Élucubrations

J'ai tout oublié

Crier contre des fantômes

Hurler à m'en déchirer la voix, à m'en ouvrir le bide, à m'en déballer les intestins sur le carrelage dégueulasse de mon esprit

Pleurer à noyer les terres

Fendre ma voix, déchausser mes dents, laisser pourrir mon corps pour enfin mériter ces saletés qui me flambent les nerfs

Pourquoi tout fait mal, pourquoi tout est sombre, pourquoi la nuit dure cent ans et se peuple de cauchemars qui plantent mon âme de couteaux rouillés ? Pourquoi la panique ronge mon cerveau chaque fois que je ferme les yeux, pourquoi plus rien ne calme le bruit dans mes oreilles ? Le bruit dans mes oreilles qui suintent, le bruit dans mes oreilles qui vibrent, le bruit dans mes oreilles qui pleurent ?

Trop de bruit, d'obscurité, de silence, de fantômes, de cris, de cauchemars, de panique

Trop de toi qui brûle mes poumons, mes reins, mon foi et encore mes poumons

Trop de toi partout alors que tu n'es nul part, que tu es le silence, que tu me refuse ta présence

Dégueuler les mots qui moisissent dans ma gorge pour oublier comme ça fait mal

Crier plus fort encore, jusqu'à ce que la nuit prenne peur.

J'ai tout oublié.

Je ne suis plus rien, parce que j'étais trop de tout et que j'ai éclaté

Je panique, je frappe mon clavier, de tout mon cœur

Je déverse ces mots sales sur une feuille trop propre, je déverse ces mots, boue du fond d'un lac, sur le sol brillant

Exposer la laideur de ce qu'il y a dedans, de ce qu'il y a au fond

Les poissons sont morts, plus rien ne nage et la boue est noire, noire comme mes intestins qui pourrissent sur le carrelage.