elle jette un œil à sa montre. c'est la troisième fois qu'elle le fait en une minute. elle est assise en face de moi dans le métro. elle griffonne sur un bout de papier. je ne sais pas si elle dessine ou si elle écrit. c'est peut-être une artiste... les artistes me font un peu peur... peut-être parce qu'il ont simplement une logique différente de la mienne.
je m'appelle Nicolas Andorre, et je crois être quelqu'un de plutôt simple. je ne me prends pas la tête pour des broutilles. faites en une qualité ou un défaut, c'est à votre guise.
je suis actuellement assis dans une rame de métro un peu trop lente à mon goût, mais qui finalement ne me pose pas problème.
la raison?
la femme assise sur le siège d'en face.ses cheveux blonds sont noués en deux tresses qui se balancent sur ses épaules au rythmes des mouvements de la rame. l'homme assit à côté d'elle la bouscule en se levant pour sortir, ce qui lui fait lever les yeux vers lui.
ce que j'aperçois alors s'apparente à un marron chocolat. et j'en ai la confirmation lorsque son regard croise le mien. elle arpente mes yeux bleus pendant un peu plus d'une seconde avant de dériver vers les tatouages qui recouvrent mes mains. puis elle remonte sur ceux de mes bras, découverts à cause de la chaleur me forçant à ne rien porter par dessus mon t-shirt.
puis elle reporte son attention sur le papier qu'elle tient du bout des doigts, et c'est comme si elle ne m'avait jamais regardé. elle est partie aussi vite qu'elle est arrivée.
elle finit par sortir du métro une station avant moi, avant même que j'ai eu le temps de lui adresser la parole. même si en réalité, j'avais largement le temps nécessaire. mais que je l'ai dépensé en me contentant de l'observer.je pose à mon tour mes pieds en dehors du wagon deux minutes plus tard. j'attrape mon paquet de cigarettes et en sort une par pure habitude, je ne sais même plus si j'en ai vraiment envie. mais à peine l'ai-je allumée qu'une violente averse s'abat sur ma tête.
ma cigarette s'éteint sous les gouttes.
mes cheveux bruns se collent à mon front et je secoue frénétiquement la tête pour tenter de les en empêcher.
je renonce au bout d'environ vingts secondes et me mets à courir
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RED MORNING
Romanceelle me regarde dans les yeux et je sais qu'elle va le faire. un torrent de larmes lui déchire le visage, son amour pour moi est trop fort. si je n'avais pas posé un pied dans ce métro, les choses auraient été différentes. la sensation de froid que...