♤ Chapitre 1 ♤

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"Perfide, fatum, hodie fatum mihi servatum signavit. Descendo in barathrum, iungam te sator omnis in terris."

Ces deux phrases, se répétant en boucle, chaque soir de rituel. Ça m'est insupportable.
"En plusieurs siècles de vie, n'importe qui trouverait ça insupportable !" Me direz vous.
Pas quand vous vous sentez directement concernée par ce sermont.

"Perfide destin, ce jour scella le sort qui m'a été réservé. Je sombre dans l'abysse, m'en allant rejoindre le créateur de tout les maux sur terre."

Il serait préférable que je vous explique. 

Je fais parti du Clergé. Pour faire clair, c'est une sorte d'organisation Italienne qui vénère Satan.
J'y suis contre mon gré. A moins que subir des heures des pires tortures médiévales (par Asmodée, croyez moi qu'aucun d'entre vous ne veux savoir ce que c'est) soit une forme de consentance, je ne sais toujours pas pourquoi j'ai été choisi.


Je n'inspirais rien de très flatteur il y a quelques siècles.
Un pauvre mètre cinquante trois pour 34 valeureux kilos, un teint blafard, si bien qu'on aurait pû voir au travers de mon visage, les yeux injectés de sang, cela aurait fait fuir n'importe qui.
Même le plus laid et le plus pauvre des hommes de toute l'Angleterre médiévale n'aurait jamais voulu de moi comme femme.
J'ai été récupérée par le dit Clergé, à mes 13 ans, "l'âge mur" selon eux.
De toute façon, j'aurais été vendue par mes parents sur un marché, dans le meilleur des cas. 
Je vous passe les innombrables atrocités que mon petit corps, encore fébrile et sous nourri à cette époque, a subit.
Pas une seule partie du morceau de chair qui me sert d'enveloppe vivante, n'a été épargnée.
Ce dont je peux vous faire part, c'est que ce dit corps, que je trainais depuis ma naissance, lourd fardeau, avait été délibérément vendu au Mal en personne.
Celui qui autrefois, était à la table de Dieu, m'avait offert de sa vie, afin de propagander la sienne.
Ce jour-là, toute mes plaies, même les mortelles, s'envolèrent en fumée, laissant une peau lisse et intacte.

"Perfide, fatum, hodie fatum mihi servatum signavit. Descendo in barathrum, iungam te sator omnis in terris."

Cela fût la première fois que ces mots ont traversés mes oreilles.
Je n'avais aucune idée de quel langue il s'agissait.
Mon corps, presque entièrement dénudé, reposait sur la pierre froide du sol.
Mon sang, s'y trouvant auparavant, s'était évaporé.
Je me sentais plus forte. Mes muscles plus aptes à soutenir un poids correct pour mon âge.
Mon regard aura eut le malheur de croiser celui d'un de mes bourreaux.

"Regarde seulement quand on te l'autorise. Parle seulement quand Emeritus t'en donnera la permission.
Protège jusqu'à ta mort.
Et renaît."

Ce sont les seuls mots qu'ils m'auront prononcé.
Emeritus, c'est celui qui dirige le Clergé. Enfin pas toujours. Mais c'est compliqué à expliquer.
Tout le monde doit l'appeler "Papa".
En référence au Pape. Ce qu'il est en quelque sorte.
En fait, plus le temps passe, plus l'impression que le Clergé est une vulgaire parodie de l'église se fait forte.
Mais pour tout vous dire, mon rôle ne se limite pas qu'à le protéger.
Le vice caché, c'est que c'est n'importe qui de lié au Clergé.
Et si j'ose, Ôh par les cornes de Satan, leur faire quoi que ce soit de mal, je vous passe les détails mais je vais passer un sale quart d'heure, je peux vous l'assurer.

Jusqu'à aujourd'hui, autant vous l'avouer dès maintenant, mon espérance de vie n'a jamais dépassé les 26 ans.
J'ai toujours été tuée avant.
Car oui, dès lors qu'un Emeritus meurt, il m'est réservé le même sort.  De quelconque manière, je meurs. Et récemment, dès lors d'une succession d'Emeritus, le Clergé a décidé que je devais aussi mourir.
Mais quand je me retourne et que je vois comment les anciens Emeritus me traitaient, ça ne me donne aucune envie de revenir à cette époque. Et je ne trouve ça pas plus mal de mourir.
Mais comme on dit. On sait ce qu'on quitte, mais on ne sait pas ce qu'on récupère.

Lingua mortis (en cours d'abandon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant