𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐

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Théa

Mon cœur s'emballe. Je rêve, c'est pas possible ! Il a dit oui ! Enfin, non, il a accepté, mais c'est pareil. Je pars aux Royaume-Unis cet été !

J'appelle une copine qui vit bien trop loin pour lui annoncer la bonne nouvelle.

— Jess, j'ai trouvé mes vacances !

Elle me pose mille et une questions, aussi enthousiaste que moi. Je serais bien parti avec elle mais elle vient d'avoir un bébé et les voyages, c'est pas conseillé. Malgré la distance, elle est la personne dont je suis la plus proche. Elle a toujours été là pour moi, la seule qui n'attend rien de moi. L'unique a me voir moi et pas ce que je peux lui apporter. Après avoir été trahie par celle que je pensais être ma meilleure amie, je refuse de réutiliser ce terme. Je ne veux pas que l'image de cette fille plane au-dessus de qui que ce soit d'autre, mais Jess est devenue celle qui pourrait occuper cette place.

— Oh comment je suis trop contente pour toi ma chérie ! s'extasie-t-elle au bout du fil.

— J'espère juste que je ne prend pas de risque à partir avec deux hommes, souligné-je toujours un peu inquiète.

— T'as pris des cours d'autodéfense pendant deux ans, Théa, t'es pas prête de te laisser prendre au dépourvu. Fonce, profite de ta vie !

Elle a raison, faut bien avouer que j'étais la meilleure du cours. Déterminée à ne plus avoir peur quand je me retrouvais seule dans la rue, j'ai donné tout ce que j'avais pour devenir une arme.

Derrière mon amie, j'entends sa fille pleurer. Elle raccroche en me félicitant une dernière fois. J'ai hâte de pouvoir voir sa princesse en vrai. Elle a vu le jour le mois dernier mais je n'ai pas encore eu l'occasion d'aller à Lyon pour faire la rencontre de cette petite bouille d'amour.

Je me mets sur mon ordinateur et commence à taper un mail pour mes clientes. Étant à mon compte, c'est à moi de les prévenir de mon absence, surtout aussi longue. Je risque d'en perdre certaines, celles qui font leur coloration tous les mois. Elles seront contraintes d'aller chez une consoeur et j'ai bien peur qu'elles ne reviennent pas après ça mais tant pis. Comme m'a dit Jess : on a qu'une vie !

Je me relis, vérifie les dates, m'assure que tout mon carnet clients est bien présent et clique sur envoyer. C'est officiel, cet été, je ne suis pas là !

Le lendemain matin, je me gare devant chez ma première cliente. J'ai a peine passé le portail, qu'elle ouvre sa porte. Sans préambule, elle me demande des comptes sur le mail que j'ai envoyé la veille.

— Je pars en vacances madame Cloar.

— Mais je vais faire comment, moi, sans vous ma petite Théa ?

— Je peux vous donner le numéro de collègues très douées qui sauront faire aussi bien que moi en mon absence.

— Mais je n'veux pas de quelqu'un d'autre moi, se désole-t-elle.

Cette vieille dame est tout bonnement adorable ! Je lui raconte donc ce qui m'attend, le voyage que je vais faire, le lui montre des photos de l'Angleterre, de l'Écosse, du Pays de Galle et de l'Irlande du Nord. Elle les regarde avec beaucoup d'attention et d'admiration.

— Vous avez bien raison ma petite Théa, profitez de votre jeunesse ! Ce sont de magnifiques paysages, ce serait tellement dommage que vous passiez à côté d'une expérience aussi exceptionnelle !

Le reste de ma journée se déroule plus ou moins sur le même schéma. Certaines clientes sont ravies pour moi, d'autres sont contrariées jusqu'à ce que je leur montre des photos. Dans l'ensemble, elles sont toutes compréhensives. Plus les jours passent, plus mon angoisse se dissipe. Chacune des femmes que je coiffe m'apporte une réaction positive, me promettant d'être là à mon retour.

Je me renseigne sur le prix des billets de trains, de l'essence, des péages, des bus et des avions. Il faut se rendre à l'évidence, je vais voler jusqu'à Londres et rejoindrais les garçons à la sortie du tunnel sous la manche.

J'ai échangé avec Adam, qui m'a parlé de son fameux frère : Jonas. Il m'a décrit son camping-car et depuis je suis plongée dans une euphorie intense. C'est un truc de luxe son véhicule. Je ne m'attendais pas à voyager comme une princesse et là, je vais me prendre pour Madonna dans son bus tour !

Dès que j'ai du temps libre, je me renseigne sur les villes à voir, les vues à ne pas louper. Je m'achète tout l'indispensable de voyage que je n'ai pas encore pour éviter d'encombrer les placards avec de grosses bouteilles. Adam m'informe que nous nous déplacerons également en moto, je lâche donc un sacré billet dans une tenue qui assurera un minimum ma survie en cas d'accident.

Le jour J, je suis prête. Il ne me manque absolument rien. J'ai vérifié au moins quinze fois mes bagages cette dernière semaine, refusant de porter des vêtements qui me serviront durant le voyage. Heureusement que je vie encore chez mon père, je m'épargne un loyer payé dans le vide pendant trois mois et je peux laisser mes affaires sans crainte qu'un coloc' ne vienne fouiner dedans.

— Papa, c'est l'heure ! crié-je à travers la maison.

Je le vois apparaître dans l'embrasure de la porte de la cuisine. Son air soucieux ne le quitte pas depuis que je lui ai annoncé mon projet, même s'il me soutient. Il a l'habitude de mes expéditions et arbore toujours cette mine avant mon départ.

— Il est encore temps d'annuler ma puce, me rappelle-t-il pour la énième fois.

— Je sais, mais je ne compte pas le faire 'pa.

— Je n'en doute pas, mais je tente quand même...

J'attrape ma valise, jette mon sac à main sur l'épaule et m'empare de ma vanity. C'est parti !

Je monte dans le SUV de mon paternel après avoir mis mes bagages dans le coffre. Le trajet jusqu'à l'aéroport de Hyères n'est pas très long et se fait dans un silence confortable. Nous ne parlons presque jamais en voiture, depuis toujours. J'aime ce calme qui règne, n'entendre que l'asphalte qui défile sous nos roues, le moteur qui gronde au fil des kilomètres.

Il n'y a presque personne sur la route. Il est six heures du matin, le soleil pointe à peine son nez. Adam et Jonas doivent partir à peu près à la même heure que moi. J'arriverai juste après eux à l'aéroport, en espérant ne pas m'y perdre.

— Tu m'envoi un message avant de monter dans l'avion et un autre quand tu en sors ! me rappelle mon père.

— Promis 'pa !

Je sors de la voiture et fais le tour pour le prendre dans mes bras. Depuis ma naissance, il veille seul sur moi. Ma mère étant aux abonnés absents depuis qu'elle m'a mise au monde. Il a toujours été mon seul repère.

Du jour au lendemain, sans avertissement, il s'est retrouvé seul, le coeur brisé par la femme qu'il aimait de son être, avec trois enfants sur les bras. Visiblement, j'étais celle de trop. C'est après ma venu au monde qu'elle a décidé qu'être mère, c'était pas fait pour elle.

Après un dernier signe de la main, je m'éloigne et pénètre dans l'aéroport. Je balaye le grand espace des yeux et aperçois le comptoir d'enregistrement. Je reprends ma route et me prépare à passer les heures les plus longues de ma journée : l'attente.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 21, 2023 ⏰

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