Un samedi de novembre :
Lorsque samedi arrive et que madame Colin nous appelle Tom et moi en disant qu'elle souhaiterait nous voir, je ne vais pas vous le cacher, nous nous chions dans le froc. Parce que la vie au foyer depuis plus d'une semaine n'est pas top et que nous avons peur de ce qu'elle peut nous annoncer. Sans oublier qu'habituellement, elle ne bosse pas le week-end.
— Putain mais c'est pas l'adresse de son bureau ! m'apprend Tom tandis que nous sortons du foyer.
Il a fallu faire des pieds et des mains pour qu'ils nous laissent quitter les lieux. Il a même fallu que madame Colin rappelle pour dire que nous sortions à sa demande.
— Comment ça c'est pas l'adresse de son bureau ? m'étonné-je en regardant le SMS qu'elle a envoyé à mon frère.
C'est l'adresse de quoi alors ? C'est la question que je me pose durant tout le trajet jusqu'à un petit quartier. Là, je suis obligé de ralentir avec ma moto et je sens Tom gigoter dans mon dos. Casque sur la tête, il semble me parler mais je n'entends pas grand-chose.
Tout en éteignant ma bécane, je retire mon portable qui m'a servi de GPS et jette un coup d'œil aux maisons alentours. C'est un quartier tranquille, loin des HLM où les gens sont empilés les uns sur les autres. Loin des commerces de la ville. Loin des transports en commun. Loin des foyers.
— Là, c'est définitivement pas le bureau de Gwen, confirme Tom en me tendant son casque.
Je lui envoie un regard noir pour lui faire comprendre que je ne suis pas sa poubelle et il garde finalement le casque avec lui.
— Allez, on avance, lancé-je tandis que nous quittons le trottoir pour une pelouse non clôturée.
Une fois arrivés devant le numéro mentionné sur le SMS, Tom me fait comprendre qu'il me laisse l'honneur de sonner, ce que je fais avec un peu d'angoisse, c'est vrai.
Nous patientons quelques secondes et la porte s'ouvre finalement sur madame Colin. Sauf qu'elle ne porte pas sa tenue professionnelle et qu'elle a les cheveux détachés (coiffure qui lui va bien mieux si vous voulez mon avis).
— Tom, Gabriel ! s'exclame-t-elle joyeusement, allez-y entrez.
Comme elle se décale pour nous laisser le champ libre, j'entre dans le couloir. Celui-ci n'est pas grand, mais une armoire a tout de même trouvé de la place. Une armoire en bois alliant modernité et ancienneté.
— Je vous en prie les garçons, suivez-moi.
Madame Colin passe devant moi et Tom me devance. Les mains dans les poches de mon jean car je trouve cette situation de plus en plus étrange, j'avance vers ce qui semble être la cuisine. Et quelle cuisine ! Le mobilier est vraiment récent et est vraiment différent de la petite armoire du couloir. C'est simple, on dirait carrément que l'on vient de rentrer dans une nouvelle maison.
— Vous voulez quelque chose à boire ? J'ai du café, du chocolat, des tisanes, du coca ?
— Je veux bien du coca ! répond Tom, ravi.
Il s'est déjà assis sur une chaise et semble à son aise.
— Et toi Gabriel ?
C'est la première fois qu'elle me tutoie. Le fait qu'elle nous vouvoyait a été compliqué à intégrer car on n'a pas trop l'habitude qu'on nous parle comme si nous étions des adultes. Seulement maintenant, je me rends compte que je m'y étais habitué.
— Je n'ai pas soif, merci.
Puis je m'assois comme Tom, seulement je croise les bras sur mon torse pour faire comprendre à notre assistante sociale que je reste sur mes gardes.
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Les écorchés - Tome 1 : Protection (55/70 chapitres)
Novela JuvenilLa vie de Gabriel Bruges est compliquée. Derrière son allure de punk gentil, Gabriel est un grand frère, un adolescent, un lycéen, un travailleur et un père à ses heures perdues. Alors autant dire qu'il a du mal à tout gérer. Charline Girard n'est...