Elles s'étaient rencontrées une après-midi de mars. Lauryane s'étaient réfugiée dans un salon de thé un peu au hasard pour échapper à la pluie drue et tenter de finir d'écrire un paragraphe de son roman, qui lui donnait du fil à retordre.Gierda gérait ce petit salon de thé où elle s'était assise dans un coin, ses longs cheveux châtains lourds de gouttes de pluie. Il n'y avait pas foule. Mis à part la nouvelle venue, seul un vieil homme se tenait là, lisant son journal, une tasse de thé vert posée devant lui.
Gierda avait attendu que sa nouvelle cliente s'installe. Avec sa jupe aux couleurs chaudes, ses bottes de cow-boy, sa chemise, ainsi que sa veste et sa ceinture en daim, cette femme semblait avoir apporté le Far-west avec elle. Son petit salon lui avait semblé d'un coup plus chaleureux.
Lauryane avait fini par sortir de son sac marron à franges un cahier corné et grifoné de partout, ainsi qu'un stylo à bille presque dépourvu d'encre. Elle avait commandé un chaï latte épicé au lait végétal. En lui amenant sa boisson chaude, Gierda avait posé sur la table en bois un stylo neuf. Cela lui avait valu un sourire reconnaissant après un regard surpris.
Lauryane était revenue plusieurs fois, avait toujours commandé un chaï latte. Les bouches avaient fini par se délier, les soirées à s'éterniser, puis les lèvres à s'embrasser, naturellement, sans prise de tête.
Aujourd'hui, les cheveux de Gierda se soulevaient au grès de la vitesse. Elle s'était mis en tête de traverser la ville pour se rendre dans une librairie-papèterie assez renommée. L'idée lui était venue la veille au soir, offrir un stylo de bonne facture à Lauryane. Rechargeable, si possible, et à porté de prix.
Elle gara sa moto sur le petit parking devant la librairie. Une odeur de plats épicés s'élevait d'un restaurant proche. Elle en emplie ses narines avant de pousser la porte en verre. Elle se dirigea sans attendre devant la vitrine dans laquelle étaient exposés tout un tas de stylos. À plume, à bille, en bois, en métal, en plastique... Il fallait qu'il ressemble à Lauryane. À plume, en bois. Le prix était raisonnable, et puis, c'était un cadeau qui durerait longtemps, elle l'espérait.
Gierda régla son achat, remonta sur sa moto et mis le cap sur leur chez elles où sa petite-amie devait se demander où elle était passée. Le ciel avait des nuances de rose et d'orange. C'était beau, cela donnait envie de chanter, de s'asseoir autour d'un feu de camp et de manger des guimauves grillées au bout d'un bâton. Un de ces soirs, peut-être...
Elle tourna et entra dans la résidence où elles louaient un appartement. En passant le seuil de celui-ci, elle retrouva la chaleur et le réconfort qu'elle aimait tant. Un mélange de Far-west subtil, de bohème et de nature. Lauryane était là, assise à la table à manger, penchée sur son cahier.
Gierda enleva ses bottes et son blouson en cuir, posa son casque sur l'étagère en bois de l'entrée et, dans un mélange de timidité et d'excitation, s'approcha de son écrivain préféré. Elle déposa un baiser sur sa joue et la boîte gravée de lettres d'or sur la table. Lauryane leva sur elle un regard étonné. Elle déballa le stylo, et en voyant l'objet, ses yeux bleu perle s'illuminèrent.
- Je me suis dis que ça pouvait te servir.
Gierda était comme ça, maladroitement amoureuse.
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Fragments de vie
RomanceDeux mondes, quatre femmes, deux histoires d'amours. D.RASPIENGEAS