Chapitre 1

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Cela ne faisait pas très longtemps que l'escouade Livaï avait été détruite par le titan féminin et par ces mots, le brun ne sous-entendait pas la bande d'adolescent trop bruyant, mais les véritables membres de son équipe. Pétra, Oluo et les autres, dont les corps désarticulés et ensanglantés hantaient encore l'esprit du Caporal-Chef. Appuyé contre la fenêtre de la caserne, ce dernier soupira d'ailleurs en voyant, encore et toujours les-mêmes, se crier dessus en s'insultant. Le poing de Jean atteignit le ventre d'Eren, tandis que ce dernier se jeta sur lui en criant. Il ouvrit le loquet, poussant le verre pour ouvrir la vitre.

- Eh ! Vous deux, je ne veux plus vous entendez ! Ne m'obligez pas à descendre >> Cria-t-il, les sourcils froncés.

Dans la course, les deux requis, et les autres anciens membres de la 104eme brigade d'entraînement se figèrent. La terreur passa sur les traits des deux coupables, qui se lâchèrent aussitôt, se lançant seulement des regards sombres. À l'instant même, le petit homme tourna la tête en entendant des pas, des pas bien de quelqu'un qu'il connaissait bien, suivi d'un petit gloussement.

- Ils ont de l'énergie à revendre... >> annoncé ce dernier, croisant les bras, tout en s'appuyant sur loin de la fenêtre, afin de pouvoir voir à l'extérieur, tout en réduisant la fin de sa phrase en suspendre.

- Je te connais. À quoi pense-tu exactement ? >>

- Il faudrait un bon coup de balais, dans l'aile ouest de la caserne >>

Un haussement de sourcils, suivi d'un sourire mauvais s'afficha sur le visage du capitaine d'escouade. Lançant un regard aux bleus à l'extérieur, il hocha la tête, d'un air entendu << Ah oui, je vois. Très bien >> Posant ses deux mains sur le rebord de la fenêtre, le soldat vétéran gonfla ses poumons << Eh la bleusaille, je vous attends tous à l'entrée de l'aile ouest. Vous avez une mission >>

Mikasa et Ymir devinrent les deux premières à réagir, levant les yeux vers l'étage d'où provenait la voix. Elles filèrent ensuite dans la direction en question, suivi rapidement par le reste du groupe, visiblement surprise, mais ravi de cette nouvelle. Le blond souffla du nez, amusé, tout en reprenant appui sur ses deux pieds, se situant en marche.

- À bien y réfléchir, c'est peut-être un peu cruel >>

- C'était ton idée, Erwin, ne joue pas les bons samaritains après coup >>

- Ahah, tu n'as pas tort. Il est trop tard pour exprimer des remords >>

Et bientôt, seuls les bruits de leurs pas dans le couloir se firent entendre, tandis qu'un silence tombait sur le duo. Un silence conscient des différences d'habitude, moins naturel. Quelque chose que Livaï ressentit sans aucun problème.

- Ne tourne pas autour du pot avec moi >> fit-il vaut, d'un ton sec.

- Tu es certain que tout va bien ? Perdre une escouade entière comme ça, surtout quand tu...>> a commencé-t-il.

Le brun ne lui laissa cependant pas achever sa phrase, tendant vers lui une paume grande ouverte, lui signalant de ne pas ajouter un seul mot. Le commandant du bataillon s'arrête d'avancer, tandis que le Caporal-Chef reprenait la parole.

- Ça suffit, je t'arrête. Pas besoin de ça >> le coupa-t-il grossièrement.

- Comme tu l'as dit tout à l'heure, je te connais moi aussi. Je vois bien que tu n'es pas exactement comme d'habitude >> Erwin tourna son buste vers son camarade, afin de pouvoir lui faire face, tête tournée vers le bas.

- Des soldats meurent tous les jours contre des titans. Il est simplement dommage que mon escouade y soit passé sans avoir pu sélectionné le titan féminin, ni avoir pu sauvé Eren >>

C'était ainsi, Livaï se refermait sur lui-même dès qu'il était question d'entrer dans un sujet comme celui-ci. Pourtant, malgré sa couverture de froideur et d'imperceptibilité qu'il affichait pour tromper autrui, il suffisait de le connaître un tant peu soit pour voir sous les apparences. Le plus grand fronça les sourcils, soupira, regardant le bras de son interlocuteur retourner le long de son corps.

- Je connais l'importance que tu portes à une vie et je sais que tu n'es pas seulement frustrés qu'ils soient morts inutilement. Pas eux >> reprit-t-il plus doucement, presque avec prudence cette fois.

Ce fut au tour du brun de soupirer, serrant légèrement les poings. En effet, Erwin le connaissait bien et bien qu'il fallait souvent insister, c'était l'un des rares avec qui il s'ouvrait parfois sur ses ressentits exacts. Il laissa ses doigts se rouvrir, pendouillant mollement dans l'air, signe de sa première capitulation.

- Il est vrai que j'aurais apprécié qu'ils ne perdent pas la vie dans la dernière mission, mais comme celle d'aucun soldat. La mort n'est jamais belle >> avoua-t-il, le ton un peu plus bas, presque triste.

Il rajoutait la dernière phrase pour se donner bonne conscience, pour ne pas se sentir mal de ressentir en effet plus de tristesse pour ses vies que pour les autres. Cependant, à cet instant, alors que l'homme dirigeant du bataillon allait ajouter quelque chose, une tête blonde claire aux longs cheveux et aux grands yeux bleu fit son apparition au bout du couloir, les interrompant e pleine conversation.

- Tout le monde est là, nous vous attendons Caporal-Chef ! >> annoncé joyeusement, et insoucieusement, Crista.

- J'arrive >> répliqua-t-il du tact au tact.

Se détournant de son supérieur hiérarchique, ce dernier se mit en marche. Erwin resta sur place un instant, avant d'enfin lui emboîter le pas, dans un silence un peu plus léger qu'auparavant, bien qu'il se promettait de reprendre cette discussion un peu plus tard. Il gardait d'avis qu'il n'était pas bon pour un individu de toujours garder ses émotions en lui. Bien que cette personne en question soit le soldat le plus puissant de l'humanité.

Même les démons savent aimer (Eruri)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant