La lune brillait au-dessus du lac sacré, se reflétant sur sa surface calme tel un disque laiteux. Cette splendide étendue d'eau, source du pouvoir du peuple des Wija, était l'origine de leur incroyable communion avec leur environnement. Non pas que cet endroit fut la résidence d'une quelconque divinité, bien au contraire car cette tribu ne croyait en aucun dieu. Non, pour eux, ce sanctuaire représentait la puissance et la beauté de la Nature, vitale pour tous.
Malgré tout, même dans ce lieu idyllique des tensions existaient. au sein même de cette communauté, qui semblait au premier regard parfaite et unie, un profond désaccord séparait la population en deux : le progrès. Une grande partie des Wija --un peu plus que les trois quarts-- pensait que l'évolution était primordiale, que l'espèce devait se moderniser ; quitte à perdre les coutumes et tradition de leurs ancêtres, transmises de générations en générations.
Mais une toute petite part de cette société tenait à protéger toutes leurs valeurs et ne voyait pas l'intérêt du changement si cela apportait la destruction de l'écosystème dans lequel ils avaient toujours vécu. Ce groupe se considérait comme les Gardiens du Lac sacré, chargés de protéger l'environnement. La meneuse des gardiens, Raila, se battait plus férocement encore que les autres pour conserver ses principes mais avant tout sa liberté.
En dépit des nombreuses mise en gardes des Gardiens et des promesses de la part des "Wija modernes" , les actions concrètes étaient très limitées et le situation se détériorait de plus en plus. Comme si le l'état du lieu qui les avait vus naitre et grandir ne les préoccupait que très moyennement. Certes, progresser était utile, Raila le savait, mais la façon dont les progressistes reniaient et piétinaient leur origine et l'environnement , ça, c'était inadmissible ! Il fallait de toute urgence trouver un compromis !
Un mois plus tard ...
- Comment ça, vous avez coupé les arbres ?! Hurla Raila. Nous avions un accord !
- Désolé, mais ils prenaient trop de place, rétorqua son interlocuteur. Et puis, ce ne sont toujours que quelques arbres...
- QUE QUELQUES ARBRES ?! Les arbres sont notre avenir ! Tu ne paie rien pour attendre !
- Oulala , j'ai peur...
Et ce conflit dura plusieurs années, sans que les Gardiens ne soient pris au sérieux. Ils savaient qu'il y avait peu d'espoir, qu'ils étaient en minorité. Mais pouvaient-ils vraiment abandonner et livrer leur Terre à une mort certaine ?
Le changement pouvait être utile, mais celui-ci était trop brusque ; et si personne ne faisait rien , le déclin du monde serait inexorable. Tout le monde devrait agir, chacun à sa mesure , afin de maintenir l'équilibre. Sinon, il ne resterait bientôt plus rien à sauver.