I : Promesse

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Il pleut des cordes cet après midi là. Sur la petite placette du village, les commerçants se hâtent de ranger leur matériel et la clientèle du petit bar "L'Américain" se réfugie a l'intérieur pour prendre un bon café après le déjeuner.

Depuis la fenêtre de sa chambre, Anne-Sophy observe la scène. Elle, la pluie, elle l'adore. Bon, bien sur, pas autant que ses deux parents, Jeannot et Coline, ou encore que ses camarades de la petite école de Tac-sur-Vonne: Nathalie, Cyril, Anne-Claire ou encore Jacques-Eric. Mais elle a toujours aimé ce sentiment presque mélancolique qui l'envahit au regard des pleurs des nuages.

Une fois, elle se rappelle, elle et ses parents étaient partis dans le bois de Sattire, qui jouxtait le village. Cette forêt, Anne-Sophy pouvait s'y rendre tout les jours. Les arbres sont haut mais leur feuillage laissent apparaitre ces rais de lumière douce et tamisée, qui contribue a l'ambiance calme et paisible qui règne dans ce lieu. Au centre des bois, il y a un petit ruisseau, sûrement un des affluents mineurs de la Vonne, qui coule pas très loin d'ici. Un jour, après avoir fait un picnic dans une clairière, Anne-Sophy avait découvert ce mince court d'eau. Elle l'avait baptisé Le Ruisseau joyeux, ce qui concordait parfaitement avec les chuchotis de l'eau qui paraissaient à Anne-Sophy tels des murmures l'invitant a jouer. Cette eau claire était aussi un point d'eau pour les animaux de la forêt. Ainsi la petite fille avait déjà observé plusieurs oiseaux , écureuils ou encore lièvres qui y venait s'y désalterer. Le comble de son excitation avait été atteint a la vue d'un chevreuil et de son petit, lors d'un de ces matins ensoleillés printaniers.

Ce jour la, lors de la balade avec ses parents, les nuages étaient noirs dans le ciel et c'est lors de cette journée que la petite sentit pour la première fois l'odeur de l'orage. Mais si, vous savez, le pétrichor, cette odeur qui provient de l'humidité de la terre, et qui est si particulière ! Oh, comme Anne-Sophy l'aima, cette odeur ! Musquée et fraîche, elle lui apparaissait tel une sorte de refuge, l'odeur d'un endroit familier et protecteur que l'on reconnait toujours .

C'est en majeure partie grâce au pétrichor que la petite fille appréciait la pluie autant que le soleil.

Assise sur son lit, les yeux rivés sur ce spectacle qui peut paraitre monotone mais dont on ne se lasse jamais vraiment, en réalité, écoutant le doux bruit de la pluie frappant le carreau de sa fenêtre, Anne-Sophy fit une promesse. Un jour, quand elle serait prête, elle reviendrait ici, dans cette chambre qui l'avait vue naître. Pour écouter la pluie, sa fidèle amie d'enfance, l'entendre battre contre le carreau, sentir son odeur et se remémorer sa vie.

40 ans plus tard, assise sur ce banc face a la mer, alors que déjà au loin grondait le tonnerre, elle se dit qu'il était enfin temps d'honorer dignement ce serment.


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⏰ Dernière mise à jour : Mar 16, 2023 ⏰

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