Il était une fois... la fin d'une histoire.

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1...2...10...20...

Elena comptait les secondes comme chaque nuit. Elle était partagée entre laisser la fatigue l'emporter dans un sommeil troublé ou lutter contre ce dernier. Elle ne voulait pas dormir, elle ne voulait plus, c'était trop dur. Elle voulait simplement que la douleur cesse, que les morceaux de son cœur brisé soient recollés.

En réalité, elle voulait simplement qu'il revienne.

Cela pouvait paraître stupide, mais elle vérifiait son téléphone, dans l'attente d'un message de sa part. Elena savait bien que plus jamais son nom ne s'afficherait sur ce petit écran lumineux, mais l'accepter reviendrait à admettre qu'il était parti et qu'il ne pourrait plus jamais revenir.

Elle ne voulait pas croire à toutes ces bêtises qu'on lui avait répétées maintes et maintes fois. « Il reste avec toi, là, dans ton cœur », « Ne t'en fais pas, il te surveille de là où il est. » de belles phrases qui ne servaient à rien, parce qu'il n'était plus là.

Mais au-delà de cette douleur causée par la perte de celui qu'elle aimait, Elena ressentait surtout celle de la culpabilité. Elle pensait qu'elle était la seule responsable de sa mort. Après tout, elle était avec lui lorsque c'était arrivé...

Il fait nuit noire et les arbres défilent à toute vitesse à travers la fenêtre de la voiture. William roule très vite. Peut-être un peu trop. Mais je ne dis rien, préférant ne pas le contrarier davantage.

- Je suis sûr qu'il te draguait, dit-il sur un ton mécontent.

Je lève les yeux au ciel, exaspérée qu'il soit encore sur cette histoire. Il avait très rapidement voulu quitter le restaurant après notre dîner, parce qu'il était persuadé que le serveur essayait de flirter avec moi. Chose dont il est visiblement toujours certain.

- Je suis sûre qu'il a juste voulu se montrer gentil ! réplique-je.

- Eh bien voyons ! Tu es bien trop innocente pour ce monde, souffle-t-il avec tendresse.

Un sourire étire le coin de mes lèvres.

- De toute façon, je ne compte pas changer de petit copain ! Pourquoi le souhaiterais-je alors que j'ai le meilleur au monde ?

Ses lèvres s'incurvent à leur tour.

Après un bref silence, William ouvre de nouveau la bouche, mais aucun son n'a le temps d'en sortir.

Un chauffard arrive à une vitesse folle, nous fonçant droit dedans.

Après cela, plus rien. Juste le noir et un silence sanglant.

Elle se réveilla en sursaut, le corps couvert de sueur, haletante. Son cœur battait à cent à l'heure. Elle tentait de respirer, mais elle n'y parvenait pas. C'était difficile. Les larmes montèrent et elle finit par éclater en sanglots.

Elle ne voulait pas vivre sans lui. Pire, elle ne le pouvait pas.

Respirer était trop compliqué sans lui. Le poids de son absence était trop lourd. Son cœur était trop fragile pour continuer à battre alors que le sien s'était arrêté deux semaines auparavant.

Blottie sous sa couverture, elle avait enfilé son pull préféré. Son odeur y était encore accrochée. Elle fixait le plafond. Encore et encore. Comptant en boucle les secondes qui passaient jusqu'à ce que son réveil sonne.

À ce moment-là, j'essuie mes larmes, enfile des vêtements amples et m'installe devant ma coiffeuse pour camoufler les immenses cernes qui décorent mon visage. Je fais mécaniquement les gestes qui rythment mon quotidien, tel un automate.

Loin des yeux mais près du cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant