CHAPITRE III

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JE PRIERAI POUR LE SALUT DE TON ÂME

— Qu’est-ce que c’est que cette chose ! dit-il,
apercevant sa silhouette dans le blizzard.

Le monstre se jeta sur Warren. Roulant sur lui à même le sol, il n’eut
aucun mal à l’esquiver. Après un geste acrobatique, il se leva précipitamment et bondit comme une sauterelle, d’un arbre à un autre, avant de tombé dans la neige et de prendre ses jambes à son cou.

Il ne savait pas de quel genre de monstre il avait affaire. Il prenais peu à peu conscience du pourquoi personne revenait vivant de
cette quête, seulement l’heure n’était plus à la réflexion, mais à la fuite.

Pendant  qu’il courait à travers  les arbres épais de la forêt et de grosses coulées de neige sans regarder
derrière lui, le monstre ne cessait de le suivre à la trace.

Comme il s’agitait dans tous les sens, la créature eut l’air perturbé un moment. Alors où il semblait lui échapper, il entendit
quelqu’un crier à l’aide dans les bois. Ne désirant l'abandonner à son juste sort, il s’arrêta derrière un tronc d'arbre, et guetta une occasion de se camoufler. Alors qu'il cherchait celui qui voulait qu'on le vienne en aide. Soudain il l’entendit par-dessus la tête. Warren éperdu, bascula lentement sa tête avec stupeur vers l’arrière, et porta un regard inquiet au-dessus de
l’arbre.

Voilà qui était surprenant, le monstre qu’il croyait avoir
semé, apparut soudain dans le blizzard, descendant lentement et
surement le tronc d’arbre qu’il s’était abrité.

— Je comprends mieux, dit-il. Celui qui voulait qu'on le vienne en aide ! Ces cris de tout à l'heure, ne venait pas d’un homme, mais de toi ! Ainsi est donc la façon dont tu fonctionnes. Tu tues et
t’appropries les cris de détresse de tes victimes, et tu t’en sers
pour piéger ceux qui veulent les venir en aide.

Lorsque le monstre s'approcha de lui, il poussa
ce même bruit singulier qu’il émit, pas plus tard il y a quelques
minutes : « Aide… moi ! ».

Warren sentit tant de tristesse et de mélancolie dans sa
voix, qu’il en perdit tous ses moyens. Pendant qu’il échangeait
un regard, sans qu'il ne se rende compte, le monstre l'entoura complètement. Dans un moment d’inattention, il le frappa si violemment
à la tête, qu’il en perdit connaissance.

Au lever du soleil, la tempête s'arrêta. Les nuages
se dissipèrent, et la chaleur réchauffait peu à peu l’atmosphère.
Warren couché au beau milieu de la route, se réveilla le
sentiment d’avoir dormis trop longtemps. À peine s’était-il
rendu compte qu’il s’était couché dans la neige, il se demanda,
peine à comprendre, ce qu’il pouvait bien faire là. Tout à coup,
il se souvint de la soirée qu’il passa à l’auberge des fées et après,
rien. C’était le noir total.

Tout se mêlait dans son esprit. Pendant qu’il
s’interrogeait… il sut au plus profond de lui que, quelque chose
n’allait pas. Il avait l’horrible sensation qu’une chose effroyable
s’était passée ; une chose qu’il aurait aimé ne pas se souvenir.
Mais il en valait de soi, car sa vie en dépendait. Allongé sur la
neige, Warren porta ses yeux vers le ciel, et tressaillit avant
d’entendre un bruit lointain qui troublait par moments le grand
silence de la forêt. Aussitôt, il s’assit. Ce bruit si singulier qu’il
entendait, semblait provenir derrière un arbre, mais il était
encore tout frêle pour oser aller y jeter un œil.

LE MARCHEUR DE L'OMBRE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant