Chapitre 3

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Cela faisait deux jours que Zoro avait affronté Boa et son amant. Deux jours qui semblaient s'étirer en une éternité silencieuse, deux jours où la même question revenait encore et encore dans son esprit : pourquoi avait-elle choisi un autre que lui ? Pourtant, il savait qu'il était un homme au grand cœur. Aimable, souriant, même généreux. Mais cette générosité, ce sourire, tout cela semblait n'avoir plus de sens. Son reflet dans les vitrines ne trahissait plus la moindre courbure de ses lèvres. À quoi bon sourire dans la rue ? Qui souhaite vraiment croiser le regard d'un homme souriant, perdu dans ses pensées ? Cela ne ferait qu'attirer les regards, susciter des jugements silencieux. On le prendrait sûrement pour un fou, pensait-il.

Autrefois, ce sourire était presque instinctif, accroché à son visage comme une seconde nature. Mais avec le temps, cela l'avait épuisé. Il s'était lassé de ce masque constant. Fatigué de voir les sourires vides en retour, les sourires qui ne touchaient jamais vraiment les yeux des autres. L'hypocrisie flottait dans l'air comme une vapeur lourde, invisible mais palpable. Alors un jour, il avait simplement cessé d'essayer. Fini les sourires, fini la sympathie superficielle.

Le souvenir de sa rencontre avec Boa restait pourtant vif, ancré dans une époque qui lui semblait si lointaine. C'était un 12 mai, au cœur du printemps. La saison des sakura, lorsque les cerisiers se paraient de leurs fleurs roses délicates. Zoro avait toujours aimé cette période de l'année, cette douceur éphémère qui flottait dans l'air. C'était aussi ce jour-là qu'il l'avait vue pour la première fois. Boa. Une femme dont la beauté l'avait frappé instantanément, non seulement par sa douceur, mais aussi par cette étrange tranquillité qui émanait d'elle. Sa peau semblait aussi lisse que le pétale d'un sakura, et sa voix, lorsqu'elle parlait, possédait un calme apaisant, presque mélodieux.

Ce jour-là, elle était entourée de trois hommes, visiblement agacée par leurs avances maladroites. Zoro, sans réfléchir, s'était interposé. Pas par héroïsme, mais par une sorte d'instinct protecteur qu'il ne comprenait pas lui-même. Il n'avait pas besoin de grands gestes ou de paroles fortes. Son simple regard, un peu dur mais sincère, avait suffi pour disperser les importuns. Boa, soulagée, l'avait suivi, intriguée par cet homme silencieux qui venait de la sortir d'une situation embarrassante. C'était comme ça qu'ils avaient commencé à se parler, sans vraiment savoir où cela les mènerait. Zoro, peu habitué à susciter un tel intérêt chez quelqu'un, s'était laissé prendre au jeu. Petit à petit, ils s'étaient rapprochés. Et avant qu'il ne s'en rende compte, Boa était devenue sa petite amie. Sa toute première relation.

Trois ans plus tard, tout s'était effondré, balayé comme les pétales des cerisiers sous un vent printanier. Mais ce qui le surprenait, c'était l'absence de douleur. Il n'éprouvait ni chagrin profond, ni rage dévorante. Rien. Zoro s'en moquait presque, et cette indifférence lui semblait à la fois libératrice et déroutante. Il réalisait seulement maintenant qu'elle n'était jamais vraiment faite pour lui. Leur relation n'avait été, au fond, qu'un jeu d'admiration. Boa avait toujours regardé Zoro comme une idole, et non comme un égal. Ce qu'ils avaient partagé, ce n'était pas de l'amour, mais une sorte de fascination à sens unique.

Assis sur un banc dans un parc désert, il observait les balançoires vides qui oscillaient doucement sous la brise. Le grincement des chaînes résonnait dans le silence ambiant, amplifiant sa solitude, mais d'une manière presque apaisante. Il était seul, et cela ne le dérangeait pas. Ici, sous les cerisiers dont les fleurs commençaient à tomber, il se souvenait. Ils s'étaient rencontrés un jour de sakura, et maintenant, alors que les mêmes fleurs se détachaient lentement des branches pour mourir au sol, ils s'étaient séparés.

« Quelle ironie... » murmura-t-il pour lui-même, une pointe d'amusement dans la voix.

Il leva les yeux vers le ciel, où quelques nuages effilochés flottaient paresseusement. Il se surprit à se sentir léger, comme libéré d'un poids qu'il n'avait jamais vraiment remarqué avant. C'était un soulagement doux, comme un vent frais après une journée étouffante. Ce jour-là, pour la première fois depuis longtemps, Zoro se sentit bien. Vraiment bien.

Il se releva lentement, laissant derrière lui le parc désert. La vie continuait. Boa appartenait désormais au passé, un chapitre clos, et devant lui, l'inconnu s'étendait, plein de possibilités. Le sourire qu'il esquissa alors était peut-être discret, mais il était sincère. Et c'était tout ce qui comptait.

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Bonjour!! J'espère que cette histoire vous plaît. 
Bonne lecture!!

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