« In my blurred memories » || Minsung

Chapitre 1

Il faisait sombre et humide. Il n'y avait aucun bruit mis à part son souffle saccadé et le bruit des pas lourds de son poursuivant. Il ne savait où il se dirigeait mais il courait. Encore et encore. Sans jamais s'arrêter. Il avait peur. L'homme qui le poursuivait lui faisait peur. C'était encore le même rêve. Nuit après nuit. Et toujours le même réveil : paniqué et accompagné de larmes.

Han Jisung faisait maintenant ce cauchemar toutes les nuits depuis 2 ans. Pourquoi ? Il ne le savait pas. Qui est l'homme qui le poursuit ? Il ne le sait pas. Mais avant son réveil il entend toujours cette même voix l'appeler. Cette voix d'homme crier son nom : "Han Jisung". Est-ce son poursuivant qui l'appelle ainsi ? Ca non plus il ne peut y répondre. Mais ce qu'il sait, c'est que sans ce rêve il n'aurai peut être jamais pu se souvenir de cette chose si futile qu'est la façon dont les autres l'appelaient.

A vrai dire Jisung n'avait aucun souvenir de sa vie d'avant. Après son récent accident d'il y a 2 ans, il a décidé de fuir la ville où il avait vécu si longtemps et tous ceux qu'il était censé connaître pour commencer une nouvelle vie. Il n'avait pas envie de se souvenir de qui il était. Pour être honnête, il a déjà tenté de se rappeler, en vain. Voyant qu'il ne pourrait jamais se souvenir de ses 20 premières années, il a prit la fuite. Enfin, "prendre la fuite" est un bien grand terme. En vérité, cela lui donnait l'excuse parfaite pour prendre un nouveau départ. Il ne savait pas si c'était ce qu'aurait voulu le lui d'avant, mais celui qu'il était maintenant ne voulait pas voir ceux qu'il connaissait souffrir chaque jour parce qu'il n'arrivait pas à se rappeler de leur prénom.

Il s'est donc trouvé un appartement en ville, avec une grande fenêtre qui donne sur la rue comme dans les films. Il n'avait presque rien emmener de son ancienne maison, seulement quelques vêtements et meubles, ainsi que ce rêve. Il avait commencé dès sa troisième nuit à l'hôpital. Toutes les nuits il rêvait qu'il fuyait. Il courait sans s'arrêter, un homme à ses trousses. Il n'y avait rien autour. Juste de l'humidité. Il ne savait ni où il était, ni avec qui. La seule chose qu'il pouvait distinguer lors de ce rêve, c'était la voix de cet homme qui l'appelait. "Ne fuis pas, Han Jisung." Cette phrase le hantait depuis plusieurs années maintenant, et malgré tous ces efforts pour voir le visage de l'inconnu, le résultat était toujours le même : Jisung se réveillait constamment après cette simple phrase, en pleur. Pourquoi pleurait il ? Ca aussi il ne le savait pas. Mais lorsqu'il se remémorait ces mots, une grande tristesse l'envahissait et son envie de crier se faisait plus forte.

Il est vrai que rester avec ceux qui se disaient "sa famille" était certainement une meilleure idée, mais il ne voulait pas avoir à leur infliger le poids qu'il était devenu. De plus, il se plaisait bien dans sa nouvelle vie. Après l'enfer qu'était la nuit, il se préparait et partait travailler. Il était serveur dans un petit café plutôt bien réputé dans son quartier et même s'il ne s'en ventait pas souvent, il avait une assez bonne réputation auprès de sa clientèle.

En parlant de réputation, Jisung était un vrai tombeur. Il ne savait pas s'il tenait ce talent de son lui d'avant, mais sa vie actuelle n'était pas à plaindre côté amour. Enfin "amour" était un bien grand mot. Toutes les relations qu'il commençait ne lui apportaient jamais ce qu'il voulait. Même s'il ne savait pas encore ce qu'il voulait, il sentait qu'il lui manquait quelque chose. Un vide en lui qu'il n'arrivait à combler avec aucun de ses partenaires. Était ce en rapport avec sa vie passée ? Peut-être. Cela ne l'empêchait pas néanmoins de continuer d'essayer. Il tentait sans cesse de se persuader que la prochaine serait la bonne, sans succès.

Ce matin encore il décida de prendre la même route. Il marchait sur les mêmes pierres, devant les mêmes magasins et il lui arrivait même de croiser les mêmes passants, qui comme lui, empruntaient le même chemin tous les matins. Jisung aimait cette routine. Elle lui apportait un sentiment de confort, celui de s'être habitué à vivre seul, celui de s'être construit une vie seul.