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Elle est comme une cigarette, récréative mais toxique. Il s'est promis de ne pas trop y prendre goût. Malheureusement, ce genre de promesse ne vaut rien face à l'addiction. Elle agit tel un poison lent dans ces veines qui le tue à petit feu.

À chacune de leur rencontre, il ne peut s'empêcher de réclamer sa dose et elle s'en amuse souvent. Ses collègues seraient abasourdis s'ils savaient... Après tout, sa couverture repose en premier lieu sur l'anonymat. Il se doit d'être discret en tant qu'espion pour le gouvernement japonais.

Accoudé au comptoir d'un bar, sirotant un bon whisky, il ne cesse de penser à l'ampleur des répercussions s'il est découvert et au moyen le plus sûr pour se sortir de ce pétrin dans lequel il s'est mis. Il boit une gorgée et soupire.

Malgré sa situation, Amari affiche une mine conquérante. Ce n'est pas tous les jours qu'il peut empêcher un coup d'état en Angleterre. Se focaliser sur l'objectif à atteindre, il termine le breuvage d'une traite, déterminé à mettre à bien sa mission.

Le jeune homme à la peau légèrement bronzée, des yeux assortis avec des sourcils fins et un visage assez carré. Vêtu d'un costume bleu grisâtre avec un gilet gris, une cravate marron, une chemise blanche et des chaussures noires avec un chapeau assorti, il se doit d'être irréprochable.

Au même moment, une jeune femme entre dans le troquet. Habillée d'une somptueuse longue robe rouge sirène surmonté d'un cardigan noir. Une paire d'escarpins en vinyle ainsi qu'une pochette Chanel en velours complètent la tenue. Sa chevelure réuni pour former un haut chignon maintenu par une paire de baguettes japonaise, son rouge à lèvres carmin subjugue l'assemblée.

Avec grâce, elle prend place au côté de l'agent secret. Le barman s'approche pour lui offrir un verre la saluant poliment.

- Duchesse.

Elle sourit légèrement et se délecte de la chaleur de la boisson. L'agitation ambiante reprend progressivement sous le regard avisé du patron, se souciant de la tranquillité de son illustre invitée. D'une voix douce, elle interpelle son voisin.

- Il est bien rare de vous voir ici, conseiller. Mon mari vous aurait-il laissé votre soirée de libre ?

Amari se tourne vers elle, attrapé sa main et y dépose un baiser en guise de salutation distinguée.

- Vôtre époux m'a effectivement donné quartier libre cette nuit.

La tête baissée, elle pose sa paume sur ses cheveux courts brun, balayés de son visage lui faisant comprendre de se relever. Il s'exécute, plongeant ses yeux marrons dans les pupilles jades de son interlocutrice.

- Vous êtes toujours aussi charmant en dehors de votre cadre de travail, cher ami ?

En entendant ce dernier, il sert inconsciemment le poing. Elle se lève du tabouret et se dirige vers la sortie. Il reste silencieux avant qu'elle ne l'interpelle, presque en chuchotant afin qu'il soit le seul à percevoir le son de sa voix.

- Me raccompagnerez-vous ce soir ? Ou ferai-je le retour seule pour la première fois ?

Sans s'en rendre compte, il est déjà en train de marcher dans sa direction pour lui tendre son bras et la guider dans la nuit obscure. Le chemin se fait calmement, sans un bruit autour d'eux avec la lune pour unique témoin. Discrètement du coin de l'œil, il observe la maîtresse de maison.

Ils se sont rencontrés il y a de ça un an, plus précisément, lors d'un entretien pour le poste de conseiller afin de représenter la maison du Duc Arthur et de la Duchesse Olympe de Winsor. Bien entendu, ce n'était qu'une couverture pour infiltrer le réseau d'armement que son concubin dirige afin de s'emparer du trône.