bureau.

.....

Quand j'arrive devant la porte de son bureau, je souffle et m'encourage mentalement à rester calme jusqu'à la fin de cette foutue entrevue, qui se déroule quasiment tous les matins sans exception et qui me pompe l'énergie à chaque fois sans exception.

Oui, je me répète !

Mon bras se lève et je toque deux fois avant d'entendre sa voix sèche et souffle une deuxième fois avant de franchir son temple.

Mes yeux se posent directement sur cette personne assis en face dans son bureau qui est aussi terne que les yeux verts de mon père. Son bureau est dépourvu de chaleur, tout est en gris et blanc partant du mur au toit, et tout est rangé au millième près comme une vidéo mise sur pause depuis des lustres. Son bureau domine tout l'étage et à une vue incroyable sur l'ensemble du bâtiment, comme si le propriétaire tenait à montrer son pouvoir.

Je m'avance vers lui et m'assois doucement sans le quitter des yeux.

-Père

-ne t'ai-je pas demander de t'habiller plus correctement !

Comme bonjour, il y va fort, je baisse les yeux sur mes fringues et souris doucement en sachant que ça sera la seule liberté que je m'acharnerai à garder quitte à le rendre fou tous les matins. Je porte un tee-shirt noir simple et un jean bleu, et mes bottes sont assorties à mon tee-shirt, simple et sans prise de tête, quoi de mieux ?

J'ignore sa remarque et entame une série d'explications sur les dossiers que j'ai pu traiter dernièrement partant des chiffres obtenus lors de nos récents événements et finalement terminé sur le prochain qui se concentrera uniquement sur le bénévolat.

Lorsque je termine, je me lève comme d'habitude sans attendre de réponse de sa part vue qu'il se mure dans un silence et se contente d'hocher la tête sans émettre aucun commentaire comme si ça l'amuser de me voir parler tout seul pendant une heure. Mais cette fois il me retient de sa voix dénuée d'émotion et lâche d'un ton sec.

-habille toi correctement dimanche et cache moi ces horreurs sur ta peau, ne me fait pas honte

Je sors de son bureau sans confirmer en sachant pertinemment que j'en ferai qu'à ma tête

Une première fois (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant