Insomnie

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Minuit. La cloche de l'église sonnait au loin. Les yeux encore ouverts, je fixais le plafond, mes cheveux noirs disposés en éventail autour de ma tête. Cela faisait bien deux heures que je fixais ce maudit plafond en attendant le sommeil, qui ne se décidait pas à venir. Dès que je fermais les yeux, des images de monstres aux longues griffes et aux gueules béantes s'imposaient à moi. Peu importaient mes efforts pour les chasser, ils revenaient toujours sous mes paupières, comme s'ils y étaient gravés.

Je m'orientais vers ma fenêtre et levais les bras, mettant mes mains devant mes yeux, faisant mine d'attraper la lune. Elle était particulièrement belle ce soir-là, pleine et très proche de la Terre. Elle avait une jolie teinte rosée, qui se reflétait sur ma peau blanche, tandis que j'agitais les doigts devant l'astre. Une heure. Le monologue du clocher retentit de nouveau. Je n'arrivais toujours pas à dormir, malgré mes efforts. Une insomnie, encore. La 3e cette semaine, et nous n'étions que jeudi. Je pensais, regardant mes mains, toujours tournées vers la lune. Je déplaçais ma main droite, à la recherche de mon paquet de cigarettes posé sur ma table de chevet. Ne les trouvant pas je décidais de me tourner vers la table. Elles étaient de nouveau tombées par terre.
Je les ramassais et partais ouvrir ma fenêtre afin de fumer sur le balcon. Il faisais bon, dehors, les lumières de la ville brillaient encore et, plus bas, des passants parlaient joyeusement,des bribes de rires et de voix remontant jusqu'à moi.

Mon appartement était au 3e étage, j'avais une vue imprenable sur la ville qui semblait à mes pieds. Les yeux dans le vague, j'expirais la fumée de mes poumons quand quelqu'un en bas m'appela:
-Nymphé ! Ouh Ouh Nymphé !
Je baissais les yeux, c'était une fille que j'avais rencontré 2-3 fois, je ne me rappelais plus de son prénom.
-Hey, répondis-je, tu fais quoi dans le coin à cette heure ?
-Je traîne, pourquoi tu es encore debout ?
-Insomnie, attends je met un pantalon et j'arrive !
Je rentrais dans ma chambre, écrasais mon mégot sur mon bras et prenais le premier jogging que je trouvais. Pendant que je l'enfilais, je cherchais du regard mes baskets. Après les avoir mises à leur tour, j'attrapais mon paquet de cigarettes et dévalais les escaliers. Une fois en bas, je pus regarder la fille plus en détail. Petite, rousse, les yeux marrons, elle était très jolie.
-On va où? Me demanda-t-elle.
-J'en sais rien, où tu veux. J'ai répondu.
-On va boire un coup ?
-Avec plaisir.

Et nous voilà en marche. Le bar n'était pas loin, 10 minutes à pied, 7 si on se dépêchais. On a mis 15 minutes. On a beaucoup parlé, elle m'a donné son prénom -Capucine- et en échange m'as pris une cigarette. Tandis que nous fumions, elle parlait, de tout et de rien, avec beaucoup de rires, et j'écoutais et riais avec elle.
Une fois au bar, Capucine à continué à parler, j'avais l'impression qu'elle croulais sous les pensées et n'avais besoin que d'une oreille attentive pour les déverser. Elle m'a parlé de son boulot, de sa sœur, de ses passions -elle adore la moto- et de tas d'autres choses encore. Au moment de rentrer, je lui ai proposé de venir chez moi, elle a dit oui. Le lendemain, elle est partie après le petit déjeuner, me laissant comme seul souvenir un dernier baiser. Je ne l'ai plus jamais revue. Ce fût une idylle d'un soir, d'une insomnie.

NymphéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant