Prologue

28 0 0
                                    

Des hurlements parcouraient la nuit, par-dessus des crépitements furieux.

La chaleur m'étouffait.

Je suffoquais, et dans une vaine tentative de reprendre ma respiration, j'inspirais faiblement un air brumeux qui me brûla les narines.

Mes poumons en feu, réclamaient en souffrance un air plus pur, et parmi le brouillard qui étreignait mon esprit, je sus que j'allais mourir de l'incendie qui se consumait autour de moi.

Des nausées m'envahissaient la bouche, et je perçus faiblement mon propre gémissement.

Tout me parvenait étrangement en cet instant, et comme si mon corps devenait peu à peu un peu plus lourd à chaque seconde, je me sentais dériver vers l'inconscience, tandis que les bruits de mon cœur battaient à mes oreilles comme un tambour prêt à dégainer ma mort.

Je me sentais de plus en plus descendre vers cet endroit inconnu, alors que de multiples alarmes clignotaient à l'intérieur de mon crâne, celles-ci me hurlant de ne pas céder, sans que je ne parvienne à résister, de plus en plus faible.

Mon corps embrumé me tançait de me laisser couler vers cette noirceur qui me susurrait de venir à elle, et je me sentis perdre du terrain.

Les gémissements angoissés. Mon prénom parmi le brouillard. Mon souffle haletant.

Mon corps saturait sous les informations qui déferlaient de mon cerveau, et je ne voulais plus qu'une seule chose. Que tout ça s'arrête.

Je paniquais un instant, malgré l'étrange brume qui m'obstruait l'esprit.

Je ne voulais pas mourir. Pas tout de suite. Pas maintenant.

Tout ce qui me maintenait encore en vie, c'était cet étrange instinct de survie qui m'empêchait de totalement me laisser aller vers ce lieu inconnu qui me semblait si porteur de promesses, et bientôt, des forces me manqueraient pour continuer à lutter, et je ne pourrais plus lutter contre l'inévitable.

Un désespoir profond m'envahit, avant de disparaître aussitôt, noyé sous une nouvelle vague de douleur.

Je ne voulais pas mourir...

À l'intérieur de ma tête, un déluge d'émotions se bousculaient, toutes plus pesantes et douloureuses à supporter, maintenant que je savais ce que j'allais perdre cette dernière bataille.

Si mes yeux n'étaient pas devenus aussi secs, et que les flammes ne m'étouffaient pas autant, je crois que j'aurais pu en pleurer, jusqu'à m'effondrer.

Je ne voulais pas. Je ne voulais pas savoir qui je laissais là. J'aurais aimé ne plus avoir la possibilité de me rappeler.

D'oublier.

Une dernière demande, rien qu'une seule...

Je voulais qu'on me laisse tranquille, ne plus avoir à penser, finalement que la mort venait frapper à ma porte, perdre cette douleur qui je le savais, sans vraiment en connaître la cause, m'était insupportable.

Un cri se fit retentir au loin par-dessus la fumée.

C'était trop tard. Ils étaient arrivés trop tard. Trop tard...

Une pulsion inconnue me secoua de ma torpeur, et me sortit de la transe presque hypnotique d'où stagnait mon esprit.

Une profonde sensation d'asphyxie m'étouffa, et je suffoquais, lorsque je me rendis compte que j'étais incapable de bouger.

Mon corps luttait.

La voix retentit à nouveau.

Je n'allais pas pouvoir tenir, jusqu'à ce qu'ils arrivent.

Parce que je savais qu'ils étaient là pour moi.

Je me sentais déjà dériver vers l'inconscience, sans que je ne puisse lutter contre la fatigue qui m'accablait.

- Princesse ?!

Avec plus de clarté cette fois-ci, sa voix me parvient.

Un désespoir profond m'envahit.

Je n'aurais pas eu le temps de lui dire que je l'aimais.

Maintenant, que la vie me quittait, je n'aurais plus jamais l'occasion de lui dire que c'était lui que j'avais choisi, que j'étais prête à tout abandonner pour lui.

Lui et lui seul, mon prince noir. Mon seul et unique amour.

Pourrait-il vivre sans moi, finalement que le destin avait décidé de nous séparer pour toujours ?

La douleur reculait à présent, et bientôt, mon cœur s'arrêterait de battre.

Maintenant, que ma vie défilait devant mes yeux, je savais que le regret qui me traversait brièvement sous le voile ténu de la douleur, venait du fait que j'eusse échoué. Je n'avais pas réussi à me battre jusqu'à la dernière seconde. À rester en vie.

Pour entendre encore une dernière fois sa voix me susurrer qu'il m'aimait.

- EMMY !

Mes lèvres sèches m'empêchèrent de me manifester.

La douleur reculait. C'était fini. Je n'aurais pas eu le temps de lui dire au revoir.

L'impression de vide qui me parcourrait peu à peu, m'engloutit tandis qu'un seul nom me parvenait parmi les ténèbres près à m'engloutir.

Gabriel...

Inside MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant