Rêve n°Ⅰ

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Je me tourne dans mon lit, regardant le plafond, j'ai passé la nuit à pleurer. Je décide enfin de me lever de mon lit pour la seule raison qui soit assez bonne pour me sortir de ma torpeur : me nourrir. Une migraine m'assaille instantanément le crâne et je suis à deux doigts de me recoucher, mais mon ventre hurle littéralement de faim. Je passe ma porte, essayant de faire le moins de bruit possible sur ce parquet grinçant. Je traverse doucement le couloir et aperçois la porte de la chambre d'Anna entrouverte. À l'intérieur, j'entends maman chanter, doucement la berceuse qui nous faisait nous endormir Anna et moi quand nous étions petites. Je m'arrête juste derrière la porte, écoutant la mélodie et me rappelant ma petite sœur. Je m'assois lentement et me blotti dans le plaid que j'avais emporté avec moi. J'écoute maman chanter et les larmes recommencent à couler. Quand maman arrête de chanter, je me relève sans aucun bruit et retourne dans ma chambre. Je me recouche, oubliant les grognements de mon estomac. Maman à repris sa chanson, je l'entends depuis ma chambre. Je m'endors en chantant avec elle.

Le dîner fut l'une des plus grandes épreuves, la table était mise comme d'habitude, quatre assiettes avaient été placées autour de la table. Papa se glisse dans la salle à manger à côté de moi. Il regarde la table, puis il lève les yeux vers maman, déconcerté. Il s'approche de la table et retire la quatrième assiette. J'avale ma salive et lutte contre l'envie immédiate de pleurer. Papa range l'assiette et les couverts d'Anna et je prends conscience, pour la première fois que plus jamais nous ne pourrons prendre de repas en famille. Nous mangeons en silence, maman a le regard vide, papa le regard triste et moi, remarquant pour la première fois la froideur de cette maison sans ma sœur. Après le dîner, je n'ai pas adressé un seul mot à mes parents et je remonte me morfondre, seul.

Je repasse devant la chambre vide d'Anna, la porte est fermée. J'entre à pas de loups, les rideaux sont grands ouverts et le soleil des soirs d'été envahi la pièce. C'est la seule pièce de la maison qui a gardé ses couleurs. Je me promène dans le labyrinthe de meubles, vêtements et de cahiers qu'elle a laissé derrière elle. Je souris, sa chambre est un vrai bordel mais je sais que maman n'aura jamais le courage de la rangée. J'entends soudain toquer à la porte, maman se tient adossée au mur.

- Qu'est-ce que tu fais là, me demande t-elle, pas sur le ton d'une question, ni pour me gronder, elle le dit sans aucune émotion particulière.

- Je ne sais pas, c'était vrai, elle me manque je crois.

Maman soupire et vient me rejoindre dans la chambre, elle me prend dans ses bras comme pour ne pas tomber.

- Elle me manque aussi...

J'eut l'impression qu'elle allait ajouter quelque chose mais elle se tut et nous sommes restées quelques instants dans les bras l'une de l'autre avant qu'elle me dise d'aller dormir.

Anna n'est plus là, j'ai l'impression qu'une partie de moi est en chute libre rien qu'à cette idée. Je ferme les yeux essayant de ne penser à rien d'autre que le rêve que j'ai envie de faire, je me tourne sous ma couette, termine un livre entier, en vain. Je prends donc mon téléphone et j'ouvre Instagram. Je regarde les story rendant hommage à ma sœur, photos, textes, vidéos, chaque story me rappelle l'absence de ma sœur et le vide profond que je ressens depuis trois jours s'intensifie. Je regarde les messages que m'ont envoyés mes amis, tous des messages de soutien. En larme j'éteins mon téléphone et finis par regarder les étoiles jusqu'à la fin de la nuit.


Before i dieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant