Flammes

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« Qu'est-ce que tu fais ? lança-t-il d'un air amical.

-          Je veux pas te parler, répliqua-t-elle, alors qu'elle était tournée vers le sud, le reste de la caravane dans son dos.

-          Oh... d'accord. Si jamais...

-          Je ne reviens pas. Si je reviens et que tu as un minimum de respect pour moi, empêche-moi de continuer. Ignore-moi, repousse-moi, fais ce qu'il faut...


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                Dans un monde où le cœur n'est plus un organe mais une flamme rougeoyante, tout juste dissimulée par des cheveux trop longs, une caravane avançait doucement vers le sud. Il n'y avait d'autres destinations que la fin du monde, le périple continuait aussi longtemps qu'il restait des personnes pour voyager. Parmi ces gens, une jeune fille qui avait justement les cheveux trop longs. Elle n'était pas là depuis très longtemps, et comme tout début d'aventure qui se respecte, tout allait bien. Le groupe avec lequel elle cohabitait était le meilleur possible. Des esprits variés et puissants, des flammes inébranlables.

                Tout se passait bien, elle apprenait à connaitre tout le monde, et ce fut probablement les semaines les plus épanouissantes depuis bien longtemps. Mais un jour, l'hiver arriva. L'hiver et toutes ses significations. La rareté des ressources, les fêtes pour célébrer la fin de l'année, mais plus simplement : le froid. Un temps maussade qui, parfois, fait vaciller une flamme.

                La jeune fille savait. Elle savait que sa flamme vacillerait. Elle s'y était préparée. Et ses nouveaux amis pouvaient l'aider. Mais quand le premier vent commença à souffler, elle ne put que tomber à terre...

                « Qu'est-ce que tu as ?

                Un cercle s'était formé. Il y avait peu de personne, mais ils l'entouraient, la dévisageant tandis qu'elle insufflait son énergie afin de conserver sa flamme.

-          J'ai mal.

-          On est là pour t'aider, tu sais ?

                Elle releva la tête, un sourire aux lèvres. Ils l'avaient dit eux-mêmes. Ils pouvaient l'aider. Mais après quelques instants, sa bouche fut déformée par un rictus de douleur. La jeune fille regarda la flamme faiblir un peu plus, et leva de nouveau les yeux. Aucun ne bougea. La douleur se fit plus forte et elle se recroquevilla sur elle-même. L'un d'entre eux fit un pas en avant et tendit la main.

-          Il faut continuer de marcher ! »

                Il lui sourit et l'aida à se relever avant de partir. Les autres firent de même et elle se retrouva seule, la main serrée autour de son cœur pour le protéger du froid. La jeune fille décida de les suivre, alors qu'ils reprenaient le rythme de la caravane. Plusieurs jours passaient et le voyage continuait. Mais le vent ne faiblissait pas. Malgré cela, elle continuait. Parce qu'il le fallait.

                Un jour, alors qu'elle luttait pour se maintenir à bonne allure, elle passa devant un de ses amis. Il soufflait doucement sur sa flamme pour l'attiser. Elle s'approcha doucement et se pencha sur lui.

                «  Je peux ? »

                Il leva les yeux vers elle et acquiesça. Elle plaça ses mains sur sa flamme et lui insuffla l'énergie qu'elle pouvait donner. Elle voulait, de toute son âme, qu'il se sente mieux et qu'il puisse continuer à avancer. Elle voulait que tous ceux qui l'entouraient continuent à avancer. Même si pour cela elle devenait plus vulnérable.

AveuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant