Stella

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TW : Crise existentielle

Lonie vit seul avec son chat et sa porte dans un vieil appartement gris de la ville, près d’une route où la nuit des voitures de sombres couleurs allument leurs phares rouges et jaunissant. 
Lonie ne sort pas de chez lui, il reste là, la plupart du temps dans son vaste salon, près de son ordinateur fixe vieillot, crachotant parfois des pixels. 
Le chat, un chat roux et fin, porte un collier ou son nom en gris représente qu’une lettre en majuscule : << A >>. 
La porte s'appelle Stella en souvenir de cette fée dans ce dessin animé que regarder Lonie enfant. 
Pourquoi nommer une porte ? Eh bien le chat est le seul explorateur du foyer, c’est lui qui donne des nouvelles de l’extérieur à Lonie. Il a un job à plein temps en tant qu'animal de compagnie et à mi-temps en tant que reporteur du monde et du quartier. Bien sûr, le mot “job” peut paraître excessif puisqu’il n’est pas rémunéré par de l’argent et que c’est un chat, mais Lonie et Stella ( si elle était vivante ) pourraient vous promettre que A est rémunéré en croquette et en marque d’affection.
Revenons à cette porte, Stella est donc utilisée par Lonie qui ne sort que pour aller chercher le journal et payer lae livreur.se, mais aussi et surtout par A. 
Quand A était un chaton, Lonie avait bien essayé de lui apprendre à passer par la fenêtre puisque l’appartement se trouvait au rez-de-chaussée, mais le chat ne dépassa jamais le rebord de la fenêtre, il préférait demander que la porte lui soit ouverte. Alors comme les demandes du chat sont fréquentes et que ce bout de bois sert tant à sécuriser l'appartement qu'à laisser sortir, Lonie décida de la personnifier. 
Voilà comment Stella fut baptisée Stella.
-Lonie? Quand A rentra dans l'appartement, un moineau en gueule, il crut d'abord que Lonie ne l'avait pas entendu ou compris à cause de la place de sa proie entre ses dents. 
Mais il le retrouva endormi sur son canapé en cuir brun, la tête tenue par son bras sur l’accoudoir. Le chat décida alors de sauter sur ces genoux, d’y poser le cadavre et de l’appeler plus fort : 
-LONIE! 
Lonie ouvrit les yeux, se les frottèrent et se crispa dès qu’il vu le moineau rougeoyant sur ces genoux. 
-A, enlève-moi ça tout de suite ! 
-C’est pour le dîner, annonça le félin, fier de lui, ignorant la panique de son ami. 
-Quoi?? 
-C’est pour le dîner, répéta l'animal, ne voyant toujours pas un possible problème. 
-Mais enfin, on ne mange pas un moineau ! déclara excédé Lonie. 
-Si, il y a des pubs de viandes sur les abris-bus. 
-Toute viande n’est pas du moineau, surtout celui de ville ! 
-Ha oui ? et tu vas me dire que les chasseurs tuent des moineaux de campagne ? 
-Et bien…, Lonie ne su pas vraiment quoi répondre, existait-il réellement des moineaux de villes et de campagnes ? 
A fâché et vexé de la réaction de Lonie repris le moineau, se coucha près du bureau, la queux enroulés autour de ça proix près de lui, et avertit son ami pour l’envoyer balader : 
-Le facteur est passé.
Lonie soupira, inspecta si son pantalon avait par chance évité le sang du moineau, puis sûr de sa propreté se leva, se chaussa à l'entrée, et tira en grand Stella déjà laissée entrouverte pour que le chat n’est pas de problème pour rentrer. 
Dehors, ( enfin dans le hall ) il retira les clefs de la serrure côté appartement, et se dirigea vers son courrier. Onze boîtes aux lettres vertes, pour onze appartements dispersés par trois par étage, et deux de plus au rez-de-chaussé.
 Une seule lettre si trouvée, à plat, seul. 
-Ho bonjour, lança jovialement une voix.
 Lonie se retourna vers sa voisine, rousse aux yeux clairs, âgée ( cinquante ans peut-être ), ronde et habillée d'une robe. 
-Bonjour, lâcha Lonie à son tour poliment. 
-Vous venez samedi soir ? 
-Où ? interrogea Lonie à l’ouest. 
-À la fête annuelle des voisins. 
-Nous... nous avons une fête des voisins ? s’exclama surpris Lonie vraiment à L'ouest. 
-Oui bien sûr, mais vous ne venez jamais à croire que personne ne vous prévient, rigola la femme, mais devant le visage perdu de Lonie, elle reprit son sérieux. 
-C’est qu’on ne vous cause pas beaucoup, vous êtes un fantôme dans l'immeuble, on voit juste votre porte ouverte et c’est tout. 
-À se dire qu’on connait plus le chat que lui, grommela un homme muni d’un béret et de bretelles qui venait de rejoindre le hall. 
-Géralde un peu de retenue, le gronda sa femme. 
- Bah ! rouspéta l’homme qui sortit de l’immeuble. 
-Excusez-le. 
-Pas de soucis, la rassura Lonie pas vraiment à l'aise devant ce hall éclairé sous la lumière de la rue bruyante. 
Alors, dans le silence du hall, les yeux clairs de la femme restèrent plantés dans ceux de Lonie, ils bougèrent que quand un camion poubelle passa, la voisine souri, dit un au revoir à la va vite et quitta les dalles carrelées de l'entrée. 
-Lonie? questionna A dans l’encadrement de la porte. 
-Mmmh? 
-Il avait quoi ces yeux pour que tu la fixes comme ça ? Lonie se saisit de la lettre, et ferma sa boîte aux lettres. 
-Les couleurs du dehors, je crois. 

Bon, écrire, ok, mais quoi ? Lonie était effondrée sur sa chaise à roulette, entament un cinquième tour de ce manège puérile, la page blanche de son ordi attendait d’être remplie depuis deux heures. Mais voilà des semaines que Lonie n'avait rien écrit, aucun mot sortait, c’était comme si l’activité qui l’avait suivi toute sa vie avait subitement fait c'est bagage pour aller le narguer hors de cet immeuble. 
-Tu piétines ? 
-Oui, avoua Lonie devant son chat qui faisait sa toilette sur le rebord de la fenêtre. 
-Tu as un sujet en tête ? 
-peut-être. 
-Un exemple ? 
-Je ne sais pas, la vie de quelqu'un ? 
-La tienne ? 
-Je dirais quoi ? que je sors trois mètres dans le couloir ? 
A garda le silence. 
Pourquoi Lonie ne sortait pas de son appartement ? il ne le savait pas lui-même, peut-être qu’il avait peur, mais, peur de quoi ? 
Peur que le monde s’envole, disparaisse à jamais comme un nuage de fumée, qu’il ferme les yeux pour ne jamais les rouvrir. C'est-à-dire que depuis ces quinze ans, quand il prit conscience qu’il n’était guère immortel, il avait commencé par gâcher un à un les meilleurs moments de sa vie, passé comme futur, par des questions idiotes, une vision des choses idiotes. Puis il avait essayé de se faire du mal des dizaines de fois et enfin, il s'était reclus du monde extérieur, se croyant en sécurité dans son vieil appartement. Au risque de ne plus avoir de vie sociable, avec seule possibilité de parler : C’est voisin.nes ou lae livreur.se sur son palier et son chat.
Voilà ce qu’il voulait écrire, il voulait déverser une chutes de penser, de couleurs qui crierait qu’il y avait encore de l’espoir qu’un jour il dépasserait son hall, que son corp d’homme mortel cacher une âme qui attendait juste d’être libéré de son emprise, qu’un jour il volerait vivant sans traîner son corp partout avec lui.
-Je t’accompagne dehors si tu veux? demanda A au bout d’un moment.
Lonie fixa les nuages sur fond bleu dehors, Lonie avait un ami, son jeune chat qui avait survécu à cette socialisation éteinte.
D’un coup l’envie lui prit d’accepter cette proposition,...juste pour essayer.
-Seulement sur le trottoir alors?
-Promis.









Les deux côtés de Stella - [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant