1866
Un doux soleil frappait sur la fenêtre et faisait sécher les délicates gouttes d'eau de la nuit passée. Cela faisait plusieurs jours que ses rayons flamboyants étaient restés cachés derrière les amas cotonneux. Le jour c'était levé depuis plusieurs heures, et les moineaux chantaient déjà près de la vitre. Dans son lit, Jeanne dormait. Un léger sourire était dessiné sur ses lèvres carmin, un sourire que rendait son visage d'une insolente innocence. Ses longs cheveux noirs formaient comme un épais coussin sous sa tête. A son chevet, une petite boite était ouverte, remplies de lettres de toutes les couleurs. Elles avaient toutes été soigneusement emballées dans une enveloppe blanc immaculé du sceau argenté de la maison Brown.
La jeune femme allongée sur son lit ouvrit lentement ses yeux turquoise. Puis s'assis avec douceur sur son lit. Au même instant, apparu sur le seuil une femme d'une quarantaine d'années. Elle portait une longue robe rosée parsemée de minuscules roses bleutées, ses cheveux avaient été coiffés avec soins en un haut chignon, tel celui qui avait été porté par une célèbre diva Madame de la Loraine lors de la dernière saison. De petites fleurs rappelant celles de sa robe avaient été élégamment disposées sur ses anglaises formées aussi gracieusement que le reste de sa tenue.
Sur son lit de soie la demoiselle était assise et observait avec une joie palpable l'élégant personnage qui se tenait devant elle.
_Miss Brown, je vous ai apporté la nouvelle crinoline de la maison Montreux. Elle est installée sur le mannequin de votre petit salon. Tenez cette robe de chambre, puis descendez, j'ai préparé des pancakes avec du sirop d'érable.
Avec une délicatesse subtile, elle descendit de son lit pour enfiler ses chaussons de fourrures. Tout en en glissant ses pieds fins dans ses douces pantoufles, elle remit en place des plis appliqués de sa robe de nuit. Celle-ci était faite d'un long tissu rose en satin, ornée de minuscules fleurs argentés brodées sur l'avant des manches.
Dans la salle à manger, les talons de la femme de maison s'agitaient en rythme. Jeanne caressa du bout des doigts le tissu de la robe bleue que sa gouvernante venait de déposer sur le buste près de l'un des sofas du petit salon de sa suite luxueuse. En sortant de sa chambre, elle glissa le long de l'escalier pour rejoindre le déjeuner qui l'attendait.
Le matin avait tout juste débuté, mais on pouvait entendre par la fenêtre le bruit des foulées pressés des dames s'en allant dans les boutiques du centre-ville. Elle aimait en cette douceur. Cette pression de chaque pas qui passait devant la porte blanche de la grande demeure londonienne. De sa légère et féminine démarche elle se dirigea sur le seuil du grand salon. Dans un fauteuil en osier installé dans le coin de la pièce, ce tenait sa mère. Chaque matin aussi loin que sa mémoire s'en souvenait, celle-ci restait jusqu'au réveil de sa fille à broder sur son métier de bois.
C'était une femme imposante, on pouvait voir à la vivacité de son regard que c'était une personne de pouvoir. Ses cheveux noirs étaient tressés avec finesse telle une couronne luxuriante autour de sa tête. Sur les extrémités de cette coiffure princière de longues anglaises s'écoulaient élégamment. L'altesse était habillée d'une longue robe de promenade bleu roi orné de volants voluptueux blanc. Malgré sa quarantaine passé son allure restait telle que lorsqu'elle n'en possédait que vingt.
Jeanne s'avança avec grâce et délicatesse vers sa mère, tandis que la femme concentrée sur son aiguille. Lorsqu'elle sentit le poids subtil de la main de sa fille sur son épaule, elle leva ses yeux cuivrés vers elle et lui tendit sa joue rosit par de la poudre de rose. Après avoir déposé son tendre baiser, elle vint s'assoir sur l'une des chaises en bouleau de l'imposante salle à manger. La table était déjà garnie de multitudes de fruits exotiques, de confitures de tous les gouts imaginables et de deux tasses de thé sucré aux fruits rouge. Près de chacune des tasses était disposé une brioche, l'une d'elle était recouverte d'abricot confit et l'autre d'une marmelade aux agrumes du jardin. Au centre du banquet était disposé un immense bouquet constitué d'un tournesol qui semblait illuminer l'intégralité de la table à l'aide de ses pétales imposantes et joviales.
La demoiselle commençait à déguster sa tartine sucrée lorsque apparu sur le pas de la porte la gouvernante Madame Sheller. Elle semblait à la fois excitée et soucieuse. Elle s'avança de la table pour déposer trois enveloppes fermées à l'aide d'un seau. D'un regard suspicieux, Jeanne survola le nom sur chaque des lettres, pour s'arrêter sur l'une d'elle portant les lettres du prénom de Lisie-Anna Brown. Cela faisait plus d'un mois que cette lettre était attendue par Jeanne. Elle était là. Cette enveloppe pouvait contenir un nombre indéfini de choses qui l'intéressait. Alors qu'elle s'apprêtait à déchirer le seau de la pulpe de son index, une main se posa sur son épaule. Sa mère s'était approchée avec légèreté. Un sursaut la saisit et elle inclina la tête lorsqu'elle aperçue la femme à son côté. Prise d'un malaise la jeune femme empoigna la lettre et la glissa dans son enveloppe bleutée. Avant de quitter la pèce à la recherche d'un tant soit peu de calme elle embrassa le front de sa mère, assise désormais face à sa tasse odorante et elle saisi un croissant beurré aux amandes au centre du banquet.
Prise par un entrain soudain elle gravit les escaliers à grandes foulées. Arrivée dans le grand hall du deuxième palier, Jeanne prit le temps de reprendre son souffle. Elle se trouvait à l'étage de son père. Un étage dans lequel elle se rendait lorsqu'il s'absentait et qu'elle avait besoin d'informations capitales où d'une table pour écrire avec une suffisance de lumière. Alors qu'elle reprenait lentement le rythme ordinaire de sa respiration, elle prit le temps d'observer les détails de cette longue avenue, ses moulures ambrées aux arrêtes de chaque mur, le parquet vernis luisant grâce aux reflets intense du soleil matinale passant par une grande véranda, ainsi que chacune des cinq portes brunes, elles portaient toutes une poignée de cristal blanc. Après avoir repris son souffle, elle saisit le pommeau cristallin, le fit tourner lentement pour entrer dans le bureau.
La pièce était imposante, les murs blancs étaient recouverts d'immenses bibliothèques. Le mur opposé à la porte était fait d'une grande fenêtre encadrer de chêne sombre assorti aux bibliothèques et au bureau du centre de la pièce. Celui-là avait étaient gravé dans les angles semblables aux moulures du plafond. Sur le plateau de bois étaient disposé une pile de feuilles classées et organisées à l'aide de la grande finesse qui était réputée à son père.
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Nos roses Rouges
RomanceUn matin d'été de 1866, Lisie-Anna Brown, l'ainée d'une grande famille bourgeoise londonienne, quitte le foyer pour partir à la découverte du monde. Accompagnée d'un de ses plus fidèle compagnon, ils partent à la recherche des tribus les plus reculé...