A Cybèle
Sur l'onde du ciel portée par l'écume noire,
Flottent par mille les astres bercés par l'or
Qu'étrangle comme un nu l'indolent froid du soir.Ô pâle terreur qui murmure couchée bas.
Et, passe dans les voiles ou tombent d'âpres Baisers, comme un souvenir dans le val froissé.Éveillée par la valse d'un sentier tout bas,
Des frissons baignent mes mains de ta jugule voix.
Je ne penserai qu'au charme du berceau qui dans son fleuve agité, emporta plus qu'eaux,
Sous les lys blancs, la lumière et la vie, Cybèle.Ruissellent couchés à tes bas comme le râle
Des mers, mes larmes qui embrassent tes peines.Je flotte parmi les astres, bercé par l'or.
Voici que tombent au bas de ta cippe neige et adieux.L'aurore
Regardez comme elle est si belle,
Rosée et pleine de tendresse.
Elle regarde l'horizon joyeux
Se dessiner comme un enfant capricieux.Ses teintes modestes bavent en l'aube nouvelle,
La lune claire dansante dans ses plis.
En son sein se regroupe l'or des nuits,
Et les rayons aux flans rebelles.Dans le nuage lointain se courbent des étoiles,
Au regard nocturne ;
Et l'or des jours charnel,
Vénus, dans sa voûte de cristal.Regardez l'aurore devenue vermeil,
Inconsciente, tracer des routes de soie,
Où tombent la pâleur du soleil,
Comme sur la couronne d'un roi.Amour assassin
Parmi les fleurs, j'avais vu ce regard ;
Des yeux d'émeraude étouffés dans l'océan des larmes.
Tombante sur ses genoux, une robe d'or et de parme,
Baillante à de tristes désirs et à de confus souvenirs épars.J'ai nagé dans la toile assassine,
Où la fleur divine,
A brulé à des amours inconnues
Cette flamme à nue.Elle tenait entre ses mains,
Le crime d'un plaisir malsain ;
Et dans l'eau du lac scintillante,
Où la lune brillante,Exerçait un reflet éphémère,
L'eau emporta l'enfant,
Et la mère,
D'un amour devenu néant.L'amour oblatif
Demain, je regardai par le couché du soleil,
Attendant se tracer sur le ciel vermeil,
La longue ligne blanche aventureuse ;
De la nature capricieuse.Vois-tu, déjà, je te vois,
Courir, haletante entre ces blés murs.
Tu riras sous le vent pur,
Laissant flotter ta robe de soie,Comme le ban d'un mariage.
Et ton corps qui nagera,
Dans les flots imperceptibles ;
Voguera comme quand l'on danse,Sur un ballet.
Et le soir de mes nuits longues et douteuses,
Quand la voute endormie nous observe,
Je tracerai sur tes mains le fond noir où dorment les étoiles.Atrocité
I
Je t'entends hurler comme dans un cauchemar.
Je te voyais, étendue sans l'âme,
Couverte par cette ombre épars ;
Te couvrant comme un bagnard.J'ai perçu, la nuit entre l'horizon,
Enveloppant de soie et d'ocre,
Le spectre des saisons.
Gréves blêmes et inconscients ;Où ce petit nuage gluant recouvre,
Mon âme vide.Là, méditant sous les arbres charmants,
Je pensais, tel un mendiant,
A l'existence heureuse.
Je te rejoints, chère morte amoureuse,Sans toi, je ne suis que l'astre sans la lumière,
Pour l'éclairer.
Je suis perdu et dépeuplé.
La mort panse mes blessures atroces.II
J'arrive des Ténèbres,
Je ne serais vous reconnaitre chère amante.Je fuie la vie qui me guète.
Je vous vois entre les astres obscurs,
Entre la lumière divine,
Qui flotte, si pure.III
Vous avez un regard endormi sur des joues d'arlequine ;
Singulier d'une courbure éphémère.
Votre voix sans qui la reflète,
Raisonne comme le perdu au fond des mers.J'attends vos soucis charmants,
Et vos secrets pénétrants,
Comme l'amoureux attend l'union.
J'ai en moi, à travers ce pontQui me transperse,
L'étrange sensation, de vous qui conta comme dans un rêve,
De votre prunelle, où brille une lune endormie,
Au coin de vos doux yeux perçants ; un ange.Il me semble que je perds les feux de mon noyau,
Infime comme le diamant au fond des terres.
J'attends le retour de ma perle parfaite,
Je vous vous vois au fond de l'eau.XXX
Dès les vers avancées, dans la pleine ainée,
Où vécurent nos armées, j'ai aperçu l'âme nue.
Une belle femme, ivre de tendresse et,
Dont mes yeux lointains ne crurent voir la finesse.
Un cadran fixé à ses pupilles, long d'un mètre,
Et comme pour fuir ce retour dans le vivant,
J'ai commis un crime qui je vous assure,
Ne sera que l'ombre d'une preuve du temps.
J'ai longé l'amertume des sentiers funestes,
Et mon âme détruite de toute molesse,
Echappée comme une belle hirondelle au vent,
Les longerons de sa retraite gaie au temps.
Ah! L'ami, bel être vous assaille et tue.
Gardez vos languissants coeurs dorés que je vis.
Hors de moi, gouverne les esprits que je crus,
Dans l'ancien temps où je gouvernais les parvis.
Embrassez-moi de vos souffles douloureux,
Mon âme qui flambe comme un bois nouveau,
Dont l'étrange brise éteint la braise semblable à l'eau
Et, depuis, en vain j'attendais d'être heureux.