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- As-tu perdu la tête ? Te rends-tu comptes de ce que tu demandes ? Il est absolument hors de question que ce maudit dragon sorte de son cachot, ça serait trop dangereux...
Et patati et patata, ça y est, je l'avais perdu. Il était parti dans un de ses fameux monologues, m'expliquant encore une fois à quel point ces êtres étaient dangereux, vils... Bizarrement, lorsqu'il se mit à me les décrire comme tel, un sentiment de dégoût face à son opinion sur eux, pointa dans mon esprit. Pendant quelques secondes, je me pris à croire qu'ils n'étaient peut-être pas aussi mauvais qu'ils en avaient l'air, après tout Jungkook devait bien avoir raison, ils n'étaient pas de vulgaires animaux. J'aimais à croire que Jungkook disait vrai, je voulais que ce soit la vérité, car si ça l'était, peut-être que j'aurais des réponses à mes questions.
Mais pour l'instant, il fallait stopper mon père qui me parlait... Me parlait de quoi d'ailleurs ? Je n'écoutais plus rien de ce qu'il disait depuis le mot sauvage. Et je me demandais ce que le mot purée venait faire dans sa phrase sur la guerre. Une métaphore, je présume ?
- Vous voulez que je récolte des informations pas vraies ?
- Oui, mais...
- Alors laissez-moi faire. Écouter depuis que je l'ai soigné et mis des bracelets, il est comment dire... plus confiant, il s'ouvre un peu plus. Alors si on lui laisse des sorties peut-être que je pourrais en apprendre plus.
Bien sûr, j'omis de dire que c'était surtout des réponses à mes questions que je voulais, ainsi que mon souhait de lui rendre son séjour plus agréable on va dire. Il faudra d'ailleurs que je pense sérieusement à arrêter de penser à lui comme à un ami, et surtout de m'attacher à lui, après tout, c'est l'ennemi, et il n'hésiterait sûrement pas à se servir de moi si je lui en donnais l'occasion. Et comme je viens de le dire à mon père, j'ai une mission, mais plus le temps passé, plus je l'oubliais.
- Ton idée et valable, les gardes m'ont confirmé que « vos relations » si je puis dire, étaient meilleures qu'avant. Mais ma réponse reste négative. Maintenant, j'ai d'autres choses et personnes à voir donc si tu permets.
- Mais...
- Taehyung, ça suffit !
Déçu. Je sortais de son bureau. Mon père venait de refuser, mais j'étais aussi têtu qu'une mule, c'est donc plus déterminé que jamais que je prenais ma décision.
Presque une semaine s'était écoulée sans que je n'aille voir Jungkook. Cela m'avait fait bizarre d'ailleurs de ne plus le voir, si j'écoutais mon subconscient, je pourrais jurer qu'il me manquait. Mais un prisonnier ne peut pas nous manquer, pas vrai ? Pourtant, il y a quelques jours de cela, j'avouais m'être attaché à lui un minimum. Je me posais encore la question du pourquoi du comment d'ailleurs. C'est vrai que j'avais appris à lire un minimum en lui, qu'il semblait beaucoup plus intelligent qu'il en avait l'air, que grâce à lui je pourrais apprendre des choses... Mais jamais je n'aurais dû me laisser charmer et m'attacher même rien qu'un minimum à lui, je n'en avais pas le droit. Le fait de ne pas l'avoir vu pendant quelques jours me permit de prendre du recul sur mes sentiments, et je voulais me convaincre que cette idée était la bonne. Pourtant, tout au fond de moi, je savais qu'il me manquait, et pas uniquement parce qu'il était devenu « ma routine », et cela je devais l'empêcher, je ne connaissais rien de véritable sur lui en plus.
Et pourtant, si je n'étais pas allé le voir pendant tout ce temps, c'était uniquement pour faire barrage contre mon père. Je me disais : c'est pour la mission. La mission, tu parles, elle passait au second plan, au fond, je voulais toujours lui rendre son séjour plus agréable. Le simple fait de le reconnaître me donnait des envies de meurtre envers moi-même. J'avais l'horrible impression de trahir les miens, fin pas vraiment mais presque, c'est comme si le fait de vouloir en apprendre plus, de vouloir un minimum son bien, me détournait des miens et me souiller et eux avec. Mais je continuais de persister dans cette voie qui me tiraillait entre deux consciences, à la fois bien distinctes et affreusement proches.
Lorsque mon père vint me trouver dans ma chambre un matin, j'avais décidé de me refuser tous attachements supplémentaires et autres. Mais quand il m'annonça que mon « blocus » avait fonctionné, que Jungkook pourrait avoir des sorties quotidiennes, je dus me retenir de ne pas sauter de joie. Ma décision, de ne pas aller le voir afin d'obliger mon père à m'accorder ce que je demandais, avait fonctionné à merveille. Le simple fait de ne plus recueillir de potentielles informations, devait l'avoir décidé.
C'est avec joie que je me rendis à nouveau au cachot, la clé de sa cellule en main et tenue de combat apprêté juste au cas où, même si je doutais qu'il tente quoi que ce soit au milieu de la cité et sans pouvoir.
Père m'avait donné des consignes très claires, interdiction de l'emmener dans les quartiers réservés à la préparation des batailles, dans l'aile des conseillers et de tout ce qui touche à l'information sur nos plans que ce soit de la cité, de batailles et sur les habitants. Sinon, je pouvais l'emmener où je voulais. Nos destinations du jour serraient la douche et la cuisine de Seulgi, qui est bien meilleure que ses repas tous prêts.
Une fois devant sa cellule, je vis une personne encore plus abattue qu'à l'accoutumer, était-ce parce que je n'étais plus venue ? La culpabilité m'assaillit, mais je décidais de ne pas y prêter attention. Après tout, je l'avais fait pour une bonne cause au final. Quand il tourna son regard vers moi, la surprise et ensuite la méfiance apparut dans son regard avant de redevenir impassible.
- Tiens, je croyais que tu avais abandonné, que tu ne viendrais plus.
- T'as cru que j'allais te laisser te morfondre tout seul, alors qu'on m'a assigné mon rôle de gardien ?
- Ma foi, tu as disparu soudainement pour ne jamais revenir. Et que me vaut cette tenue ?
- À ça ! Figure-toi que la dernière fois, tu m'as donné une idée, mais pour que mon père l'accepte, j'ai dû, comment dire rusé. Alors je ne suis plus venu te voir.
- Et quelle est cette splendide idée ? L'ironie pointée dans sa voix.
- J'ai réussi à d'accorder des sorties quotidiennes.
- C'est un piège ? Suspicion, surprise, je ne sus ce qui dominait.
- Non ! Tu n'avais pas dit que tu souhaitais une douche ?
La tête qu'il tira quand je lui sortis cette phrase était à tomber par terre, je ne pus m'empêcher de rire en la voyant. Une fois ma crise passée, j'entrepris d'ouvrir sa cellule. Il hésita alors un moment avant de se décider à franchir la grille. Il dut analyser tous les bruits environnant avant. Lorsqu'il fut face à moi, je me rendis compte qu'il était plus grand que je le pensais. Il devait facilement avoisiner le 1m80, Jimin était vraiment plus petit.
Une fois la cellule refermée, je lui fis prendre un chemin qui nous mènerait directement dans le couloir où réside ma chambre. Une fois arrivée, Jungkook dut fermer les yeux et attendre qu'il s'habitue à la lumière pour continuer à avancer. Une fois qu'il fut en pleine lumière, je pus admirer son corps qui tout comme sa taille était comment dire, plus agréable qu'il en avait l'air dans la pénombre. Je secouais la tête afin de m'enlever ces idées, et surtout pour arrêter de le mater.
Une fois arrivé dans ma chambre, je lui indiquais la salle de bains, avant d'appeler Yeonjun pour qu'il me donne des habits adaptés. Je dus attendre bien vingt minutes avant qu'il ne sorte enfin. Je me sentis très gêné quand je vis que seule une serviette autour de ses hanches le recouvrait, Yeonjun étant arrivé après. Je détournais le regard lui indiquant d'un geste les vêtements. Lorsqu'il retourna dans la salle de bains pour s'habiller, je me sentis très soulagé. Il avait beau être un dragon, un ennemi, ou je ne sais quoi d'autre, je devais avouer qu'il était à tomber par terre ; enfin pour ma part. Et ça y est, je me remets à penser bizarrement ! Vite, quelque chose n'importe quoi, afin de me redonner raison. Ah mon coussin, parfait ! Je le saisis, enfouie ma tête à l'intérieur avant de faire des mouvements de gauche à droite, ne remarquant même pas mon invité.
- T'es pas un peu bizarre comme mec ? Me dit-il avec un air étonné.
- Je ne suis pas bizarre ! M'écriais-je vexé, et surtout gêné.
- Mouais, si on veut. En tout cas merci pour la douche et ne crois pas que je te fasse confiance pour si peu ! On fait quoi maintenant ?
Blaser. Il passe du coq à l'âne en un rien de temps et il me met dans la même phrase : merci et je te hais presque. Et après, c'est moi qui suis bizarre ? Je rêve.
- La suite ? Elle est simple, vu qu'il est midi, je t'amène manger chez une amie qui tient un super bar-restaurant.
Ni une, ni deux, je le saisis par le poignet l'entraînant avec moi avant de le lâcher. Je lui demandais de bien me suivre et de ne surtout pas tenter quoi que ce soit s'il tenait à la vie. Bizarrement, il ne me fit aucune remarque me suivant gentiment. Méfiante de ce manque de réaction, lui qui semblait si moqueur, je me rapprochais de lui afin de mieux le surveiller. Je le vis alors regarder de manière très attentive la décoration des murs. Je soupçonnais fort qu'il cherchait à savoir si quelqu'un d'autre était là ou si on nous surveillait, plutôt que de regarder la décoration dans ses moindres détails, doutant fort que ce soit son truc.
Je continuais de le surveiller, tout en m'enfonçant dans les couloirs du palais. Une fois qu'on fut arrivé à proximité, je dus me rendre à l'évidence, on allait être obligé de passer par la cour extérieure. Moi qui voulais éviter qu'il sorte de l'enceinte d'un bâtiment aujourd'hui, c'était raté.
- Le restaurant se trouve en face, mais il va falloir qu'on traverse la cour pour y aller. L'informais-je.
- Et ? Il est où le problème, tu sais, je suis pas un vampire, je vais pas fondre au soleil.
Tiens, ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas foutu de ma poire. Excédé par son manque de jugeote, je me mettais face à lui afin de bien lui expliquer la situation.
- Non sans blague, je croyais que si ! Non, mais t'es stupide ou quoi ? T'es un dragon alors même si tu fonds pas au soleil, tu risques de provoquer le même mouvement de panique qu'un vampire.
- Ah ce n'est que ça ? Écoute personnellement, je m'en fiche complètement de leur faire peur, et puis si t'es là c'est pour que tout se passe bien non !
- Bien sûr que oui, mais j'aurais aimé que pour ta première sortie, on évite d'affoler la population. Mais bon puisque tu t'en fiches, tu vas gentiment me suivre sans faire d'histoires. Autrement dit, pas de regard de tueur ou autre, et comme tu le dis si bien s'il faut je suis là. Et crois-moi, je n'hésiterais pas à te rappeler à l'ordre.
Je ne lui laissais pas le temps de me sortir une de ses fameuses piques, au quelles je réagissais au quart de tour, je devais l'avouer. Je sortis rapidement, et l'obligeai à garder un rythme soutenu. Hors de question qu'il s'amuse à observer l'extérieur. Les gens présents nous fixer tous, certains ne bougeaient pas, attendant sûrement de voir la suite, d'autres rentraient précipitamment chez eux.
Comme je lui avais indiqué Jungkook ne fit rien, il se contenta de me suivre, en même temps il n'avait pas le choix j'étais à côté de lui pour le pousser s'il ralentissait. Mais je pus quand même l'entendre marmonner un « c'est toujours pareil, de toute façon ». C'est là que je pris toute la mesure de ce qu'il m'avait dit la dernière fois. Plus que haïs ou autre ils faisaient peur aux gens, alors qu'ils ne les connaissaient même pas. Je me rendis compte pour la première fois de ma vie, que les dragons devaient vivre un enfer, de par leur nature ils étaient rejetés sans qu'on essaie de les comprendre. Cette constatation fut comme un choc pour moi. Et une insidieuse question apparut dans mon esprit: comment peut-on rejeter quelqu'un qu'on ne connaît même pas ? Est-ce que tout serait différent si on n'avait pas peur de la différence des autres ?
Car oui, c'était cela en fait plus qu'une question de meurtre ou quoi, c'était leur différence si flagrante qui avait causé la guerre d'aujourd'hui. Bien sûr je n'avais aucune preuve de ce que j'avançais, mais dans mon fort intérieur j'en fus convaincu.
Troubler par mon constat, je fus prise non pas de pitié mais de remords et de tristesse, car moi aussi j'en avais eu peur, et pour cela j'étais allé me battre, alors qu'on fond ils cherchaient peut être juste à être compris. Mais désormais je n'avais plus peur et ce grâce à Jungkook, qui je le veuille ou non, était en train de changer toute ma conception des choses.
Prise d'un mouvement incontrôlable, je posais ma main sur son épaule une fois qu'on fut face à l'entrée du bar. Certainement surpris par mon geste, il se retourna vivement, et je vis qu'il serait prêt à se défendre malgré ses entraves magiques. Mais au lieu de reculer ou autre je resserrais ma prise, en lui souriant.
- Ne t'en fais pas, je suis sûr qu'ils s'habitueront à te voir, tout comme moi, je me suis habitué à te côtoyer.
Étonné par ce que je venais de lui dire, il resta quelques instants sans bouger, complètement hébété. Il ne reprit contenance que quand je lui demandais de me suivre à l'intérieur.
Pendant que Jungkook refermait la porte, je m'avançais vers la grande salle, quand le pire des scénarios se produit. Jimin, Namjoon, Jin et Kai étaient au bar en train de rigoler ouvertement avec Seulgi qui les servaient. Catastrophe. Pourquoi fallait-il qu'il soit là ? J'allais perdre le contrôle de la situation, ils allaient lui sauter dessus pour le tabasser ou pire encore. Fallait que je trouve un moyen et vite, sauf que trop tard.
- Hé Taehyung ! Ça faisait un bail que t'étais plus venu. Me fit Seulgi toute enjouée.
Je la maudis pendant la fraction de seconde où tous se retournaient vers moi pour m'observer. Si je voulais fuir avec Jungkook, c'était raté.
- Tae content de te revoir. On pourra peut-être parler de la dernière fois ?
Bah moi non enfin pas maintenant. Et quelle dernière fois ? Ah oui, c'est vrai que Jimin et moi, on était en froid. C'est moi ou j'oublie beaucoup de choses en ce moment ?
- D'ailleurs, tu fais quoi en tenue de combat ?
À évidemment Namjoon remarque toujours ce qu'il ne faut pas. Vite trouve un truc et va-t'en, vite.
- C'est-à-dire que...
- Alors c'est ça ton fameux restaurant ? Plutôt sympa.
jungkook, je te maudis ! Il venait d'apparaître à côté de moi et je me sentis mal, mais alors vraiment mal. Et je me sentis encore plus mal quand je vis quatre de nos guerriers se tendres en fixant Jungkook de manière pas très sympathique, on va dire. Et pour accentuer le tout, j'aperçus Jungkook retroussé les lèvres pour grogner si je puis dire. À la bonne heure, il avait reconnu ceux qui l'avaient amené ici. Je pouvais presque sentir ses muscles se tendre, prêt à sauter. D'ailleurs, c'est moi ou il fait plus chaud tout d'un coup ? Oh mon dieu fait que ce soit moi et pas le corps de Jungkook !
D'un coup, Jimin bondit de son siège, je le vis ouvrir sa main. Il allait charger. Reflex de guerrier, je me mis face à Jungkook faisant barrage avec mon corps. Jimin se figea et stoppa sa future attaque. Tous les cinq, oui, je prends Seulgi dans le lot, me fixait sans comprendre. Je venais de protéger un dragon et ça, ce n'était pas du tout habituel, le plus choqué sembler être Jimin, après tout un peu plus et c'est moi qui prenais. Kai allait parler, quand le rire grave et profond de Jungkook retenti dans la pièce. Refusant de quitter les autres du regard, je me contentais de l'observer du coin de l'œil. Mais ce qu'il fit me surprit plus que tout. Il posa sa tête contre la mienne, son souffle brûlant me donnant des frissons.
- Je confirme, t'es vraiment le mec le plus bizarre que j'ai vu de toute ma vie.
Alors là ! Guerrier ou pas devant rien à foutre, je me retournais d'un bond. Le fusillant du regard. Ça faisait la deuxième fois en même pas une heure qu'il me traitait de bizarre. J'allais le tuer moi-même.
- Je ne suis pas bizarre ! M'écriais-je.
- Vraiment ? Pourtant, tu viens de prendre la défense d'un dragon.
Ah cet air moqueur, je commençais à parfaitement le connaître. Il savait exactement pourquoi je venais de le défendre. Agacer, exaspérer je me tapais la tête avec ma main. Pourquoi avais-je accepté cette tâche sérieusement. Arrogant, moqueur, il fait tout pour me rendre dingue.
- Un jour, je te tuerai.
- Essai pour voir.
- Oh, mais c'est déjà tout vu.
Je me détournais de son regard vert et fis face à ceux qui venaient d'assister à certainement la scène la plus courante qui puisse exister entre nous. Car oui même quand il était en cellule, il trouvait toujours un moyen de se moquer de moi. Je le soupçonnais fort d'essayer de voir jusqu'où je pouvais aller. Sauf que je trouvais toujours à lui répondre et ça il détestait. En parlant de mes amis, ils semblaient ne plus quoi savoir penser de mon comportement face à Jungkook.
- Seulgi, tu peux nous faire deux spécialités du jour s'il te plaît ? Demandais-je pour rompre la tension présente dans l'atmosphère.
- Mais Tae...
- Ne t'en fais pas, mon père a donné son accord. Je lui souris pour la rassurer avant qu'elle ne parte.
- Son accord ? Intervient Kai.
- Oui Jungkook a droit à des sorties quotidiennes à partir d'aujourd'hui.
- Ton père... Commença Namjoon.- Tu l'appelles par son prénom ? S'écria soudain Jimin, qui semblait au bord de l'implosion.
- Oui et alors ?
- Mais Tae voyons, c'est un ennemi, c'est un danger public et toi, tu l'appelles par son prénom et tu plaisantes avec...
- Jimin, la ferme !
- Que !
- Si j'ai envie de l'appeler et de plaisanter avec j'ai le droit. Alors laisse nous tranquilles, laissez-nous manger tranquilles d'accord. C'est déjà assez dur d'avoir vous et lui dans la même pièce en train de vous regarder en chiens de faïence.
- Mais...
- Jimin, fais ce qu'elle te dit et tais-toi.
Je remerciais Kai d'un signe de tête avant de saisir la main de Jungkook l'entraînant à ma suite. Je ne sus pourquoi j'avais pris sa main. Mais la sensation de chaleur et de bien-être, que je ressentis, n'étaient pas normale. Pour la chaleur, je peux comprendre sa température corporelle est largement supérieure à la nôtre, mais le reste. Je fus presque déçu de le lâcher lorsque nous nous mîmes à une table, suffisamment éloignés des autres.
- Tu savais qu'ils serraient là ?
- Bien sûr que non. Sinon, je ne nous aurais pas amenés ici, je ne suis pas fou.
- Mouais...
- Jungkook écoute, je tiens à te garder en vie d'accord, alors jamais je t'emmènerais dans un endroit où tu seras en danger.
- Sauf que du moment que je reste dans cette cité, je suis en danger.
- Je me comprends. Et pardon pour Jimin, il est assez impulsif.
- Jimin, c'est le blond ?
- Oui. Celui avec les cheveux noirs, c'est Namjoon, Jin, c'est le brun et le rouge Kai.
- D'accord. Et ne t'excuses pas pour ce type, il est juste jaloux que tu sois proche d'un dragon.
- Qu'est-ce que tu me chantes ?
- Voyons ne me dit pas que t'as pas remarqué comment il te regarde. Toi, tu le considères peut-être comme un ami, mais crois-moi, il voudrait bien plus.
J'allais répondre quand Seulgi nous apporta nos plats. Je la remerciais avant qu'elle ne parte vivement, complètement apeurée par Jungkook.
- C'est toujours comme ça quand vous rencontrer des gens ?
- De quoi la peur ? Ouais toujours, ils ont même peur des enfants, c'est pour te dire.
- Même quand vous ne faites rien ?
- Écoute Taehyung, peu importe ce que l'on fait, où que l'on soit du moment que t'as des canines et des yeux de serpent, les gens ont peur de toi. C'est comme ça, notre différence effraie. On a abandonné depuis bien longtemps l'idée de se faire accepter un jour.
Le reste du repas se déroula dans un silence de plomb. Très régulièrement, je jetais des coups d'œil à la bande du bar. Et pendant tout notre repas, ils ne nous quittèrent pas des yeux. Je savais qu'ils étaient prêts à bondir en cas de problème, et je vis dans leurs yeux tout le dégoût que Jungkook leur inspirait. Je pouvais le comprendre après tout, il avait failli les tuer, mais il y avait autre chose, quelque chose qui tenait en sa nature même. Personne n'envisageait les dragons comme des personnes ayant des sentiments, tout le monde les voyaient comme des animaux sans foi ni loi. Pourtant, il en avait aussi non, Jungkook ne se comporterait pas comme il se comporte. Je savais très bien que je n'aurais aucune information sur leurs coutumes ou autres, ou du moins pas maintenant, mais j'étais persuadé qu'ils possédaient des mœurs, tout comme nous.
- Pourtant, moi, je t'accepte comme tu es. J'arrive même à t'apprécier, c'est pour dire, alors tu vois tout n'est pas perdu.
Le regard qu'il me lança, je ne pus m'en défaire. Le doré de ses yeux était devenu impénétrable. Sans le vouloir, je m'y perdis et j'aimais cette sensation, il y avait comme un semblant de connexion. Je savais qu'en restant comme ça, je brisais les règles que je m'étais données, mais sur le moment, je n'en avais rien à faire. C'est lui qui rompit le contact et de suite, je me sentis coupable envers les miens, envers mes amis assis plus loin. Mais je ne pouvais m'en empêcher, c'était plus fort que moi.
Furax envers moi-même, envers ce sentiment de torture incessant, nous quittâmes le restaurant. En passant devant mes amis, je dus me coller à Jungkook pour empêcher l'un d'entre eux de tenter quoi que ce soit. Lorsque nous passâmes à nouveau par la cour, tous les regards se braquaient à nouveau sur nous, sauf que cette fois, Jungkook prit plus de temps. Il regardait les bâtiments faits en voûte de pierre, la forme circulaire de la cour, le portique qui menait au centre de la cité. Il se stoppa devant celui-ci et le fixa, comme s'il s'imaginait qu'il pourrait s'enfuir en passant par là. Face à ce portique, à la lumière de l'après-midi en plein sur lui, une légère brise passant dans ses cheveux, je ne pus le trouver que beau. Je me fis d'ailleurs une raison peu importe ce qu'il était, je dus me faire une raison, à mes yeux, il resterait magnifique.
Je remarquais alors les habitants sortirent pour le fixer, l'un d'entre eux s'approchait de lui muni d'une fourche même. Rester à l'arrière lui laissant le temps d'observer, je me rapprochais vite de lui et lui saisis la main, l'entraînant rapidement vers l'intérieur, direction les cachots. Décidément, ça allait être plus compliqué que prévu de le faire sortir sans que sa vie soit mise en péril toutes les deux secondes. Bonjour le boulot mon vieux.
Fin du chapitre 3
OUH les sentiments arrivent !
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Prejudice
FanfictionUne guerre, aucun espoir de paix . Pourtant grâce à lui j'ai commencé à changer, et en changeant je l'ai aussi changé lui , ensemble nous avons changé le monde . Taekook Histoire originel de l'auteure Fairy-Anarchy sur Skyblog . Tout droit sur la...