Chapitre 1

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Sakurako est une fille de 17 ans... ou peut-être 16. On ne sait pas vraiment, et on ne le saura probablement jamais. Comme les autres ? Presque. Elle est... particulière. Pas étrange, juste elle-même. Parce qu'au fond, la normalité n'existe pas. Il y a seulement toi et la façon dont tu veux que l'on te perçoive.

On la considère comme "différente", mais personne ne le sait. Personne ne doit le savoir. Pour son bien. Pour le bien des autres. Et surtout parce que la vie de ses parents biologiques repose sur l'ignorance des gens.

Il y a des choses qui ne s'expliquent pas. Des vérités qu'il vaut mieux taire, laisser enterrées... Laisser au passé.

Mais on n'oublie jamais vraiment, n'est-ce pas ?

Il y a 17 ans

Une nuit sans lune, sans étoiles, sans lumière. Une nuit où les fantômes, longtemps oubliés, longtemps détestés, sortent de leur ennui, émergent de leur désespoir et viennent hanter les vivants...

Pas vraiment la nuit, sans être tout à fait le jour. Peut-être une aurore. Peut-être un crépuscule. Ce moment fugace où la lune, presque oubliée, rencontre enfin le soleil tant désiré.

Une ombre glisse furtivement sur le chemin menant à une grande maison. Elle doit appartenir, au vu de sa taille et de son élégance, à un haut fonctionnaire... Toutes les lumières sont éteintes (NDA : C'EST PAS VERSAILLES ICI), les volets clos. Seul le sifflement discret d'une brise rafraîchissante trouble la fournaise de cette nuit d'été... Pourtant, certaines choses ne disparaissent jamais vraiment. La chaleur humaine, bien que ténue, imprègne encore les lieux.

Là-bas, une silhouette longue et mince vacille dans le vent comme un roseau. Elle attend sous l'avancée du toit, à peine visible dans l'obscurité brûlante. Une petite ombre frêle s'approche sans bruit.

L'ombre tend un paquet. La silhouette le saisit avec une infinie délicatesse, comme si ce qu'il contenait était plus précieux que sa propre vie, plus fragile que du verre ou de la porcelaine. Puis, sans un mot, elle disparaît, engloutie par la nuit.

Dans les rues désertes de Lijiang, noyées sous un brouillard opaque, seule reste l'empreinte d'un mystère.

(NDA : Lijiang est une ville du nord-ouest de la province du Yunnan, en Chine. Elle est habitée par les Naxi et plusieurs autres minorités ethniques. Personnellement, je la trouve très mignonne, vous pouvez aller voir si vous voulez !)

Une brève lumière révéla le visage de la silhouette, sculptant une beauté brute, presque irréelle. Une beauté de "mâle". (NDA : Moi en train de demander à Fumi si je rajoute "alpha" ou si c'est too much, et Fumi qui s'étouffe en direct avec son café.) Pure, mais dure. Brûlante, même.

Et dans ses mains, un enfant. Une petite fille qu'il nomma Sakurako, la fille des cerisiers. (NDA : j'ai juré.) Un choix étrange pour une enfant née en plein été...

En grandissant, elle développa une particularité troublante : des yeux d'une couleur indéfinissable, parfois changeante. C'était une anomalie. Là où presque tout le monde avait les yeux noirs—ou, avec un peu de chance, marron ou vert gris—ses prunelles inhabituelles attiraient les regards. Et à cette époque, en ce lieu, c'était un fardeau plus qu'un don. Car nombreux furent ceux qui la convoitaient.

Son père adoptif, inquiet pour elle, lui imposa une règle stricte : ne jamais lever la tête. Toujours garder ses yeux cachés sous sa frange ou fermés. Il ne fallait pas qu'on les voie. Il ne fallait pas qu'on en ait peur.

Mais ce n'était pas son seul fardeau. Sakurako était de ces beautés aux cheveux noirs de jais, celle qui attire autant les hommes que les femmes. Un danger supplémentaire. Elle devait faire preuve d'une prudence extrême, sous peine de voir son secret éventé. À aucun prix, personne ne devait savoir.

La goûteuse impérialeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant