Quatre mois après l'annonce de leur relation
La pression sans cesse grandissante du département des pouvoirs surnaturels força la mafia portuaire à rentrer les crocs : le serpent remplaçait son poison par un médicament destiné à guérir tous les maux de la ville.
Seulement les fameux maux, synonymes de la pègre, ne se laissaient pas guider vers le droit chemin et empruntaient des routes de plus en plus jonchées de cadavres.
Tous les quartiers malfamés mélangeaient cris, pleurs, incendies, vols et meurtres.
Les flammes mordaient les malheureux qui en furent les victimes. Le sang collait aux chaussures comme un chewing-gum jeté sur la chaussée. La peur flottait dans l'air, cotoyait la pollution et s'insinuait en ceux qui s'y aventuraient, par idiotie ou par courage.
Fukuzawa marchait dans ce climat infernal. D'ordinaire il n'aurait rien ressenti de particulier ou du moins pas ce vif sentiment qui le prenait à la gorge : la culpabilité. Ces gens n'avaient déjà rien et il leur retirait ce rien pour vivre confortablement blotti au creux de son amour.
Des détonations lui firent tourner la tête. Il eut juste le temps de voir une balle se loger dans la cage thoracique d'un enfant. Le sang gicla abondamment sous la puissance du coup et peignit le sol de sa teinte macabre. Le corps inanimé roula jusqu'aux pieds du loup et ses yeux vitreux paraissaient le blâmer.
Le gris plaqua sa main sur sa bouche. L'odeur écœurante du liquide bordeaux lui piqua le nez et lui donna des nausées vertigineuses. Pour la première fois de sa vie, il vida son estomac à la vue d'un mort et l'odeur nauséabonde qui s'en échappait.
Ses genoux rencontrèrent la flaque de sang dans laquelle trempèrent ses vêtements. Il passa délicatement ses mains sous l'enfant, comme s'il pouvait encore souffrir, et le ramena contre lui.
- Je suis désolé... sincèrement désolé... Tout est de ma faute... Je fermais les yeux sur le malheur que j'engendre... Mais c'est fini... Je ne fuirai plus... Je vais combattre les démons que j'ai créé... même si je dois tout abandonner pour cela...
Le lendemain
Le patron de l'agence attendait son amant dans son appartement, assis sur le canapé la tête baissée. Son cœur pendait mollement, accroché seulement à un fil, mais son regard scintillait d'une détermination inébranlable.
Le noiraud sut immédiatement la conversation qui l'attendait à peine eût-il franchi la porte. Tout son corps lui hurlait de faire demi-tour pour retourner se loger dans la douce chaleur du déni. Pourtant il fit claquer ses ralons contre le sol d'un pas qui se voulait assuré.
- Tu sais pourquoi je t'ai demandé de venir, n'est-ce pas Ōgai ?
Le gris releva la tête et planta son regard d'acier dans celui du parrain. Il faillit flancher et laisser sa détermination s'éteindre quand il lut les émotions de Mori à travers le miroir que reflétaient ses yeux.
- Je l'ai su à la seconde où j'ai passé cette porte. J'ai le sentiment d'avoir franchi un point de non retour.
- Nous aurions dû en deviner l'issue à l'instant même où nos lèvres se sont rencontrées.
- Es-tu réellement prêt à user de ta lame ? Je peux régler la situation seul.
- Nous l'avons engendrée ensemble. Je me dois de me tenir à tes côtés... une dernière fois...
Le médecin ferma les yeux et se détourna de lui, les mains liées dans le dos pour empêcher tout tremblement.
- Nous ne sommes pas faits pour nous tenir du même côté.
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Nostalgie ~Fukuzawa x Mori~
FanfictionCette fanfiction raconte l'histoire d'amour entre Fukuzawa et Mori tout au long de leur vie. Leurs places respectives les contraignent à se tenir du côté opposé. Comment leur amour pourra-t-il s'exprimer dans ces conditions ? J'avais commencé cett...