C'était un jour de début d'été, chaud mais encore agréable avant les fortes chaleurs qui arrivaient à grands pas. Dans l'orphelinat, les enfants se réveillaient doucement dans la seule chambre privée dotée d'une seule fenêtre. Saute hors du lit au sommier usé, une petite Akital attrape des vêtements et les enfile rapidement avant de sortir en trombe, courant dans les couloirs et les escaliers avec une joie débordante habituelle pour son âge. Elle évite ses camarades, recherchant une personne en particulier. Ses petits yeux regardent en contrebas de manière frénétique, n'hésitant pas à sauter pour atterrir sur ses pattes un étage plus bas. Elle continue sa course pour finir par sauter dans les bras de la sœur Mélia qui, surprise, tombe presque à la renverse, enroulant ses bras autour de la petite louve, sa queue s'agitant dans le vide.
-Tu es bien en forme de bon matin, bien trop pour mon âge, lance la dame en la reposant sur le sol.
La petite fille saute presque sur place, sa joie plus que communicative.
-C'est bientôt, dis-moi que c'est bientôt !, répète Akital de sa petite voix.
-Non, on vient vous chercher peu avant midi. Mais avant ça, va te laver et brosser ta fourrure. Je vais préparer tes vêtements quand j'aurai fini avec les autres, d'accord ?, répond l'adulte avec un sourire ému sur le visage.
Sa voix douce et calme remet les esprits de l'enfant en place, la calme d'elle-même, même si on peut encore voir la queue dans son dos se secouer de manière frénétique.
Plus tard, la petite louve se dépêche de prendre une douche rapide. Même si elle déteste ce moment de la journée, non pas que la douche en elle-même pose problème, mais plutôt le côté de l'énergie que ça lui demande. Elle doit prendre le temps de nettoyer sa fourrure en la faisant mousser. Toutefois, la sensation de lourdeur due à l'eau est une chose qu'elle n'aime pas, se dépêchant de se sécher. Désormais, le moment le plus éprouvant, le brossage, la partie où il n'y a aucun doute de sa réticence, se débandant avec sa fourrure avec l'infâme brosse qui, à chaque nœud, lui arrache une supplication. Durant de longues minutes, la petite louve se brosse, le plus long étant la queue. Mais à la fin, sa fourrure sombre et lisse est soyeuse, attrapant ses vêtements déposés par la doyenne.
Une belle robe blanche, propre et parfaitement ajustée à sa taille, s'arrêtait juste avant le dessus de sa patte, laissant toujours voir la partie pliée vers l'extérieur. Elle se regardait dans un miroir dont il manquait un bout sur le coin supérieur droit, osant même tourner sur elle-même et se regardant, se sentant rougir avec les oreilles sur son crâne qui bougeaient au rythme de son tour. Elle qui n'avait jamais été considérée comme mignonne ou "normale" allait enfin l'être, du moins c'était sa conviction.
Son impatience ne faisait qu'augmenter au fil des heures passées à attendre devant l'orphelinat avec les autres enfants du même âge. Au loin, une charrette tirée par une paire de chevaux arriva.
Arrivant devant le groupe, les chevaux de trait frappèrent le sol de leurs sabots, effrayant les enfants qui reculèrent de peur, se cachant derrière la dame. Un grand homme descendit, ses bottes de cuir frappant le sol. Son corps imposant avec une paire de bras musclés du travail de la terre et des champs. Une barbe fournie cachait une partie de son visage aux traits durs. Ses mains étaient couvertes de boue et de grains de blé. Ses grands yeux observaient le groupe d'enfants et il se mit à rigoler d'une voix qui fit sursauter les plus facilement impressionnables du groupe.
-Allez, tout le monde dans la charrette sinon on risque de rater le début de la fête des moissons qui va débuter, dit l'homme en faisant de grands gestes avec ses bras.
Les enfants se précipitèrent dedans avec joie et enthousiasme, sauf un qui resta caché derrière la dame. L'agriculteur fit le compte des passagers et remarqua qu'il en manquait un. Il se tourna vers elle et demanda de sa voix grave :
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Les Mots d'un monde
FantasyLes mots régissent absolument tout dans le monde : les courants des rivières et des mers, la vie, la mort, le lever et le coucher du soleil, ainsi que sa sœur lunaire. Toutefois, certains mots sont plus dangereux que d'autres, et l'un d'entre eux s'...