Dans l'auberge

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Il fait froid sur cette petite ville du nord, l'hiver a commence depuis quelques jours à peine et déjà toute la ville est couverte de neige, le château gris démarque au milieu de la pleine blanche des toits couverts de neige, les rues sont toujours aussi animées, voir même plus, on a installé de petits braseros à flammes vertes un peu partout, et les échoppes font toutes ronfler leurs atres, les gens sont joyeux et les enfants jouent dans la rue, prenant de la neige dans les tats qu'on fait les adultes contre les murs pour pouvoir passer avec les charrettes et ne pas s'enfoncer quand on marche, il n'y a qu'une immense flaque de boue pâteuse de neige et de terre au milieu de la route pavé. Je me penche près de la fenêtre de l'auberge dans laquelle je me suis réfugiée aujourd'hui, de l'étage on voit loin sur la rue et même certains toits. Je suis dans la salle principale du second, cette auberge, grande mais très mignonne et bien fréquentée, malgré ses clients du peuple, elle se constitue d'une grande pièce en bas, avec deux grandes cheminée, une derrière le bar, l'autre au milieu de la salle, le conduit traverse l'étage et le chauffe à l'occasion, il y a une quinzaine de tables en bas, et sept en haut, de grandes fenêtres donnent sur la rue, et seulement quatre tables donnent sur elles, deux a chaque étage, en bas, la pièce est sur deux niveaux, l'entrée est un mètre plus haut que le reste de la pièce et les deux tables près des fenêtres aussi, moi je suis à celle de l'étage, il y a toujours un peu moins de monde, et il y a le mur de livre, du côté des fenêtres, je suis juste à côté de ma place. On accède à l'étage par un escalier de pierre sur les cinq premières marches et en bois pour le reste qui s'enroule autour de la cheminée du centre, on peut voir le dessous de la salle, en fait l'étage serait plutôt une mezzanine qui couvre les deux tiers de la pièce, on laissant de l'espace au niveau du bars et de quelques tables, le reste (au dessus des cuisines et le troisième étage sont les chambres. Je me trouve donc à la table contre la fenêtre, je suis un client spécial, je viens souvent, c'est ma table préférée, celle avec une plante grimpante au dessus et avec l'arbre que l'on aperçoit de la fenêtre, c'est un magnifique chêne, maintenant il est nu et blanc de neige, mais il reste beau.

Mon livre ne m'intéresse pas plus que ça, en fait je les ai déjà tous lus, mais il a de belles illustrations, il contient des recettes de cuisine et un herbier, les gravures sont magnifiques, et certaines sont même en couleurs.
Je remue ma cuillère pour faire fondre le miel dans ma tasse de lait chaud et me prend un tartine beurré, normalement je ne mange rien qui provient d'être vivants mais chez lui c'est trop bon, même si je risque d'être malade après.
Je regarde a nouveau par la fenêtre et aperçoit les enfants tourner au coin de la rue, ils ont du voir quelque chose d'autre ou bien ils avaient trop froids.
J'ai laissé une trace de buée sur la fenêtre...

Je laisse-moi regarde dans le vague de la fenêtre quand un regard crois le mien, deux yeux profond et bleus, comme je n'en vois que dans un miroir, il sont interrogateur et intrigués, les longs cils et le nez qui les accompagne me sortent de la torpeur dans laquelle j'étais plongée. Je ne la regarde pas à nouveau dans la fenêtre mais tourne carrément la tête pour regarder a quoi elle ressemble.

Elle est à la table près du conduit de la cheminée, elle n'est pas seule, mais les autres discutent entre eux, elle ne fait que tourner son verre de whisky entre ses doigts en me regardant dans les yeux, son verre est presque vide mais j'en sens l'odeur d'ici, elle est a presque vingts mètres de moi, mais elle a pris le plus fort, elle fait tourner son verre sur la table à l'aide d'un doigt, elle a un sourire désarmant aux lèvres qui m'empêche de détourner le regard, elle a les yeux bleus roi, avec des nuances plus claires, ses lèvres sont d'un rouge presque bordeaux et ses cheveux noirs de jais, coupés en un carré régulier, lui effleurent les épaules, ses doigts sont fins et continuent ce geste circulaire qui fait tourner le verre.

Soudain elle perd son sourire et stop son jeu avec son verre, elle commence par se lecher les doigts humidifiés par l'alcool, un de ses amis ce moque d'elle mais elle ne me lâche pas du regard, elle finit son verre doucement, mais d'un trait, elle le repose délicatement et se lève.
Je détourne le regard et voit les couleurs du ciel commencer à changer, les nuages se teignent peu à peu de rose orangé, et le soleil pointe tout près de la montagne, il vas bientôt faire nuit et je ne sais pas ou dormir, chez mon amie sans doutes, je ne veux pas rentrer au château. J'ai ma joue appuillée sur ma main et je soupire quand je sens le cuir du canapé s'enfoncer doucement. Je sursaute et tourne la tête, mon nez rencontre des cheveux noirs dont le doux parfum m'ennivre, elle se penche légèrement et regarde mon livre, puis me prend sans un mot ma tasse et la porte a ses lèvres, je la regarde boire sans un mot, puis elle repose la tasse et pousse un petit soupir de régal et de bien-être, elle s'intéresse alors à mes mains, elle pose la tête sur mon épaules et me prend la main, le contact me fait tressaillir et sa proximité me fait monter les larmes aux yeux, mon estomac se tord. Mais l'odeur de son corps, de ses cheveux et les effluves de l'alcool me font tourner la tête, alors je pose ma joue contre sa tête et la laisse faire, je vois alors son amie qui me fixe très sérieusement à leurs table, elle me lance un regard interrogateur auquel je reste interdit.

Je la vois de l'autre côté de la pièce se lever, elle s'approche les sourcils froncés, mais ne me regarde plus.
De son côté, elle a lâcher ma main, elle passe désormais ses doigts sur mon visage et cherche mon regard, je l'évite et me cambre pour échapper à ses mains, elle sort alors un petit couteau de sa culotte(le pantalon du moyen âge j'entends) et gratte quelque chose sur la table, puis elle se lève et rejoins son amie après m'avoir lâcher son plus beau regard. Je la regarde s'éloigner et entend son amie lui chuchoter quelque chose dont le sens m'échappe, le soleil est passé derrière la montagne, j'ai raté ce moment, je me met à trembler, puis jette un œil à la table.
Elle est raillée!!
Elle a écrit dessus, sur la table à laquelle je m'assois, elle à laissée un trace qui ne s'effacera jamais, rien ne pourra me faire l'oublier, elle m'a marqué pour toujours.
Le symbole que je retrouve sur ma table est complexe,愛, je ne comprends pas sa signification mais je chercherais plus tard, je prend le livre pour le fermer et je vois que des petits bouts de bois sont posées sur quelque mots, "je", "trouve" et "magnifique " et aussi "j'espère te revoir" griffonner en bas de la page avec un peu de lait en guise d'encre. Je me mets à trembler, le livre est salis aussi, je l'essuie avec mon mouchoir puis l'époussette, je le ferme délicatement puis le range à sa place, je fait un petit tas des copeaux de bois et griffone un mot pour m'excuser et dire que ce n'est pas moi, je pose quelques pièces sur le bout de papier et range mon calepin dans ma sacoche, je descend en regardant par terre, puis traverse la grande salle le plus vite possible, j'entends le patron m'appeler pour me dire au revoir mais je sors le plus vite possible, je m'appuie contre le chêne pour reprendre mon souffle, et je le regarde un instant, il est plus beau avec ses feuilles, je fait donc fondre toute la neige qu'il porte et manie l'eau afin de faire des feuilles de glaces, il est bien plus beau comme ça,avec ses feuilles bleues ciel et transparentes dans lesquelles la lumière du couchant se reflète, je sens mes joue brûler sous mes larmes et je m'enfuie chez mon amie...

au gré de mes enviesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant