Adwin appréciait la vie en général. Il adorait l'homme, il révérait l'art, il vénérait les fleurs, il affectionnait les animaux, il idolâtrait les comédies romantiques, il raffolait des fruits et il abusait des sentiments.
Mais ce qu'il aimait par...
La première altercation qu'ils avaient eue n'était pas digne d'une comédie romantique, mais cela ne changea en rien ce que pensait Adwin du rouquin. Il le voulait définitivement, sans arrière-pensée. Il le voulait pour partager des souvenirs, pour profiter de l'été et pour goûter aux plaisirs de la vie. Adwin était songeur et idéaliste.
- À quoi est-ce que tu penses ? Demanda soudainement Nolann en lui donnant un coup de coude. Ah non. Laisse-moi deviner, Eloi ?
Son ami plaisantait ouvertement face à son comportement. Il était habitué à voir Adwin émaner dans ses pensées les plus profondes, mais d'après Nolann, tout cela durait depuis trop longtemps.
- Tu devrais essayer de lui parler.
Adwin sortit finalement de ses pensées avant de regarder le décoloré qui était désormais concentré par ce que disait le professeur d'histoire de l'art.
- Et pour lui dire quoi ? Demanda farouchement Adwin. - Je ne sais pas, moi. Ce qui te passe par la tête, mais mec, tu es Adwin Hall, tout le monde te kiff, pourquoi pas lui ? Je suis sûr que tu sauras quoi lui dire. Avait-il dit en lui faisant un clin d'œil.
Adwin haussa les épaules avant de se concentrer sur le cours sur l'art. Il adorait l'art. Il aimait déchiffrer les œuvres comme si elles étaient faites pour être détaillées jusqu'à la moindre goutte de peinture à l'huile. Il aimait aussi interpréter les choses à sa manière, comme il les ressentait au fond de lui.
- Les Amants est un tableau surréaliste peint par René Magritte en 1928. Qu'en dites-vous ? Demande le professeur en se tournant vers la classe entière. C'est une drôle de manière de représenter un couple s'embrassant. Quelles sont vos impressions sur cette peinture ?
La plupart des élèves se regardaient, l'histoire de l'art n'était pas aux goûts de beaucoup d'entre eux. Et Adwin avait tendance à prendre la parole plus qu'il n'en fallait dans ce cours. Il était toujours ravi à l'idée de partager ses pensées.
- Il n'y a que moi que ça choque ? Le fait qu'ils aient un putain de drap sur la gueule ? Demanda soudainement Eloi.
Adwin tourna son cou vers la droite pour apercevoir le rouquin qui avait les sourcils froncés. L'incompréhension se lisait clairement sur son visage et le brun ne pouvait s'empêcher de le détailler comme s'il était la huitième merveille du monde.
- Eloi, votre vocabulaire... Souffla l'enseignant. Mais je vous en prie, expliquez-vous. - Personnellement, si je dois embrasser quelqu'un, je veux sentir sa peau. Je veux sentir ses lèvres sur les miennes. C'est grâce au touché que les émotions se transmettent. - Et donc ? Rétorqua le professeur. - Et donc, ils ne s'embrassent pas, je dirais plutôt que le tableau veut nous montrer ce qui se passe lorsque deux personnes s'embrassent sans sentiment. Ils ne ressentent rien, comme ici. C'est comme si quelque chose se dressait entre eux. - Je ne suis pas d'accord.
Adwin avait pris la parole, malgré lui. Et il le regrettait déjà. A aucun moment il ne voulait brimer Eloi et il espérait que ça n'était pas le cas. Il lui lança tout de même un regard et leurs pupilles s'accrochèrent brusquement. Eloi ne regardait pas Adwin comme s'il voulait le liquider. Il attendait simplement qu'il approfondisse. Il était curieux d'entendre son point de vue.
- Adwin, on t'écoute. Ajouta l'enseignant. - Je pense au contraire que nous sommes capables de transmettre nos émotions sans pour autant avoir de contact physique. Avait-il dit avant de jeter un regard au garçon auburn. La beauté de ce tableau est que ce couple s'aime si ardemment que même si quelque chose se dresse entre eux, ils ne changent pas. Ils sont toujours aussi épris l'un de l'autre, sans même devoir se toucher.
Adwin avait jeté un dernier coup d'œil dans la direction du roux et il fut particulièrement perturbé de voir que celui-ci l'observait déjà. Ses yeux brillaient, il humectait ses lèvres toutes les deux secondes et sans vraiment l'attendre, Adwin se retrouva gratifié d'un sourire franc de la part de l'homme aux époustouflants yeux bleu.
Le tableau Les Amants pour que vous ayez l'image :
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