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★ Playlist

No surprises - Radiohead



- Qu'est-ce que tu ne comprends pas quand je te demande de fermer ta grande gueule ?

Le son de sa voix fit frissonner mon corps entier. Avant qu'elle n'arrive à ma hauteur, je pris mes jambes à mon cou, galopant de l'allée du jardin vers la maison. Je ne veux pas savoir quel supplice, elle comptait m'infliger cette fois. Mon cœur tambourinait si fort dans ma poitrine que je regardais plusieurs fois par terre pour m'assurer qu'il ne soit pas tombé pendant ma course.

Il fallait que je réfléchisse plus vite et plus intelligemment que la dernière fois, car mes côtes me faisaient toujours autant souffrir. Je crois que de nouveaux coups pourraient bien me tuer. Je devais cesser de fuir une seconde, le temps de réfléchir.

Je ne veux pas mourir aujourd'hui, il faut que je sorte de ce cauchemar.
Je balayais des yeux le salon.
Pas l'armoire, elle m'a trouvée là la fois dernière.
C'est trop évident, je dois changer de planque.
Trouver un endroit où personne n'a encore cherché.

Réfléchis, réfléchis, réfléchis...

En entendant ses pas arriver approcher de la porte d'entrée, je me précipitai vers la cuisine. Le bruit sourd de la porte claquant résonna, suivi d'un long soupir.

- Voyons ma petite chérie ... Ne cherche pas à te cacher. Tu sais que ça m'agace de devoir te traquer dans toute la maison... J'ai horreur que tu me fasses perdre mon temps !

La maison, sitôt calme, tremblait maintenant sous ses cris.
Une grosse boule se forma dans ma gorge et je m'efforçais de l'avaler rapidement. Il fallait que mon corps et mon esprit tiennent encore, je ne pouvais pas flancher.
Pas maintenant.
J'essuyais la sueur perlée sur mon front.

Si seulement je pouvais me cacher derrière la porte, la laisser entrer et l'enfermer.

Peut-être qu'elle mourait dans cette pièce et que personne ne s'en rendra compte.
Je pourrai continuer ma vie et faire comme si de rien n'était.

Mais je chassais cette pensée de mon esprit, elle était bien plus forte que moi.

L'immédiat, c'était de sauver ma vie.

Mes yeux se posèrent sur le petit rangement du comptoir. Normalement destiné au pain, il était toujours vide. Je ne l'avais jamais vu ranger quelque chose dedans.
Peut-être que je pourrais m'y glisser, étant donné ma taille. Et peut-être qu'elle ne pensera pas à regarder ici.
Il faut l'espérer.

- Ma chérie, je commence à m'énerver ! Ni toi, ni moi aimons quand je suis en rogne ... Tu te souviens ? Tu peux te cacher n'importe où ! Ici, c'est ma maison ! Je trouverai bien où tu te caches !

Pour une fois, elle avait raison. Je la savais capable de retourner chaque pièce de fond en comble pour me retrouver et me punir. Je devais lui donner l'impression que je m'étais enfuie.
Je me dirigeai à pas de velours en direction de la fenêtre de la cuisine, espérant que ce foutu parquet ne craque pas sous mes pas.
Je tendis l'oreille et l'entendis frapper à la porte de l'armoire, comme prévu.

- Si tu es ici, tu es plus stupide que je ne le pensais.

Je profitais du bruit de l'armoire qui s'ouvrait pour entrouvrir la fenêtre de la cuisine sans me faire remarquer.

Non, je ne suis pas stupide. J'ai appris la survie à tes côtés.

Je me dépêchais de marcher rapidement dans l'autre sens pour rejoindre le comptoir. Je montai dessus et me glissai dans le rangement à pain. Je fus soulagée de rentrer parfaitement à l'intérieur. Je refermais délicatement la porte en voyant ses baskets arriver dans l'entrée de la cuisine.

- Tu ne peux qu'être ici. C'est logique.

Les yeux clos, je plaquais ma main devant ma bouche pour essayer de contenir ma respiration beaucoup trop bruyante.
Il fallait qu'elle croie à mon stratagème.

Elle ouvrit un tiroir et j'entendis un bruit strident du couteau glisser sur le comptoir en pierre.

Les larmes coulaient silencieusement sur mes joues.

- Où te caches-tu ma puce ? - demanda-t-elle d'une voix glaciale.

Je priais intérieurement que quelqu'un vienne me sauver.

Personne ne viendra, personne n'est jamais venu.
Je pouvais toujours espérer.

Je l'entendis ouvrir plusieurs placards, je ne respirai plus. Le seul bruit qui pouvait provenir de ma cachette était le vacarme que faisait mon cœur dans ma poitrine.

- Tu ne peux pas fuir, tu as nulle part où aller. - lança-t-elle avec une cruauté évidente.

Le pire scénario arriva, la petite porte de ma cachette s'ouvrit.

ARIANE [ EN COURS ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant