DE ROSE À JULIETTE

Chapitre 1 / LES GITANS

Un jour de février alors qu'une nuée de flocons de neige s'amoncelait sur les rives gelées d'un fleuve jalonné d'Histoire.

Elle fît son entrée dans la vie... Par ce passage insaisissable de l'infiniment petit à l'infiniment grand qui restera toujours pour elle, un tunnel ouvert sur un monde réel et imaginaire, où se côtoient rêves et réalités.

Juliette, un si joli prénom qui résonne en tout à chacun avec innocence.
Qui se balade dans l'imaginaire de William Shakespeare. Et qui a inspiré tant de conteurs...

Mais notre petite Juliette ne s'évanouira pas dans les pages d'un livre oublié.
Elle va vivre une merveilleuse aventure, celle d'une vie heureuse au sein d'une famille aimante, qui comme tant d'autres, porte son lot de bonheurs et de peines.

Du haut de ses cinq ans, elle ne perçoit pas encore les problèmes des adultes qui l'entourent.

Elle... Elle ne ressent que leur amour...
Toute cette affection qu'ils lui portent la mènera pas à pas vers les chemins de la découverte.

Un soir, alors qu'elle s'apprêtait à revêtir sa chemise de nuit pour aller se blottir au creux de son lit. Où endormie, elle franchirait ce pont éphémère qui la mènerait au pays de son imaginaire.

Son père l'appela et lui tendit son gilet que sa mère lui avait tricoté pendant le peu de temps libre que lui laissaient les tâches ménagères, qu'elle s'efforçait d'effectuer avec ferveur pour donner à leur charmante petite maison un écrin de propreté et de chaleur.

C'était un soir d'été et l'on commençait à apercevoir la lune miroiter dans la pénombre du ciel, lorsqu'ils sont arrivés.

Ils étaient là, tous réunis sur la place. Sous la canopée des platanes qu'une légère brise animait.
Les amis de son père, ses frères de sang...
Les Gitans.

Effectivement la grand mère de la petite Juliette, était Gitane.
Et tous les ans, à l'époque du solstice d'été, cette grande famille venait se réunir pour passer quelques nuits sur le champs de Mars longeant la Loire, à s'enivrer de fêtes, de chants et de danses endiablées.

Les robes de ces femmes à la peau sombre, tournoyaient autour des feux crépitants.

Juliette, les yeux grands écarquillés, regardait avec admiration les mains usées de ces hommes, frapper les cordes de leurs guitares.

Leurs pieds tapaient la cadence sur le sol et la moiteur des corps qui se frôlaient, dégageait une odeur âcre qui s'évaporait dans l'air.

Elle n'avait jamais autant ressenti de joie et d'émotion ! C'était comme si tous ces gens faisaient partie d'une seule et même famille...
La sienne !

Elle se construisait de cette notion du partage que l'on retrouvait dans le regard de ces gens du voyage.
Tous unis par le lien indestructible de la fratrie.

Ces hommes et ces femmes partageant avec pudeur une amitié sans faille, semblaient sortir tout droit de son imaginaire d'enfant.

Contes de fées ou réalités, tout devenait floue.
C'était comme vivre un rêve éveillé !

Elle gardera toujours le souvenir de ces veillées frénétiques. Elle revoit encore aujourd'hui les étincelles de ces feux crépitants, monter vers la Voie lactée et entend toujours ces rires rassurants carillonner dans l'air.

Le souvenir de ces enfants aux visages barbouillés, qui partageaient avec elle, le peu qu'ils avaient, sans se soucier si cela allait leur manquer...

Elle revoit le visage de son père qui aujourd'hui n'est plus là pour veiller sur elle.

Comme il semblait heureux...

Elle sent encore la chaleur de sa main...
Comme le feu d'un volcan qui jamais ne s'éteint !

Jamais...

Elle n'oubliera tous ces instants magiques et merveilleux.

    P🥀K

Un joli bout de chemin avec les gens du voyage sur une chanson de ...

Kendji Girac