the happiest of all the sad endings

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Je vais m'asseoir au troisième rang, comme d'habitude. Je pose mon gros sac sur la chaise à côté de moi et je sors une feuille pour noter mon cours d'histoire. Je prends ma trousse aussi, que j'ouvre, j'en extirpe un stylo bleu aux trois quarts usé. Mon regard se lève vers la porte pile au moment où elle entre dans la salle. Nos regards se croisent, c'est très puissant, j'ai du mal à le soutenir mais je le fais, je tiens aussi longtemps que possible. Je ne veux pas être celle qui va se défiler. Je ne veux plus être celle qui va se défiler. Elle baisse alors le regard en arrivant près de sa table, souriant à sa meilleure amie. Ah, sa meilleure amie, dès le début je n'avais pas pu me la voir.

Je ne saurais même pas dire quand ça a commencé.

Peut-être quand elle a commencé à manger avec moi, tous les midis, ou peut-être plus tard, quand elle passait ses longs doigts fins dans mes cheveux. Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que je l'ai aimée fort, très fort. Si fort que je n'y croyais même pas. Peut-être que j'aurais dû écouter mon coeur, et pas ma tête. Elle serait sûrement encore là aujourd'hui. J'ai fini par faire tout ce que je ne voulais pas faire : la blesser. C'est de ma faute, c'est un fait établi et dont nous sommes toutes les deux bien conscientes.

 C'est de ma faute, c'est un fait établi et dont nous sommes toutes les deux bien conscientes

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Elle pose son plateau et souhaite une bonne journée à la cantinière derrière le comptoir. Chaeryeong est si polie, j'en suis parfois choquée. Ça contraste énormément avec l'image que j'ai d'elle, en tant que quelqu'un de proche. Je l'attends à un ou deux mètres, près de la porte de sortie du self. Elle se lave les mains rapidement et me rejoint en trottinant, me secouant ses mains recouvertes d'eau devant le visage. Je peste un peu, les gouttes d'eau sur les lunettes c'est vraiment embêtant à nettoyer.

« Tu m'emmerdes, Chae. » On marche l'une à côté de l'autre, le dos de sa main frotte au dos de la mienne, je sens bien qu'elle veut la prendre, mais elle attend que je fasse le premier pas. « Prends ma main, vas-y. » dis-je dans un souffle. Ça me coûte de le dire.

« Viens avec moi, s'il te plait. » dit-elle en me prenant la main et la serrant doucement.

Nous ne marchons pas plus vite. Elle nous fait sortir du lycée. Je la regarde, l'air de dire "on a cours, là". Mais je ne dis rien, parce que Chaeryeong, quand elle a une idée dans la tête elle est bien ancrée et elle ne l'a pas autre part. On passe par le centre-ville, on a beaucoup de chance, notre lycée est planté en plein milieu de la ville. On a accès à presque tout, c'est un vrai plaisir. Je crois savoir où elle m'emmène quand elle tourne dans une petite ruelle. Elle continue de marcher, elle est un peu devant moi et les rayons du soleil forment un halo autour de son visage. Lee Chaeryeong, elle est sublime.

Elle a de jolis yeux qui disparaissent quand elle sourit, et de longs cils. Son nez rougit quand elle a froid ou quand elle pleure. Elle a d'adorables lèvres, on dirait du velours, et quand elle sourit ça la fait briller. Ses cheveux ont l'air si doux, et croyez-moi, ils le sont bien. Quand ils volent au vent, ça la représente bien, elle. C'est une âme libre, une amoureuse de l'adrénaline. Elle aime quand ça bouge, quand ça crie, quand ça pleure ou quand ça rie. Chaeryeong, elle aime quand ça vit.

LAST WALTZ, ryuryeongOù les histoires vivent. Découvrez maintenant